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Découverte de nouveaux antiviraux qui bloquent la progression du virus de la grippe

Pr Martin Richter
Pr Martin Richter
Photo : Robert Dumont

Une équipe de chercheurs de Sherbrooke a découvert un nouvel antiviral qui cible l’hôte plutôt que les virus. L’antiviral pourrait permettre d’éviter la résistance des virus influenza (H1N1) aux médicaments. Martin Richter Ph. D., professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke (UdeS) et chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel (CRCELB) du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et ses collaborateurs ont pu arriver à cette découverte en identifiant, au préalable, une nouvelle fonction d’une enzyme nommée matriptase.

Les résultats de l’étude de Martin Richter démontrent qu’à l’aide d’outils biotechnologiques appelés ARN d’interférence, il est possible de supprimer la production de matriptase dans les cellules épithéliales bronchiques humaines. Ce sont ces cellules qui tapissent notre système respiratoire et qui sont la principale cible du virus de la grippe. Ainsi, l’absence de cette enzyme bloque significativement la réplication du virus H1N1. Les cellules deviennent donc davantage résistantes au virus de la grippe et peuvent le contrer plus facilement.

Pr Richter et ses collègues, Pr Éric Marsault, chimiste médicinal, et Pr Richard Leduc, biochimiste et pharmacologue, ont développé des molécules capables de bloquer l’activité de la matriptase, coupant ainsi la propagation du virus. L’équipe de recherche a déposé une demande de brevet international pour une nouvelle classe de molécules, ciblant la matriptase, comme nouveaux antiviraux contre l’influenza et présente ses résultats de recherche dans une récente publication du réputé Journal of Virology.

Propagation du virus

Pour que le virus de la grippe puisse se propager dans notre système respiratoire, il a besoin d’une clé d’entrée dans la cellule. Cette clé d’entrée se trouve à la surface du virus. Il s’agit d’une protéine qu’on appelle l’hémagglutinine. Pour que cette clé fonctionne, elle doit être taillée, permettant au virus d’envahir la cellule afin de se répliquer. Or dans son code génétique, le virus n’a pas les outils nécessaires pour tailler la clé par lui-même et doit donc se servir de l’hôte pour y arriver. Le virus utilise donc des enzymes de l’hôte pour assurer sa réplication. Celles-ci agissent comme un serrurier professionnel, capable de tailler l’hémagglutinine du virus, et d’activer la clé d’entrée. Ainsi, le virus prend le contrôle de la cellule et assure sa pleine réplication, favorisant la propagation de la maladie dans le système respiratoire.

Il n’existe en ce moment que deux types d’antiviraux approuvés pour le traitement du virus influenza (virus de la grippe) dont font partie le Tamiflu et le Relenza. Par contre, les multiples souches du virus de la grippe sont de plus en plus résistantes aux antiviraux. Presque toutes les souches H3N2 sont résistantes à l’un des deux types d’antiviraux, ainsi ces médicaments ne sont plus recommandés pour traiter l’influenza. D’autre part, plusieurs souches des virus H1N1, dont toutes celles qui ont circulé pendant la saison grippale 2007-2008, étaient résistantes au Tamiflu. La majorité des souches dérivées du virus H1N1, dérivées de la pandémie de 2009 et qui circulent encore aujourd’hui, demeurent sensibles mais plusieurs cas de résistance ont été dénombrés.

Les recherches de Pr Martin Richter ouvrent donc la voie au développement de nouveaux antiviraux basés sur une technologie en instance de brevet. La Société de commercialisation et de valorisation de l'Université de Sherbrooke (SOCPRA) est la détentrice de la propriété intellectuelle issue des résultats de cette recherche. Cette propriété est disponible pour un partenariat de commercialisation.