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Liaison, 23 mars 2006
Terrascope : faire image de notre monde
ROBIN RENAUD
Le développement durable fera son cinéma avec le retour de Terrascope,
festival de films consacrés à cette problématique. Présentée en partie au
Campus principal, la programmation comprend des rencontres cinéma qui se
tiendront du 25 au 27 mars, au Centre culturel.
Le festival Terrascope est né d'un besoin apparu à la fin des
années 1990. Georges Comtois, directeur de Terrascope, était alors aux
commandes de l'International du cinéma de l'Estrie : «À cette époque, on a
décidé de donner à l'événement une orientation thématique. L'un des thèmes
retenus touchait les questions environnementales. Pour la première fois
en 2002, nous avons intégré un volet Terrascope dans un festival
traditionnel. Cette niche est apparue comme un créneau porteur pour lequel
le public avait un grand intérêt », explique le directeur de l'événement.
Depuis, la question du développement durable n'a cessé d'interpeller
différents acteurs sociaux. C'est pourquoi le festival Terrascope veut aller
plus loin que la seule projection d'œuvres cinématographiques.
«Terrascope est un terme qu'on a inventé pour illustrer notre intention
de faire image de notre monde, précise Georges Comtois. Les questions
environnementales doivent être abordées de manière plus intégrée. Le cinéma
offre toutes sortes d'illustrations associées au développement durable. Il
peut s'agir de documentaires, certes, mais aussi de fictions, de films
d'animation ou expérimentaux. Dans plusieurs cas, les projections seront
accompagnées de témoignages – voire de discussions – en présence de
réalisateurs ou d'intervenants touchés par les problématiques abordées.»
Certains films présentés dans le cadre de Terrascope font déjà l'objet de
débats. C'est le cas notamment de l'œuvre Le cauchemar de Darwin, un
film primé dans plus d'une dizaine de festivals et qui a été sacré meilleure
première œuvre au dernier gala des César, en France. «Pourtant, ce film est
loin de faire l'unanimité dans la communauté intellectuelle. Des
intervenants sérieux disent que le film mène à de fausses conclusions.
D'autres observateurs, au contraire, endossent le film. Nous ne défendons
pas l'auteur du film, ni ses détracteurs, mais nous estimons toutefois que
ce film laisse une belle place au débat. À ce titre, il mérite certainement
d'être vu», dit Georges Comtois. Le public aura également la chance de
visionner deux primeurs mondiales avec Transformation extrême/Tabou(e)
de Mario Desmarais et Ceux qui n'en meurent pas laissent toute
espérance de Robert Cornellier, qui rappelle les tragédies de Bhopal et
de Tchernobyl ainsi que le naufrage de l'Exxon Valdez dans les années 1980.
Le film Transformation extrême traitera, pour sa part, de
l'enfouissement de déchets industriels que tolèrent nos gouvernements alors
que des études anticipent pourtant des conséquences désastreuses liées à
cette pratique. Parmi les autres projections, le film Le chemin d'eau
illustrera les problèmes vécus par des communautés de la Côte-Nord, isolées
du reste du monde lors des crues saisonnières.
«Il existe un certain discours selon lequel le développement durable est
une fumisterie. Ce n'est pas ce que je crois, mais je ne suis pas un
spécialiste de la question. Je sais toutefois qu'en revanche, plusieurs
spécialistes admettent qu'on joue avec le feu au sujet de l'avenir de la
planète. Face à ces enjeux, doit-on se complaire dans la consommation
d'œuvres de divertissement ou prendre un temps d'arrêt pour analyser la
question?», s'interroge Georges Comtois. Le festival Terrascope offrira
certes de belles occasions d'éclairer nos réflexions. La programmation
complète est accessible au
www.terrascope.qc.ca.
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Le directeur de Terrascope, Georges Comtois, et le directeur de
l'Observatoire de l'environnement et du développement durable,
Olivier Thomas.
Photo : Roger Lafontaine |