Liaison, 16 décembre 1999

L'an 2000
dans mes souvenirs d'enfance

La question me trottait dans la tête depuis quelques jours. Quelle importance l'an 2000? La perspective d'un jour de l'An plus extravagant et plus clinquant que les autres, comme la plupart des grandes hégémonies marketing, me laissait de glace. Pas envie donc de me couvrir de paillettes et de sabrer le champagne à minuit. Mais pourquoi le passage à l'an 2000 demeure-t-il malgré tout symbolique à mes yeux?

Parce qu'il me ramène à l'enfance, à l'âge des questions qui intéressent peu les adultes. Quel âge aurais-je en l'an 2000? Comment vivra-t-on à cette époque lointaine? À la veille de ce passage attendu, j'ai eu envie de retrouver ces rêves d'enfant et de vous convier au même exercice. Les réponses n'ont pas tardé à affluer, toutes plus personnelles et empreintes de sincérité les unes que les autres. L'un d'entre vous a même profité d'une nuit d'insomnie pour plonger dans ses souvenirs et rédiger quelques lignes. J'ai compris que, derrière les paillettes et les bulles, l'an 2000 touchait chez la plupart d'entre nous une corde sensible: celle du rêve et de l'espoir d'un monde meilleur.

Je vous propose donc, comme promis, un collage des nombreuses réponses que j'ai reçues. Vous remarquerez que, d'une génération à l'autre, presque tous s'imaginaient très vieux en l'an 2000. Que voulez-vous, 25 ou 60 ans, ça semble terrible quand on en a 8

Quand j'avais cet âge, je rêvais d'être maîtresse d'école et d'enseigner aux enfants du tiers-monde durant l'été. Je croyais qu'en l'an 2000 il existerait un module habitable fonctionnel sur la Lune, où une communauté scientifique mènerait des recherches utiles à notre compréhension de l'Univers. En somme, une espèce de campus sur la Lune commandité par le CRSNG.

À quelques jours de la date fatidique, je suis très loin de la mission pédagogique au tiers-monde et du campus intergalactique, mais il me fait chaud au cur de constater que, en dépit de nos préoccupations matérielles et idéologiques, il est encore possible, en cette fin de millénaire, de se rallier autour de quelques lubies enfantines.

Je vous remercie chaleureusement de votre participation et je vous souhaite un temps des fêtes mémorable, avec ou sans les bulles et les paillettes.

Sophie Vincent, rédactrice en chef de Liaison

«Quand j'avais 10 ans, les émissions pour enfants (Les Sentinelles de l'Espace, Ultraman, etc.) nous projetaient dans un monde fait de robots, de costumes métalliques et de fusées ultrarapides. Je crois que c'est ce que j'imaginais alors pour l'an 2000. Je trouve d'ailleurs la publicité de Bell Canada bien à point ces temps-ci, car elle correspond justement à cette vision des années 70.»

Francine Turmel, professeure
Département de sciences comptables
et de fiscalité

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«Nous étions encore dans la période d'après-guerre où tous les rêves étaient permis et se réalisaient. L'an 2000 n'était à peu près jamais mentionné sauf dans certains films de science-fiction. On se voyait déjà tous quelque part dans l'espace circulant à la vitesse de la lumière. À l'aube du troisième millénaire, je réalise que les choses changent bien peu et que nous sommes peut-être au niveau de notre société entrés dans l'après Big Bang où tous semblent se rétracter. Je comptais bien aussi sur une merveilleuse invention qui nous permettrait d'acquérir toutes les connaissances par un simple transfert d'une supermachine au cerveau humain. Je me voyais aussi comme tous les êtres chers qui m'entouraient pouvant accéder à l'immortalité. À quelques jours du début du troisième millénaire, je conserve mes mêmes rêves. Étant devenu un peu plus raisonnable, je sais que je devrai probablement attendre jusqu'à l'an 3000 pour qu'ils se réalisent.»

