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Liaison, 30 septembre 2004
Un Therrien au pied marin
STÉPHANIE RAYMOND
À 64 ans, René Therrien a toujours le vent dans les voiles. Le professeur
à la Faculté d'éducation physique et sportive pratique une dizaine de
sports, dont la planche à voile, son activité de prédilection. Bien que sa
planche soit quelque peu désuète, il la trimballe toujours aux compétitions
nationales… et il gagne.
La première fin de semaine d'août, René Therrien planait sur les vagues
du lac Ontario, à Kingston, dans le cadre de la compétition nationale de la
Canadian Masters Windsurfing Association (CMWA). Il a fait la preuve que la
sagesse est parfois plus efficace que le meilleur des équipements, en
remportant la médaille d'or de la course longue distance (17 km),
catégorie 55 à 65 ans.
«Habituellement, je me classe troisième ou quatrième sur une quinzaine de
participants, indique-t-il. Cette fois, je m'étais particulièrement bien
informé des vents et du courant, j'avais inspecté les vagues avec des
jumelles et posé plusieurs questions aux gens de la place. À la compétition,
je n'ai pas fait la même trajectoire que les autres, qui s'en sont tenus à
la norme, afin de profiter du courant plutôt que de lutter contre lui. Quand
je suis arrivé, mon plus proche concurrent était à 400 mètres derrière moi.»
Une histoire de famille
La planche à voile, c'est une histoire de famille chez les Therrien.
L'amoureux de l'eau a vite initié ses trois enfants : «Les deux garçons ont
poursuivi. En 1987, Roch a commencé à participer à des compétitions et à
cumuler les honneurs. Il a fait partie de l'équipe de planche à voile du
Québec et a été champion québécois et canadien, catégorie junior puis
senior. Le premier été, je suivais ses compétitions avec des jumelles. L'été
suivant, j'ai décidé d'entrer aussi sur le circuit, au niveau des maîtres
canadiens (35 ans et plus).»
La compétition pour le plaisir
Chaque été, la CNWA tient une compétition qui rassemble une cinquantaine
de véliplanchistes. L'an prochain, l'événement aura lieu à Montréal. «Mon
équipement est un peu désuet, mais je ne participe pas aux compétitions pour
gagner. C'est plutôt pour socialiser avec les participants et améliorer ma
technique, assure René Therrien. Cette fin de semaine est plus profitable
que toute une saison. Elle me force à me dépasser, à analyser des situations
nouvelles et à essayer des techniques différentes.»
René Therrien, qui fait partie du Club nautique du Petit Lac Magog, est
une exception à Sherbrooke. «Je suis le seul d'ici à participer à des
compétitions. L'intérêt pour la planche à voile a diminué au Québec ces
dernières années, explique-t-il. Les gens ont délaissé la planche
traditionnelle pour s'acheter des planches plus petites, qui nécessitent
plus de vent. Ils passent donc leur été à attendre de grands vents.»
Ce grand sportif ne rangera pas sa planche tant que sa santé le lui
permettra. «Ce que j'aime de ce sport, c'est la griserie de la vitesse. Avec
un bon vent, je peux atteindre des pointes de 50 km/h. Mais par-dessus tout,
j'apprécie le fait qu'il n'y ait rien de mécanique avec la planche à voile.
Tout repose sur la façon dont on lit le vent, les vagues, le courant, et la
manière dont on se déplace sur la planche et qu'on oriente la voile. C'est
un défi chaque fois.» Le professeur travaille d'ailleurs au Laboratoire de
biomécanique du mouvement humain de l'Université. La conciliation travail et
plaisir à son meilleur.
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René Therrien, professeur à la Faculté d'éducation physique et
sportive depuis 1976, participe toujours à des compétitions
nationales de planche à voile. Il a remporté une médaille d'or lors
de la dernière compétition des Masters canadiens en août à Kingston.
Photo SSF : Roger Lafontaine
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