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Recherche d'un doctorant en gérontologie

Bouger pour un sommeil plus réparateur

La professeure Dominique Lorrain et le doctorant Michel Mélançon
La professeure Dominique Lorrain et le doctorant Michel Mélançon
Photo : Centre de recherche sur le vieillissement

Il est généralement admis que la qualité du sommeil diminue en vieillissant. La phase la plus réparatrice d'une nuit, le sommeil profond lent, voit sa durée diminuer considérablement avec l'âge. Or, une étude menée par des chercheurs de l'UdeS montre qu'il est possible de freiner ce phénomène par l'activité physique, offrant ainsi une solution de rechange à la médication. L'étude a été menée par Michel Mélançon, doctorant en gérontologie, sous la direction conjointe des professeures Dominique Lorrain et Isabelle Dionne. L'équipe multidisciplinaire du Centre de recherche sur le vieillissement (CDRV) présentera ces travaux à l'occasion du 4e Congrès international de l'Association mondiale de médecine du sommeil (World Association of Sleep Medicine), du 10 au 14 septembre, à Québec.

Les cycles du sommeil

Une nuit de sommeil est constituée de quatre ou cinq cycles de 90 minutes dans lesquels se répètent une série de phases successives. Parmi ces phases, on retrouve celle du sommeil paradoxal, au cours de laquelle ont lieu la plupart des rêves, ainsi que celle du sommeil lent profond, réputée propice à refaire ses forces physiques. Chez les enfants, cette phase constitue environ 20 % de la nuit. Toutefois, elle ne représente plus que 5 % – voire moins – de la nuit d'une personne âgée.

Ce phénomène vient fragiliser le sommeil des aînés, entraînant plus de réveils nocturnes avec le défi de devoir se rendormir et ce parfois à plusieurs reprises durant la nuit. D'ailleurs, dans le cadre d'une autre recherche codirigée par la professeure Dominique Lorrain – l'étude sur la santé des aînés – près de la moitié des répondants rapportaient des symptômes d'insomnie en quantité suffisante pour être considérée comme problématique.

Solution de rechange aux médicaments

Une des façons habituelles de lutter contre la baisse de qualité du sommeil est l'usage de médicaments. Dans le cadre de son doctorat, Michel Mélançon a voulu voir s'il était possible d'intervenir sur la quantité de sommeil lent profond, et plus largement sur la qualité globale du sommeil nocturne des aînés, par un programme d'exercices physiques.

Il a mené ses travaux sous la direction conjointe de Dominique Lorrain, professeure au Département de psychologie spécialisée dans l'étude du sommeil, et d'Isabelle Dionne, professeure à la Faculté d'éducation physique et sportive, qui étudie de près l'influence de l'exercice physique sur plusieurs aspects du vieillissement.

Au cours de sa recherche, le chercheur a soumis une vingtaine de participants, des hommes âgés entre 55 et 70 ans et en bonne santé, à un programme d'entraînement relativement intensif pour accroître leur endurance. Pendant quatre mois, ils ont fait des séances de 45 minutes de marche rapide, trois fois par semaine, sur un tapis roulant incliné. Ces séances d'exercices étaient supervisées pour s'assurer que les participants produisent un réel effort de façon sécuritaire. Avant et après leur programme d'entraînement, ces participants ont aussi passé quelques nuits au Laboratoire de vigilance, pour analyser leurs cycles de sommeil après une journée au repos, ainsi qu'après une journée d'exercices physiques intenses de 60 minutes.

«Cette recherche a produit un résultat intéressant. De façon générale, les personnes ont rapporté mieux dormir après les quatre mois d'exercices qu'avant», indique Michel Mélançon.

Plus de sommeil lent profond

Sans être très nette, la différence se vérifie effectivement par une série de mesures prises au cours des nuits - par exemple, les temps de réveil au cours de la nuit ont diminué d'un quart. Mais surtout, au terme des quatre mois d'exercices, la durée du sommeil lent profond a augmenté de façon appréciable dans la nuit après un exercice intense, suggérant que chez les hommes âgés entraînés, le sommeil est plus récupérateur dans la nuit qui suit la pratique d'efforts intenses.

«Les bienfaits de l'activité physique sur la qualité subjective du sommeil sont déjà connus, mais cette étude est une des premières à démontrer qu'avec un programme d'exercices bien conçu, on peut réussir à faire bouger le sommeil lent profond chez des hommes âgés», dit Dominique Lorrain.

Effets sur l'humeur

Cette recherche suggère aussi que l'exercice physique intense augmenterait la synthèse de la sérotonine transmise au cerveau, une substance qui intervient dans la transmission nerveuse cérébrale. On sait de longue date que la sérotonine intervient dans la qualité du sommeil. Elle joue aussi un rôle important au niveau du bien-être psychologique et de l'humeur. C'est un autre signe que l'exercice intense influence la qualité du sommeil.

Il semble donc exister des liens entre l'endurance physique, l'exercice physique intense et un sommeil de qualité. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles tant d'hommes d'un certain âge continuent d'avoir du plaisir à faire du sport ou à couper des cordes de bois, saison après saison…

(Avec la collaboration du Centre de recherche sur le vieillissement)


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