Les numéros
de Liaison

6 juillet 2006 (no 20)
15 juin 2006 (no 19)
25 mai 2006 (no 18)
4 mai 2006 (no 17)
13 avril 2006 (no 16)
23 mars 2006 (no 15)
9 mars 2006 (no 14)
23 février 2006 (no 13)
9 février 2006 (no 12)
26 janvier 2006 (no 11)
12 janvier 2006 (no 10)
8 décembre 2005 (no 9)
24 novembre 2005 (no 8)
10 novembre 2005 (no 7)
27 octobre 2005 (no 6)
13 octobre 2005 (no 5)
29 septembre 2005 (no 4)
15 septembre 2005 (no 3)
1erseptembre 2005 (no 2)
18 août 2005 (no 1)

1993-1994 à 2004-2005

Les photos de l'année

Les photos 2004-2005

Calendrier des parutions 2006-2007

L'équipe des publications Liaison

Liaison-région
Liaison-recherche
Liaison-Longueuil
Liaison-médecine
Liaison-médias
Information sur Liaison
Pour nous joindre


 

 


 

Liaison, 4 mai 2006

 

 

 


Tout ça sur la même planète

En décembre dernier, Sébastien Labbé terminait son baccalauréat en mathématiques. Il vient d'effectuer un voyage qui l'a d'abord conduit au Mali dans le cadre d'un stage d'initiation à la coopération internationale avec le Carrefour de solidarité internationale (CSI) de Sherbrooke. À la suite de ce stage, Sébastien a visité le Kenya où il a vécu des moments inoubliables en fréquentant autant les lieux touristiques que les bidonvilles.

SÉBASTIEN LABBÉ

Déjà, mon séjour au Kenya se termine. Ici, j'ai séjourné chez des Québécois dans le nord de Nairobi. Je n'ai appris que quelques mots de la langue swahili, mais ça ne m'a pas empêché de faire plein d'activités captivantes et diversifiées et de rencontrer des Kényans par-ci par-là...

Eh oui, j'ai fait un safari dans le parc Amboseli juste au nord du mont Kilimandjaro. C'était nuageux, alors je n'ai vu le sommet enneigé de la grosse montagne que sur les cartes postales. La faune est exceptionnelle : c'est drôle d'écouter des hippopotames brouter. Quand ça pique, un éléphant se trouve un ami éléphant et ils se frottent l'un sur l'autre. J'ai vu des Alakazou courir. J'ai vu des lions avachis dans la savane à ne rien faire. Des gazelles. Des gnous. Des buffles. Des girafes (mais pas de girafe albinos…). C'est drôle à dire, mais en regardant tous ces animaux de mes propres yeux, je réalise que ce que je voyais a la télé, ça ne provenait pas d'une autre planète. La même planète. Une seule planète. La Terre.

J'ai fait un tour dans la Cliff Valley. Celle où l'être humain aurait été inventé. Dans cette vallée, j'ai grimpé deux cratères de volcans. Un petit avec un lac au centre, un gros avec une forêt au centre, 2700 m d'altitude au sommet. Une très belle vue du haut. Il parait même que les girafes sont capables d'y grimper.

La deuxième semaine, j'ai fait un court séjour a Malindi, sur la côte est africaine. Là ou Vasco de Gama avait installé sa croix il y a plus de 400 ans. C'était vraiment bon de marcher sur la plage de l'océan Indien. J'avais l'impression d'avoir atteint l'autre bout du monde. Sur un petit bateau de pêcheurs, je suis allé au large. Avec masque et tuba, j'ai nagé au-dessus des récifs de coraux et parmi les petits poissons de toutes les couleurs. Encore mieux qu'à la télé, car tu es plongé dedans!

À Malindi, il y avait 300 boutiques d'artisans, 300 vendeurs – ou plutôt vendeuses – pour un seul acheteur! La saison touristique venait de terminer. J'ai jasé avec plusieurs. L'une d'entre elles connaissait le Québec où elle a séjourné. Elle a un diplôme en finance, mais elle ne peut trouver d'emploi dans ce domaine, alors elle est devenue vendeuse. Je lui ai demandé pourquoi. Elle m'a expliqué que ceux qui dénichent un poste sont ceux qui ont un contact (souvent familial) au gouvernement sans nécessairement avoir les connaissances requises. Au Mali, on me racontait la même histoire. «Le contact compte plus que le diplôme.»

Puis, j'ai visité Kibera. Je savais que j'allais le regretter si je quittais Nairobi sans y aller. Kibera, c'est le deuxième plus gros bidonville de l'Afrique. On évalue le nombre d'habitants à un million... sur deux kilomètres carrés. Ici, on s'arrange comme on peut. On n'est pas propriétaire de son terrain alors les autorités peuvent détruire notre maison n'importe quand. Mais on les laisse tranquille. Mon guide me racontait que la solidarité est très forte entre les gens. On ne volera pas son voisin. Et malgré toute la misère, jamais on entend parler de quelqu'un qui se suicide. On lutte pour la survie. Alors, on ne peut pas abandonner.

J'ai marché sur la voie ferrée que l'on voit dans le film La constance du jardinier. À Bamako, c'était pauvre, mais pauvre égal. Pas de gratte-ciel. Des maisons plutôt semblables partout. Ici, c'est fou comme les inégalités sont frappantes. Au centre-ville de Nairobi, il y a des gratte-ciel. À 10 minutes, on trouve Kibera. Et à côté même de Kibera, on trouve une clôture derrière laquelle la pelouse chimique verte pousse allégrement.

Au bas mot, 50 % des habitants de Kibera ont le VIH/sida. Ça, c'est un vrai problème. J'y ai rencontré une travailleuse sociale. Elle m'a dit qu'elle s'occupe de 200 sidéens. Elle travaille dans le «domaine» depuis 20 ans... donc depuis les débuts du SIDA. Selon elle, la principale cause, c'est la pauvreté. Par exemple, sans la pauvreté, l'adolescente n'accepterait peut-être pas les 300 shillings pour la soirée...

Et quand les signes apparaissent, les médicaments sont bien sûr hors de prix. Quand ça s'aggrave, les chaises roulantes sont inutiles avec l'état des chemins. Alors, on reste à la maison... J'aurais aimé jaser avec un sidéen, mais le temps manquait.

Avec cette visite et aussi avec le livre Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche que je viens de lire, autrement dit, au cours de ce séjour en Afrique que je termine aujourd'hui, je me suis vraiment sensibilisé à cette maladie. C'est un peu comme les lions. Tout ça se passe sur la même planète.

Retour à la une

 

LIAISON est une
publication de
l'Université
de Sherbrooke

 

Éditeur :
Charles Vincent

Local F1-113,
Pavillon J.-S.-Bourque

(819) 821-7388

Liaison@USherbrooke.ca