Liaison, le journal de l'Université de Sherbrooke, 5 septembre 2002

 

Des écologistes "hyperactifs" au Département de biologie

Qu’est-ce qu’un porc-épic mange en hiver? Y a-t-il un lien entre la grosseur et la fécondité des graines chez les végétaux? Comment les endoparasites du bouquetin des Alpes peuvent-ils changer le comportement de ces ongulés? Les coupes à blanc sont-elles défendables d’un point de vue écologique? Toutes ces questions et bien d’autres sont à l’ordre du jour des membres du Groupe d’excellence en biologie forestière, un groupe reconnu et financé par l’Université pour la qualité de ses recherches et de la formation offerte aux étudiantes et étudiants en biologie.

Le Groupe d’excellence en biologie forestière est formé des professeurs Robert Bradley, Marco Festa-Bianchet, Bill Shipley et Don Thomas, quatre écologistes du Département de biologie de la Faculté des sciences qui mènent de front un nombre impressionnant de travaux de recherche de grande actualité. Assistés dans leurs travaux d’une vingtaine d’étudiantes et d’étudiants de deuxième et troisième cycles, les quatre chercheurs font le pont entre la recherche fondamentale sur l’écologie forestière et la gestion du territoire.

"Nos activités dépassent le seul cadre de la recherche fondamentale", explique Robert Bradley. Nous sommes aussi engagés sur le terrain. Par exemple, le professeur Festa-Bianchet est président du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, tandis que mes propres recherches m’amènent à collaborer avec plusieurs compagnies forestières."

Pour les quatre écologistes, la formation offerte aux étudiantes et étudiants est une priorité majeure. "Nous sommes très soucieux de créer un climat intéressant pour la vingtaine d’étudiants de deuxième et troisième cycles qui travaillent dans notre groupe d’excellence", précise Robert Bradley. "Nous invitons plusieurs fois par année des chercheurs de grande réputation internationale à venir les rencontrer. Nous avons aussi organisé à Québec, en février, un colloque étudiant de trois jours, en collaboration avec des collègues de l’Université Laval. Ce colloque a permis aux étudiantes et étudiants de présenter leurs résultats de recherche, dans une ambiance très stimulante."

Quatre chercheurs dynamiques

Le directeur du Groupe d’excellence en biologie forestière, Robert Bradley, est un pédologue forestier, c’est-à-dire un spécialiste de l’étude des sols. Il s’intéresse aux facteurs qui contrôlent les cycles d’éléments nutritifs dans les écosystèmes forestiers. Ses divers projets de recherche portent sur plusieurs aspects : les perturbations et la succession écologique, les insectes du sol, les indicateurs de la qualité nutritionnelle du sol, l’effet des racines sur la nitrification, la diversité génétique et fonctionnelle des communautés microbiennes… Il s’intéresse aussi à l’effet des coupes à blanc sur les taux bruts de transformation de l’azote minérale, et aux éricacées – une famille de plantes – en relation avec la fertilité du sol. Professeur au Département de biologie depuis quatre ans, Robert Bradley a déjà assuré la direction de 11 étudiants de 2e et 3e cycles, publié 23 articles scientifiques et obtenu trois subventions CRSNG-Stratégique (montant global de 1,14 M$) pour son programme de recherche.

Pour sa part, Marco Festa-Bianchet consacre ses recherches sur l’évolution des stratégies de reproduction et les dynamiques de population des grands mammifères : mouflons, chèvres de montagne, bouquetins des Alpes et loups. Ce programme est bien établi sur la scène internationale, avec des aires d’étude en Alberta, en Colombie-Britannique, au Québec et en Italie, ainsi que des collaborations en France, en Angleterre et aux États-Unis. Ses recherches consistent à noter la survie, le succès reproducteur, la génétique et le comportement des individus en milieu naturel, et de faire l’analyse numérique des données. Le professeur Festa-Bianchet, ses étudiants et stagiaires postoctoraux ont publié 48 articles au cours des cinq dernières années, dont plusieurs dans d’excellentes revues telles que American Naturalist, Ecology, Proceedings of the Royal Society et Trends in Ecology and Evolution. Sept étudiantes et étudiants de maîtrise et quatre de doctorat ont complété leur diplôme sous sa direction au cours des cinq dernières années.

Bill Shipley porte quant à lui deux chapeaux, soit ceux d’écophysiologiste végétal et de biostatisticien. Dans son premier rôle, il étudie les interactions des attributs morphologiques et physiologiques des plantes avec les facteurs environnementaux. Dans son second rôle, il développe des modèles statistiques pour l’analyse numérique de ses données. L’objectif global des recherches de Bill Shipley est d’exprimer le fonctionnement des végétaux dans une communauté de façon virtuelle à travers une série d’équations. Ses recherches en modélisation ont culminé dernièrement avec la publication de son livre Cause and Correlation in Biology: A User’s guide to path analysis, structural equations and causal inference, publié par Cambridge University Press. Ses expertises en modélisation statistique sont également mises à la contribution et au développement de la recherche de l’ensemble du Groupe d’excellence en biologie forestière.

Enfin, Don Thomas mène depuis 17 ans un programme de recherche en écophysiologie animale à l’UdeS. Ayant publié 90 articles dont certains dans les revues scientifiques les plus connues telles que Science et Nature, il jouit actuellement d’une renommée internationale dans son domaine de recherche. Ses intérêts pour l’équilibre énergétique et les "traits d’histoire de vie" des espèces animales l’ont amené à porter un regard nouveau sur les chauves-souris, les micro-mammifères, les oiseaux, les grands ongulés et même les crabes. Plus spécifiquement, ses projets portent sur l’équilibre énergétique et les stratégies de régulation de la température corporelle durant la période d’hibernation chez les chauves-souris et les rongeurs, sur le fonctionnement du système digestif chez les mammifères, et sur l’impact de la déperdition de chaleur sur l’évolution des structures morphologiques. Depuis quatre ans, Don Thomas collabore avec les professeurs Jacques Blondel et Marcel Lambrechts, du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS à Montpellier, notamment sur les adaptations locales de la mésange bleue en Corse et dans la région méditerranéenne.

Du labo à la communauté

Collectivement, les quatre chercheurs détiennent 27 subventions de recherche à titre individuel ou en équipe provenant de divers bailleurs de fonds externes tels que le CRSNG ou le FQRNT (anciennement le FCAR). Durant l’année 2001-2002, les quatre chercheurs et leurs étudiants ont fait 27 présentations à l’occasion de colloques tenus à l’extérieur et ont publié plus de 40 articles dans des revues scientifiques reconnues. En plus d’exceller dans leurs domaines de recherche respectifs, les quatre professeurs membres du groupe n’hésitent pas à multiplier les présentations bénévoles à l’extérieur de l’Université, particulièrement dans les écoles primaires et secondaires. "Une société qui veut se développer pleinement doit susciter l’intérêt pour les sciences chez les jeunes gens", défend Don Thomas.

Le Groupe d’excellence en biologie forestière fait également partie du Centre de recherche en biologie forestière, un regroupement stratégique de 22 chercheurs québécois reconnu et financé depuis 15 ans par le FQRNT.


Robert Bradley

 


Marco Festa-Bianchet

 


Bill Shipley

Don Thomas