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Liaison, 26 mai 2005

 

 
Maria del Rosario Ortiz , doctorante à la Faculté des sciences.

Maria del Rosario Ortiz , doctorante à la Faculté des sciences.

 


Biodiversité : repenser le commerce

SOPHIE PAYEUR

La biologiste Maria del Rosario Ortiz s'est donné tout un défi : concevoir des indicateurs capables de mesurer rigoureusement les impacts du commerce international sur la biodiversité à l'échelle de notre planète. Elle compte aussi démontrer comment la production agricole destinée à l'exportation agit sur la santé et la sécurité alimentaire des pays en voie de développement. D'une ampleur colossale, son projet de doctorat reçoit l'appui de la Faculté des sciences et de l'Observatoire de l'environnement et du développement durable. Il pique aussi la curiosité d'un nombre croissant d'organisations internationales.

Consultante en environnement, Maria del Rosario Ortiz travaille depuis plus de 15 ans pour le bien d'organisations internationales. Elle milite activement pour la protection des forêts et de la biodiversité en Amérique latine et au Canada et a coordonné plusieurs réseaux environnementaux d'envergure internationale. Le cheval de bataille qu'elle enfourche aujourd'hui est né d'un constat issu de ses nombreuses expériences. «Les scientifiques qui se préoccupent de la biodiversité ont conçu des indicateurs biophysiques qui permettent de suivre l'évolution de la diversité biologique à l'échelle de la planète, explique la biologiste. Mais rien ne lie ces indicateurs aux activités commerciales et aux échanges internationaux qui minent l'état des écosystèmes et de leurs ressources.»

Notre alimentation, notre santé, notre économie, nos énergies, notre habitat, nos transports dépendent tous de la richesse et de la diversité des ressources biologiques. Au cours des dernières décennies, toutefois, le taux de disparition des espèces s'est avéré plus élevé que jamais auparavant. Certaines estimations indiquent que sur les 1,7 million d'espèces répertoriées jusqu'à présent sur la planète, plus de 130 disparaîtraient chaque jour. La détérioration des habitats serait la principale cause d'appauvrissement de la biodiversité.

Pour tenter de neutraliser cette vague de disparition à l'échelle de la planète, 150 pays réunis en 1992 au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro ont accepté de signer la Convention sur la diversité biologique. Ce protocole s'est donné pour mission de réduire de façon significative le taux de disparition des espèces d'ici 2010. «C'est évident qu'on n'y arrivera pas à temps, mais le but fixé par la Convention a entraîné la mise sur pied d'une quinzaine d'indicateurs qui permettent de suivre l'évolution des choses, précise la consultante en environnement. Si nous voulons faire de réels progrès, je crois qu'il faut aussi bâtir des indicateurs impliquant les réalités socioéconomiques liées à la perte de diversité biologique. Ces réalités sont les causes profondes de la perte de la richesse biologique.»

Effectué sous la direction de la professeure Colette Ansseau, le projet de Maria del Rosario Ortiz part de l'idée que la production de denrées agricoles ou marines destinées à l'exportation est beaucoup plus dévastatrice pour la biodiversité que la production d'aliments destinés à la consommation locale. Autrement dit, la mondialisation des marchés cause beaucoup plus de tort à l'environnement qu'une production réservée à la population de la région où elle est effectuée.

Depuis les années soixante, le commerce international des aliments a quadruplé en tonnage; d'après le Worldwatch Institute, le chemin parcouru du champ à la table par un aliment serait aujourd'hui de 2500 km en moyenne en Amérique du Nord. «Des indicateurs associés aux distances parcourues par des produits destinés à la consommation locale et des produits conçus pour l'exportation sont des outils puissants pour améliorer l'état de la biodiversité et atteindre les objectifs de la Convention sur la diversité biologique», explique la biologiste.

Maria del Rosario Ortiz compte aussi établir un ensemble d'indicateurs rattachant le commerce international des aliments à la sécurité alimentaire, à la santé et à la biodiversité. «Plus de 80 % de la population mondiale vit en région rurale où se retrouve la plus grande partie de la richesse biologique de la planète, indique la chercheuse.

Pour mettre au point des indicateurs qui mesurent des relations aussi complexes, la biologiste compte effectuer au moins quatre études de cas, dont une examinant la situation du soya en Argentine. Maria del Rosario Ortiz devra plus précisément établir des comparaisons entre, par exemple, la superficie du territoire utilisé pour la monoculture industrielle et la superficie de l'ensemble des aires cultivées, ou encore entre le nombre d'emplois agricoles dédiés au marché local et le nombre d'emplois dédiés aux exportations.

Le projet de Maria del Rosario Ortiz a attiré les foules de la 7e Convention des parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB) tenue en février à Bangkok, où elle était invitée pour présenter son projet. La chercheuse est aussi invitée à un atelier de travail qui se tiendra en mai en Angleterre au sujet de l'application et de l'avancement des objectifs fixés par la CDB. La biologiste espère présenter ses premiers résultats de recherche à la 8e Convention des parties ayant adhéré à la CDB en mai 2006, au Brésil.

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