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Étude menée à Sherbrooke

La qualité de l’air des logements étudiants sous la loupe

Lors du choix d’un logement, il faut porter attention à  l'aération et aux signes d'infiltrations d'eau.
Lors du choix d’un logement, il faut porter attention à  l'aération et aux signes d'infiltrations d'eau.
Photo : Michel Caron - UdeS

Une étude réalisée par des chercheurs de la Faculté de médecine et des sciences de la santé et de la Direction de la santé publique de l’Estrie met en relief l’importance pour les étudiants de prévenir l’apparition de problèmes de santé liés à la qualité de l’air dans leur logement.

Cette recherche menée auprès des étudiants de l’Université de Sherbrooke montre que plus d’un étudiant sur trois vivent dans des logements pouvant les exposer à des moisissures ou à de l’humidité excessive. Les travaux soulignent l’importance pour les étudiants de connaître les signes d’insalubrité, les risques pour leur santé d’être exposés et les actions qu’ils peuvent entreprendre pour limiter leur risque d’exposition. Dr Mathieu Lanthier-Veilleux, médecin résident en Santé publique et en médecine préventive, est l’auteur principal de l’étude réalisée à partir d’une enquête auprès de 2097 répondants. Les professeures au Département des sciences de la santé communautaires, Dre Melissa Généreux et Dre Geneviève Baron, en sont les co-auteures.

«Nos résultats sont comparables à ce qui est retrouvé dans d'autres études», indique d’entrée de jeu Mathieu Lanthier-Veilleux qui cite notamment une étude parue en 2011, menée au sein de la population montréalaise. «Plus du tiers des logements présentent une problématique d'humidité excessive ou de moisissures. Cette exposition n'est pas sans risque pour la santé, elle est notamment associée à des problèmes de santé respiratoires comme l'asthme et la rhinite allergique. Sans être surprenants, ces résultats montrent que cette exposition est fréquente et qu'il est important que chaque citoyen – incluant les étudiants – soit informé de cette problématique.»

Les auteurs de l’étude ont pu observer que les symptômes d’asthme et de rhinite allergique étaient non seulement plus fréquents, mais aussi plus incommodants et moins bien contrôlés chez les étudiants exposés que ceux non exposés à l’humidité et aux moisissures. Les répondants exposés ont même plus souvent déclaré avoir subi une baisse de leur performance scolaire en lien avec leur état de santé, comparativement aux autres répondants.

Avant de signer un bail

Le médecin résident suggère aux étudiants de tenir compte de certains indices pouvant influer sur la qualité de l’air dès la recherche d’un logement. L'étude montre que certains logements sont plus à risque, notamment dans l’arrondissement du Mont-Bellevue, dont le parc locatif est plus âgé. La problématique touche davantage les bâtiments construits avant 1980, ceux qui sont mal entretenus, les logements locatifs dont le propriétaire n'habite pas l'immeuble, ainsi que les bâtiments avec une ventilation déficiente (sans aspiration pour la cuisinière, sans système de ventilation centrale, sans ventilation auxiliaire pour les salles de bain). «Nos résultats laissent supposer qu'en faisant attention à de tels facteurs lors de la recherche d'un logement, il est possible de diminuer la probabilité d'être exposé à des problèmes de qualité de l’air», mentionne-t-il.

Lors du choix d’un logement, on peut tenter d'évaluer l'aération (naturelle et mécanique) et tenter d'identifier des signes d'infiltrations récentes ou de dégât d'eau. «Dans la mesure du possible, choisissez un logement bien entretenu, digne d'un propriétaire qui saura aussi réparer les dégâts d'eau rapidement», suggère le chercheur.

Prévenir et guérir

Les étudiants qui vivent des problèmes de santé respiratoire plus fréquents ou intenses à leur domicile, ou encore ceux qui constatent que certains problèmes affectent également leurs colocataires, ont tout intérêt à consulter un médecin. Il faudra également évaluer et corriger la situation à la source. Pour ce faire, un processus par étapes doit être réalisé. «La prévention est souvent la clé: l'entretien du logement est autant la responsabilité du locataire que du propriétaire. Si un dégât d'eau survient, peu importe le responsable, il faut le régler le plus rapidement possible, notamment par un nettoyage, le retrait des matériaux contaminés et le séchage. En cas de problématique d'humidité excessive de moisissures, il est fortement recommandé de faire affaire avec un professionnel qualifié. Il faut éviter de nettoyer les moisissures avec de l'eau javel qui peut être un irritant respiratoire supplémentaire.»

Les locataires ont également des recours à leur disposition : il leur faut d'abord aviser leur propriétaire verbalement, puis par écrit. Selon les situations, et si les démarches entreprises ne s’avèrent pas concluantes, d’autres démarches peuvent être entreprises. Par exemple, une demande d’inspection du bâtiment peut être déposée à la municipalité, et ultimement, la régie du logement peut intervenir pour interrompre un bail pour cause d’insalubrité.

Selon Mathieu Lanthier-Veilleux, la Direction de santé publique de l’Estrie, de concert avec les partenaires concernés, prévoit des initiatives pour clarifier et faciliter l'accès aux outils offerts aux étudiants et autres citoyens aux prises avec de tels problèmes.


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