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Liaison, 13 octobre 2005
Après Aurore : Angélique
et l'incendie de Montréal
STÉPHANIE RAYMOND
Après «Aurore! Le mystère de l'enfant martyre», des professeurs
du Département d'histoire et de sciences politiques ont de nouveau été
sollicités afin de «fournir un mystère» pour le site Les grands mystères
de l'histoire canadienne : «La torture et la vérité : Angélique et
l'incendie de Montréal». Si Peter Gossage apporte son soutien, la recherche
sera dirigée par Léon Robichaud, spécialiste du multimédia et de l'histoire
de la Nouvelle-France, ainsi que par Denyse Beaugrand-Champagne, historienne
et auteure d'un livre sur le procès d'Angélique.
Le projet des Grands mystères de l'histoire canadienne
fait revivre des événements de l'histoire de notre pays dont la cause ou le
dénouement est équivoque. Il vise à fournir aux écoles secondaires et aux
universités du matériel de grande qualité qui porte sur ces événements et
sur les méthodes d'enseignement de l'histoire. Ce projet est le fruit d'un
partenariat entre une trentaine de professeurs et d'étudiants provenant des
universités de Sherbrooke, de Victoria et de Toronto. En cette phase III du
projet qui a reçu une subvention de 457 023 $ de Patrimoine Canada, trois
nouveaux mystères sont en développement, dont celui d'Angélique chez nous.
Angélique, une histoire fascinante
L'histoire d'Angélique, c'est une histoire où se confrontent
les réalités d'esclavage, de race, de condition de la femme et de justice
française au temps de la Nouvelle-France. Une histoire beaucoup moins connue
que celle d'Aurore, mais «très puissante, affirme Léon Robichaud, car elle
nous plonge au cœur de la société coloniale de l'époque».
Le 10 avril 1734, un incendie se déclare dans une maison située
dans le Vieux-Montréal actuel. En quelques heures, 46 maisons et l'hôpital
sont consumés par les flammes. Très vite, on pointe du doigt une jeune
esclave noire, Marie-Josèphe Angélique. «Deux mois avant l'incendie, elle
avait tenté de s'enfuir vers les colonies anglaises avec son amant, explique
Léon Robichaud. On a donc rapidement conclu qu'elle avait mis le feu à la
maison de sa maîtresse pour couvrir une nouvelle fuite en compagnie de son
amoureux, libéré de prison deux jours plus tôt. À une époque où la justice
se veut rapide et spectaculaire, le procès s'enlise pendant deux mois.
Aucune preuve ne vient appuyer la rumeur jusqu'à ce qu'une fillette de cinq
ans affirme avoir vu Angélique monter au grenier avec une pelle à feu
remplie de braises. Angélique continue de clamer son innocence, mais elle
est jugée coupable et sera condamnée à mort, une sentence courante pour les
incendiaires. Soumise à la torture, elle offre un aveu de culpabilité. Son
exécution publique permet aux autorités de clore le dossier.»
Le site Internet permettra aux visiteurs de tirer leurs propres
conclusions. «Ils pourront consulter eux-mêmes les témoignages et
interrogatoires, poursuit Léon Robichaud. Les visiteurs pourront aussi
découvrir les particularités de la justice française de l'époque et explorer
différents aspects de la société montréalaise sous le Régime français.
Chacun pourra tenter de déterminer si la torture a fait ressortir la vérité.
En somme, Angélique aura-t-elle été rebelle, victime ou bouc émissaire?»
Un site en trois dimensions
Ce site apportera aussi une innovation pour les Grands
mystères. En plus des documents et des illustrations, la
reconstitution des événements sera accompagnée de celle en trois dimensions
de la ville de Montréal vers 1734. En ajoutant plusieurs éléments au modèle
développé par l'ancien Groupe de recherche sur Montréal du Centre canadien
d'architecture, cette ville virtuelle permettra aux visiteurs de mieux
comprendre le milieu urbain et d'explorer le secteur à partir duquel les
flammes se sont propagées le long de la rue Saint-Paul. En alliant ainsi le
texte, l'image et le 3D, l'histoire d'Angélique et de l'incendie de Montréal
offre une fenêtre exceptionnelle sur le passé qui se prête parfaitement à
une diffusion via Internet.
Le projet devra être terminé le 31 mars 2006. Un beau défi pour celui qui
est devenu professeur régulier le 1er août.
La coordination de la traduction des trois sites de la phase III
est le travail de Françoise McNeil, étudiante à la maîtrise en littérature
canadienne comparée. En plus de traduire l'un des trois sites, «La mort
explosive de Peter «Lordly» Verigin», elle supervise une équipe de quatre
traductrices et d'une réviseure, toutes affiliées à l'Université de
Sherbrooke. C'est Suzanne O'Connor, étudiante au doctorat en littérature
canadienne comparée, qui traduit le site «La torture et la vérité :
Angélique et l'incendie de Montréal».
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Le professeur Léon Robichaud met ses connaissances en multimédia et
en histoire de la Nouvelle-France à profit pour la réalisation d'un
site sur l'incendie de Montréal de 1734. Il travaillera en
collaboration avec Denyse Beaugrand-Champagne, historienne et
auteure d'un livre sur le procès d'Angélique. |