ÉLISE ARGUIN
collaboratrice pigiste

Pour un enseignant au primaire, mi-août rime habituellement avec derniers jours de vacances estivales plus que méritées. Alors que la plupart des enseignants, directeurs et conseillers pédagogiques du primaire profitaient à ce moment d’une quiétude tirant à sa fin, quelque 30 de leurs collègues ont repris le crayon plus tôt qu’à l’habitude… mais cette fois à titre d’étudiants.

En effet, la première école d’été sur l’intervention éducative s’est tenue à Sherbrooke du 12 au 16 août. Tout au long de la semaine se sont déroulés des ateliers portant sur différents moyens de mieux implanter la réforme de l’enseignement au Québec. "L’objectif de cette école d’été était de travailler avec des intervenants en milieu scolaire pour qu’ils agissent ensuite à titre de formateurs auprès de leurs collègues de travail", affirme le responsable et l’un des principaux animateurs de cette semaine, Yves Lenoir, professeur au Département d’enseignement au préscolaire et au primaire de la Faculté d’éducation.

Orchestrée par la Chaire de recherche du Canada sur l’intervention éducative et par le Centre de recherche sur l’intervention éducative (CRIE) de la Faculté d’éducation, cette première en matière de pédagogie avait pour but de former des personnes qui doivent soutenir l’implantation du nouveau curriculum de l’enseignement primaire. "La Chaire et le CRIE sont préoccupés par les pratiques enseignantes", signale Yves Lenoir, soucieux de venir en aide aux formateurs et formatrices des milieux scolaires.

Les témoignages des personnes participantes sont éloquents et viennent confirmer qu’une telle entreprise était pour le moins attendue dans le milieu de l’éducation. Enseignante à la Commission scolaire des Sommets, Catherine Giguère a pris part aux ateliers. Les thèmes qui y ont été abordés lui seront utiles en classe, bien entendu, mais pas autant que sur le plan intellectuel : "Ce que j’ai appris ici va m’aider à structurer ma pensée. Je pourrai ensuite mettre en application mes acquis, surtout dans ma façon de gérer ma classe."

Au départ plus ou moins bien outillés pour affronter les multiples bouleversements apportés par la réforme, les participants de l’école d’été sortent de cette expérience beaucoup mieux éclairés : "Nous avons manqué de temps pour bien placer les bases, à l’arrivée de la réforme. Tout ce que nous avons pu faire a été de rassembler ce qui était urgent", souligne la conseillère pédagogique de la commission scolaire de Sorel-Tracy, Lise Saint-Michel. "Les sujets traités dans les ateliers m’ont permis de trouver un fil conducteur, de rassembler les morceaux", renchérit-elle.

"La réforme de l’enseignement, amorcée il y a quatre ans, s’applique de façon graduelle et, par conséquent, le changement de pensée aussi", déclare quant à elle Luce Pigeon, directrice d’école à la Commission scolaire des Phares jusqu’à juin dernier. Une expérience comme celle de l’école d’été insufflera donc aux personnes participantes l’énergie et les moyens à prendre pour activer la mise en œuvre de cette réforme et surtout, en suivant la bonne direction.

Hormis la quantité de nouveaux concepts à digérer en peu de temps, les participants semblent encouragés. Quelques-uns d’entre eux ont même hâte de retourner en classe pour mettre à profit leurs apprentissages. Yves Lenoir, qui compare l’expérience à une aventure en terre inconnue, se dit extrêmement satisfait des résultats obtenus. "En préparant l’école d’été, nous nous disions que si nous réussissions à attirer 20 personnes, on pourrait considérer le tout comme un succès. Finalement, un peu plus de 30 participants se sont non seulement présentés aux ateliers, mais ont démontré beaucoup d’enthousiasme et de motivation." Une expérience somme toute enrichissante qui, à en croire les personnes participantes, pourra peut-être effectuer un retour en force l’été prochain…

Yves Lenoir, professeur au Département d’enseignement au préscolaire et au primaire, animant un des ateliers de l’École d’été sur l’intervention éducative à laquelle ont participé une trentaine d’enseignants et de directeurs d’écoles primaires. Photo SSE : Jacques Beauchesne