La science a-t-elle un sexe?
La journée
Les filles et les sciences : un duo électrisant
a permis à près d'une centaine de jeunes filles de la région de s'initier au
monde fascinant des sciences et du génie
ROXANNE MERCIER
Le 10 février, on pouvait assister à une scène peu commune à l'Université
de Sherbrooke : 75 jeunes adolescentes réunies sur le campus pour vivre au
rythme… des sciences! De la création d'un parfum à la fabrication d'un
prototype d'avion, les participantes à la journée
Les filles et les sciences : un duo électrisant ont pu
expérimenter concrètement diverses disciplines scientifiques. Une journée de
filles dans un monde encore très masculin.
Provenant des quatre coins de l'Estrie, les jeunes filles de 2e et de
3e secondaire ont semblé bien emballées par leur journée. «Je ne pensais pas
que faire de la crème glacée était aussi amusant!» s'exclame Laurie Savage,
13 ans, en dégustant son dessert glacé créé lors d'un atelier du Département
de génie chimique. Et c'est justement le genre de réaction que les
organisatrices de l'événement veulent générer puisque ces adolescentes sont
à un moment déterminant dans leur cheminement scolaire. En effet, les élèves
de 4e secondaire doivent décider pour l'année suivante si elles prennent le
bloc science ou bien si elles demeurent dans le programme régulier.
Pour amener les filles à redécouvrir les sciences, les organisatrices ont
planifié une journée stimulante avec une douzaine d'ateliers interactifs,
une visite des stands où les filles peuvent «magasiner» leur avenir, une
rencontre avec des femmes scientifiques inspirantes et la possibilité de
gagner un voyage à la Baie-James offert par Hydro-Québec.
Selon Virginie Charrette, professeure au Département de mathématiques et
organisatrice d'un atelier pour la journée : «Cet événement va chercher un
profil de jeunes filles qui ne sont pas
a priori portées vers les sciences, mais qui, avec un peu
d'encouragements et d'exemples féminins, ont tout le potentiel pour devenir
des scientifiques.»
Même si les femmes ont littéralement envahi les universités depuis les
dernières décennies, elles se dirigent très peu vers les sciences. Fait
surprenant : depuis 1996 au niveau collégial, on remarque une égalité entre
le nombre de femmes et d'hommes inscrits en sciences. Mais une fois arrivées
à l'université, les femmes ne se dirigent pas dans les mêmes disciplines
scientifiques que leurs collègues masculins. Selon les données de la chaire
de recherche CRNSG-Alcan pour les femmes en sciences et en génie au Québec,
en 2003, les femmes représentaient 32 % des nouveaux étudiants inscrits aux
baccalauréats en science et en génie. Les disciplines les moins fréquentées
par les femmes (où il y a un ratio inférieur à une fille pour trois hommes)
sont les sciences physiques, plusieurs programmes de génie, l'informatique
et la foresterie. Les sciences de la vie et les sciences de la santé
représentent les deux domaines scientifiques qui sont les plus prisés par
les étudiantes.
Ces statistiques appuient la nécessité de la tenue d'événements comme
Les filles et les
sciences. Déjà, à Montréal, où la journée existe depuis sept ans,
les retombées positives se font sentir. Plusieurs participantes des
premières éditions de l'événement sont maintenant à l'université et
poursuivent des études en sciences. Cette année, la journée s'est tenue
simultanément à Sherbrooke, à Montréal et à Rimouski. L'événement, qui en
est à sa première édition en Estrie, est une initiative de l'Université de
Sherbrooke, du Cégep de Sherbrooke et du Conseil du loisir scientifique de
l'Estrie.
Retour à la une |