Liaison, 2 septembre 2004
Un nouveau logiciel pour
évaluer la santé des aînés
STÉPHANIE RAYMOND
L'évaluation du degré d'autonomie des personnes âgées sera maintenant
plus facile que jamais, grâce à un tout nouveau logiciel développé par une
équipe de chercheurs de l'Université. Après un travail intensif de trois
ans, le programme est maintenant disponible sur le marché.
Le logiciel eSMAF (Système de mesure de l'autonomie fonctionnelle) est
utilisé pour déterminer l'état fonctionnel des personnes âgées et pour
générer des statistiques indiquant les besoins des différentes clientèles.
Il s'adresse aussi bien aux cliniciens qu'aux gestionnaires hospitaliers et
aux chercheurs.
L'équipe de recherche, dirigée par Patrick Boissy, professeur au
Département d'éducation physique et sportive, travaille en collaboration
avec le Centre d'expertise en gérontologie et gériatrie de l'Institut
universitaire de gériatrie de Sherbrooke (IUGS).
Le SMAF, qui évalue 29 fonctions couvrant les activités de la vie
quotidienne, est déjà utilisé au Canada et dans plusieurs pays. Au Québec,
il a été adopté par le ministère de la Santé et des Services sociaux en tant
qu'outil d'évaluation.
La nouveauté, c'est son informatisation. Le logiciel permet de calculer
automatiquement le profil ISO-SMAF (qui représente le degré d'autonomie
fonctionnelle sur une échelle de 14), et contient des fonctions de rapports
et de graphiques permettant d'obtenir une foule de données administratives
(statistiques de clientèles). Comme les dossiers d'usagers contiennent de
l'information confidentielle, des paramètres de sécurité ont été intégrés au
logiciel.
«Le besoin d'informatisation est criant, et plusieurs institutions ont
entrepris des initiatives personnelles en ce sens, explique Patrick Boissy.
Mais notre logiciel a l'avantage d'être complet et de s'adresser à une large
clientèle.»
Deux dans un
Le logiciel eSMAF comprend deux composantes : un module mobile, soit un
PDA (un assistant personnel digital de type Palm), ainsi qu'un module fixe,
opérable sur PC.
Le PDA-SMAF permet d'entrer des données directement sur les lieux
d'évaluation. Une fois la grille d'évaluation remplie, un rapport sommaire
est instantanément disponible. Le rapport affiche les cotes accordées à
chacun des 29 items, les scores pour chacune des cinq sections et le score
total, ainsi que le profil ISO-SMAF. «Auparavant, ce profil devait être
calculé dans Excel par une tierce personne, indique Patrick Boissy.
Maintenant, l'utilisateur est entièrement autonome.»
Le profil permet de poser un diagnostic sur le degré de handicap et
renseigne sur les conséquences sociales de la maladie. «Par exemple, un chef
infirmier qui évalue un patient avec le logiciel pourra décider, selon les
scores et le profil obtenus, d'entourer la personne d'un nombre donné de
préposés aux bénéficiaires», explique le chercheur.
Les données recueillies sur l'assistant personnel digital peuvent ensuite
être transférées vers l'application PC pour être analysées et intégrées à
une banque de données.
Le logiciel est testé depuis un an et demi dans 19 CLSC de la Montérégie.
«Les résultats sont concluants, affirme Patrick Boissy. En fait, depuis le
début, nous avons consulté les futurs utilisateurs (professionnels de la
santé et gestionnaires) pour savoir ce qu'ils désiraient vraiment.»
Le développement du logiciel eSMAF a atteint son premier objectif, mais
le travail d'optimisation n'est pas terminé. L'équipe travaille à y intégrer
d'autres bases de données et à créer un moteur linguistique qui permettra la
distribution de versions multilingues.
«Nous aimerions avoir une version anglaise pour le marché
canadien et américain dès décembre, termine Patrick Boissy. Ensuite, nous
nous attaquerons à l'espagnol, puis à l'allemand, jusqu'à ce que le logiciel
soit offert en huit langues, comme le SMAF.»
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