Liaison, 19 octobre 2000

En collaboration avec le seul Prix Nobel québécois, Sidney Altman
La crème de l'ARN à Sherbrooke le 6 novembre

GILLES PELLOILLE

L'acide ribonucléique (ARN), que l'on soupçonne d'être à la base de la vie sur Terre et qui intervient dans toutes les fonctions de la cellule, sera à l'honneur le 6 novembre à la Faculté de médecine, quand plus de 150 chercheuses et chercheurs, dont le seul Prix Nobel québécois, Sidney Altman, se réuniront pour faire le point sur leurs travaux.

L'Université héberge l'un des trois seuls centres mondiaux de recherche sur l'acide ribonucléique. Sa jeune équipe est répartie dans six laboratoires de recherche sur la biologie de l'ARN à la Faculté de médecine. Les membres de cette équipe, dont la moyenne d'âge ne dépasse pas 45 ans, organisent régulièrement des séminaires qui réunissent des chercheuses et chercheurs du Québec et de l'Est du Canada ainsi que des États-Unis. «Nous nous sommes baptisés le Ribo-club et nos rencontres regroupent les meilleurs chercheurs qui travaillent sur l'ARN. Cela nous permet de faire avancer la recherche en partageant nos connaissances. La rencontre du 6 novembre constituera un sommet, tant par le nombre des personnes participantes que par leur qualité», explique Jean-Pierre Perreault, professeur-chercheur au Département de biochimie.

Selon Sherif Abou Elela, du Département de microbiologie et d'infectiologie, plusieurs facteurs expliquent le succès annoncé de la rencontre du 6 novembre : «La présence de Sidney Altman nous a aidé à rassembler plus de monde. De plus, la recherche sur l'ARN en est à ses débuts, et il existe un pressant besoin de communiquer entre les équipes universitaires. Enfin, professeurs, chercheurs, étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, et maintenant les équipes du secteur privé, sont tous fascinés par ce que promettent déjà certaines découvertes sur l'ARN. D'ici cinq à six ans, nous pensons pouvoir faire des percées majeures contre des fléaux comme le cancer, le sida, les rétrovirus, le rhumatisme et de nombreuses maladies héréditaires.»

L'ARN est l'émissaire, le messager du centre de commande de chaque cellule. Il a en effet pour fonction de transmettre les ordres du noyau vers le cytoplasme, là où se situent toutes les composantes cellulaires nécessaires pour la synthèse des protéines. Bien installé dans la cellule, l'ARN n'est cependant pas à l'abri d'attaques externes ou même de dérèglements. Des recherches antérieures ont prouvé que les virus ont appris à bloquer le transport et la fonction des ARN. S'ensuit alors un désordre total des fonctions de la cellule qui mène au développement de maladies. Dans le cas de maladies héréditaires, l'ARN peut avoir eu des ratés ou avoir subi des influences externes qui lui font envoyer de mauvais signaux.

«L'ARN est le sujet de l'avenir en médecine, estime Jean-Pierre Perreault. Maintenant que les travaux sur le génome humain sont presque complétés, nous pouvons passer à l'étape suivante, celle des transmetteurs. Nos travaux devraient permettre d'augmenter la compréhension de nombreuses maladies au niveau le plus fondamental, et ils procureront davantage d'information pour le développement des traitements contre ces maladies.»

Cinq des six professeurs-chercheurs du groupe d'excellence Complexe ribonucléoprotéique: Benoît Chabot, Jean-Pierre Perreault, Sherif Abou Elela, Benoît Cousineau et Raymond Wellinger. Gilles Boire fait également partie de ce groupe de recherche.

Photo Faculté de médecine :
Jean-Pierre Masson

Sydney Altman,
Prix Nobel de chimie,
conférencier-vedette
le 6 novembre.