Aller au contenu

Recherches en biologie

La rivière Richelieu n'est pas une barrière naturelle pour la propagation de la rage chez le raton laveur

Les conclusions des biologistes de l'UdeS contribuent à orienter les interventions gouvernementales pour prévenir la rage du raton laveur.
Les conclusions des biologistes de l'UdeS contribuent à orienter les interventions gouvernementales pour prévenir la rage du raton laveur.
Photo : Héloïse Côté

Le premier cas de rage du raton laveur a été découvert en Montérégie, dans le sud du Québec, en 2006. Le gouvernement québécois a alors mis en place un plan de lutte contre cette souche de la rage. Mais une question demeurait : vu que tous les cas ont été trouvés du côté est, la rivière Richelieu servirait-elle de barrière naturelle?

À cet effet, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune et une équipe de biologistes de l'Université de Sherbrooke ont développé une collaboration. Un projet de recherche sur les ratons laveurs a ainsi été mis sur pied en vue d'acquérir des connaissances de base sur l'écologie comportementale et spatiale de l'animal. Ces informations permettront notamment de cibler les habitats préférentiels de cette espèce lors des épandages d'appâts vaccinaux et ainsi de mieux orienter les interventions gouvernementales de contrôle de cette maladie.

Mesure des mouvements potentiels

«Nous avons collaboré à ce projet en cherchant à amener des connaissances biologiques sur les ratons laveurs dans le sud du Québec, étant donné que tous les cas de rage avaient été trouvés du côté est de la rivière Richelieu. On pouvait alors émettre l'hypothèse que la rivière pouvait limiter le mouvement des animaux et conséquemment maintenir la maladie d'un seul côté de la rivière», explique Fanie Pelletier, professeure au Département de biologie de la Faculté des sciences.

Pour valider cette hypothèse, elle et ses collaborateurs, formés des étudiantes Héloïse Côté et Karine Robert ainsi que du professeur Dany Garant, de l'UdeS, ont travaillé avec Julien Mainguy, du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, pour déterminer le nombre de populations de ratons laveurs présent sur le territoire ciblé.

Selon l'étude publiée par cette équipe dans le numéro courant de Evolutionary Applications, l'analyse des marqueurs moléculaires (microsatellites) a été privilégiée. Cette technique permet de mesurer l'échange de gènes entre différentes populations apparentées et d'établir ainsi les mouvements potentiels.

Photo : Héloïse Côté

Pour ce faire, les biologistes ont pu bénéficier du système de prise d'échantillons déjà en place au Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (CQSAS). L'objectif premier du CQSAS est de maintenir un programme de surveillance des maladies présentes dans le cheptel faunique québécois et de favoriser l'acquisition de connaissances en pathologie et santé de la faune.

Ainsi, grâce aux échantillons de cadavres de ratons laveurs transmis par le Centre québécois sur la santé des animaux sauvages, les chercheuses et chercheurs ont pu vérifier si les animaux présentaient davantage de similitudes génétiques à l'est par rapport à ceux de l'autre côté de la rivière.

Épandages de vaccins indispensables

Cette carte génétique a permis de tirer des conclusions sur les mouvements et la reproduction : «Selon nos analyses, il semble y avoir un seul niveau de groupement génétique chez les ratons laveurs dans le sud du Québec. La rivière n'aurait alors aucun effet sur leurs mouvements», précise le chercheur Dany Garant.

Cette conclusion est considérable, car elle orientera les interventions gouvernementales de lutte contre la rage du raton laveur. Le gouvernement du Québec exécute déjà un grand nombre d'opérations de surveillance et de prévention pour contrôler la propagation de la maladie en épandant des vaccins chaque année.

«Cette étude visait à valider les méthodes d'intervention. Comme les résultats confirment que la rivière ne sert pas de barrière naturelle, il devient très important pour le ministère des Ressources naturelles et de la Faune de continuer ses efforts de prévention par une couverture vaccinale étendue», conclut la professeure Pelletier.

En dernière analyse, y a-t-il lieu de croire que le patron de mouvements des ratons laveurs se produit de la même façon chez les mouffettes, visées également par le plan de lutte contre la rage? C'est ce que l'équipe de l'UdeS souhaite maintenant vérifier afin de déterminer les zones les plus probables où la maladie pourrait se trouver à moyen terme si les opérations de contrôle n'étaient pas assez efficaces.


Informations complémentaires