Liaison, le journal de l'Université de Sherbrooke, 10 janvier 2002

 

Répertorier les plantes médicinales au Guatemala

VÉRONIQUE COMTOIS
journaliste étudiante

Cinq étudiantes en écologie ont vécu une expérience extraordinaire au cours des derniers mois. Elles se sont rendues au Guatemala pour répertorier et étudier quelques centaines de plantes médicinales de la flore guatémaltèque.

Ce stage d’Écologie sans frontières s’est déroulé à l’Institut de sciences et de technologies agricoles (ICTA) de Chimal Tenango, où les cinq étudiantes ont contribué à renouveler la collection de 300 plantes, dont plusieurs spécimens étaient en mauvais état. Les stagiaires ont documenté les connaissances populaires et se sont assurées de la bonne identification des plantes.

"Il y avait beaucoup d’erreurs d’identification, les gens ne reconnaissaient pas bien les espèces et la posologie à prendre n’était pas bien connue de la population", explique Stéphanie Gagné.

Les étudiantes ont aussi récolté un spécimen de chaque plante afin de constituer un herbier, sous la supervision de deux ingénieurs. L’herbier a été réalisé en trois exemplaires : un herbier a été laissé à l’ICTA afin de permettre la diffusion des connaissances, un autre au CECI pour servir de matériel éducatif, et enfin un exemplaire a été remis au Département de biologie de l’Université afin d’enrichir sa collection.

Les cinq étudiantes ont été impressionnées par la grande biodiversité du Guatemala : sa flore représente de cinq à six fois celle du Québec. Elles ont dû se documenter sur les différentes plantes qu’elles ne connaissaient pas, souvent dans des ouvrages écrits en espagnol. Heureusement, elles ont suivi des cours d’espagnol dans les premières semaines de leur stage.

Les cinq écologistes ne sont pas revenues bredouilles de ce voyage. Elles savent maintenant constituer un herbier et elles connaissent les plantes médicinales et la flore du Guatemala. Elles ont découvert un autre écosystème et ont été sensibilisées à la déforestation.

Mais elles ont appris bien plus que des notions d’écologie. "Nous avons appris à travailler différemment. Ce voyage nous a aussi permis de relativiser la vie nord-américaine, de la critiquer. Il nous a fait réfléchir, et nos valeurs sont différentes maintenant", explique Annie Prince.

"Nous avons connu la réalité des pays en voie de développement, où l’eau potable et les médicaments ne sont pas toujours accessibles. À notre arrivée, nous avons eu un choc : tout était tellement différent. Le regard que les Guatémaltèques jetaient sur nous était mêlé de curiosité et d’incompréhension; nous ne collions pas au modèle traditionnel de la femme de la campagne. Ils ont néanmoins été très accueillants", ajoute Annie.

Le meilleur souvenir que les filles garderont de ce périple? "C’est la force du travail d’équipe. Une complicité s’est établie entre nous, nous avons su utiliser les forces de chacune. En cohabitant toutes dans la même chambre pendant le stage, nous avons développé des valeurs de partage et de respect."

Cette expérience a donné la piqûre à certaines des stagiaires. "Mes objectifs de carrière ont été un peu modifiés, j’ai envie de participer à d’autres projets en coopération internationale. Le stage au Guatemala n’était qu’un début, tout cela m’a donné envie de connaître d’autres pays, de partir à nouveau", raconte Élizabeth Taschereau. Deux autres éditions d’Écologie sans frontières sont en préparation : un groupe partira en septembre 2002, tandis qu’un autre stage est prévu l’été suivant.


Grâce à l’appui du Centre canadien d’études et de coopération internationale et au soutien indéfectible de la professeure Colette Ansseau, les cinq étudiantes du groupe Écologie sans frontières se sont rendues au Guatemala pour constituer un herbier de plantes médicinales. De gauche à droite : Stéphanie Gagné, Lysane Gamache, Élizabeth Taschereau, Annie Prince et Véronique Bisaillon.

Photo SSE : Roger Lafontaine