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Liaison, 4 mars 2004
Il n'y a pas d'âge pour ressentir
les bienfaits d'une saine alimentation
NADINE FORTIN
Que mangent nos aînés pour rester en santé? Quelles sont les habitudes
alimentaires qui leur permettent de maintenir autonomie et qualité de vie?
Quelles sont les causes et les conséquences des changements de l'appétit,
des préférences alimentaires et de la sensation de faim qui sont observés
chez les personnes âgées?
C'est à ces questions et à plusieurs autres que tentent de répondre
18 chercheuses et chercheurs du Québec et de l'Ontario. Au cours des cinq
prochaines années, l'équipe de scientifiques, dirigée par Hélène Payette,
chercheuse en nutrition du Centre de recherche sur le vieillissement de
l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke, évaluera et suivra
plus de 900 femmes et autant d'hommes, âgés de 68 à 82 ans.
Au Canada, c'est la première fois que des chercheurs dresseront un
portrait aussi complet des habitudes alimentaires et de leurs conséquences
sur le vieillissement. «Si les besoins nutritionnels des nourrissons, des
femmes enceintes, des enfants et des adultes sont bien établis, peu de
données existent sur ceux des personnes âgées, souligne Hélène Payette.
Nous profitons du mois de mars, qui est consacré à la nutrition, pour
faire connaître cette étude à la population. C'est tout un défi de
rencontrer, d'interviewer et de recueillir des données auprès de
1800 personnes annuellement! La tâche est grande mais les retombées
prometteuses!»
Le but principal de l'étude, intitulée NuAge, est de déterminer le rôle
de la nutrition dans l'accomplissement d'un vieillissement réussi chez les
Québécois. «Le plan de recherche stratégique de l'Institut du
vieillissement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)
souligne qu'il faut faire de la recherche sur les déterminants du
vieillissement en santé, notamment sur les habitudes et les modes de vie
sains, l'activité physique et la nutrition», explique Anne Martin-Matthews,
directrice scientifique par intérim de l'Institut du vieillissement des
IRSC. «La recherche entreprise par Hélène Payette et ses collègues
améliorera les connaissances sur les relations complexes entre les
multiples facteurs associés aux habitudes alimentaires et à l'état
nutritionnel, et leurs conséquences sur la santé plus tard dans la vie.»
Les données accumulées auront de nombreuses retombées sur la
population. Il sera possible de formuler des recommandations alimentaires
et de meilleures stratégies de prévention ainsi que de développer des
produits alimentaires adaptés à la réalité des aînés. Selon José A.
Morais, gériatre et chercheur au Centre universitaire de santé McGill de
Montréal : «L'étude NuAge propose de cerner les facteurs nutritionnels et
les habitudes de vie qui ont une relation étroite avec des conditions
néfastes, mais malheureusement fréquentes chez nos aînés, telles la perte
sélective de la masse musculaire, appelée sarcopénie, la perte cognitive
ou démence et même l'apparition du diabète. Par conséquent, le traitement
de maladies associées au vieillissement et l'organisation des soins de
santé s'en trouveront améliorés.»
Pierrette Gaudreau, chercheuse spécialisée en neuroendocrinologie au
Département de médecine de l'Université de Montréal, ajoute : «Le
vieillissement entraîne un ralentissement progressif du bon fonctionnement
des cellules et des organes. L'accumulation de radicaux libres, qui sont
des déchets cellulaires, cause la détérioration et une baisse du nombre de
cellules.»
La réalisation de cette étude a été rendue possible grâce à l'obtention
d'une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada de près de
quatre millions de dollars. Le Réseau québécois de recherche sur le
vieillissement du Fonds de la recherche en santé du Québec ajoute une
contribution annuelle de 60 000 $ pendant cinq ans.
Toutes les données recueillies sont utilisées par une équipe
multidisciplinaire formée de spécialistes en nutrition, éducation
physique, physiologie, immunologie, neuroendocrinologie, biologie
cellulaire et moléculaire, épidémiologie, recherche évaluative, gériatrie,
médecine dentaire et sciences sociales. Quatre universités québécoises
participent au projet : Sherbrooke, Montréal, McGill et Laval, ainsi que
deux universités ontariennes : Toronto et Guelph.
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