Pierre Gagné, psychiatre et directeur
Clinique médico-légale

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«En 1958, je demeurais à la ferme de mes parents, je venais de terminer ma quatrième ou ma cinquième année à Magog. Les travaux d'école et des champs occupaient mon temps... CHLT-TV en était à ses premières années. Attendez que je gratte les méandres de ma mémoire... J'avais une image floue de l'an 2000, je dirais que c'était à des années-lumière de mes préoccupations d'enfant qui venait de passer du monde urbain au monde rural. J'avais vaguement entendu parler de changements incroyables. Je ne connaissais pas le bogue tant publicisé, je ne voulais surtout pas boguer mes études et... mes parents. Essayez de vous imaginer aujourd'hui l'an 3000, 4000, 5000 et vous m'en donnerez des nouvelles. Aujourd'hui, je souhaite seulement que les déesses de l'équilibre et de la sérénité m'accompagnent et me guident intensément dans ce monde tourmenté des années 2000, 2001, 2002, etc.»

Jean-René Tétreault, coordonnateur
Service des stages et du placement

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«En 1957, je ne pensais pas voir l'an 2000, puisqu'on nous avait annoncé la fin du monde pour les années60. Était-ce le monde de Duplessis ou de l'Église du Québec? Maintenant, tout comme Jean Gabin et récemment Patrick Norman l'ont chanté: Je sais qu'on ne sait jamais et ça, je le sais!»

Marcel Nadeau, professeur
Faculté d'éducation physique et sportive

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«Quand j'avais 10 ans, j'aimais beaucoup les automobiles. Dans un petit bouquin à la bibliothèque de l'école, j'avais lu une chronique sur les automobiles de l'an 2000. Elles étaient excentriques, futuristes, aérodynamiques, électriques, etc. Je me disais qu'en l'an2000 j'allais être propriétaire d'une splendide voiture électrique et écologique. Néanmoins, je suis toujours un éternel piéton et les autos d'aujourd'hui sont très loin d'être aussi originales que celle de mon imagination enfantine. J'en suis d'ailleurs terriblement déçu!»

Steve Collins, étudiant en rédaction-communication

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«Je me souviens très clairement de ce matin à l'école, alors que j'ai 7 ans et que j'écris la date dans un cahier: 1977. Je regarde ce chiffre et je me dis : "Wow! en l'an 2000, j'aurai 30 ans!" Je me voyais presque comme une vieillarde qui aurait déjà la majeure partie de sa vie derrière elle, je serais donc trop vieille pour en profiter. Je croyais que tout serait comme dans Cosmos 1999. Qui aurait cru que je serais encore à l'école, à écrire la date dans mon cahier, et à me dire: "Wow! j'ai 30ans!" J'écoute encore Cosmos 1999, mais je suis déçue à chaque épisode parce que l'émission est tellement plus belle dans mon souvenir.»

Josée Boudreau,
étudiante en études françaises

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Au début des années60, un livre sur les sciences de la collection Marabout prédisait qu'en l'an 2000 il n'y aurait plus... de nuit! En effet, on annonçait que la Terre serait constamment éclairée par la lumière du Soleil réfléchie par les millions de satellites qu'il y aurait alors en orbite autour d'elle. Un autre rêve d'enfant qui s'évanouit pouvoir jouer dehors jusqu'à minuit tous les jours!

Jacques Viens, directeur
Bureau des communications

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«Été 1955. C'est l'temps des foins et du jardin; les corvées ne manquent pas et dans ma tête d'enfant je rêve de l'an 2000, quand je vivrai de loisirs vêtue d'un costume d'extraterrestre me déplaçant dans une machine volante exempte de corvées quotidiennes. Beaucoup d'années ont passé, peu de choses ont changé. À l'aube de l'an 2000, je regarde pousser mes fleurs et je me roule dans l'herbe avec mon petit-fils. Ce sont mes loisirs et je me prête parfois à rêver que j'ai 10 ans et qu'j'entends ma mère crier "Lison, c'est l'temps de sarcler".»

Lise Fortier, secrétaire de direction
Service des ressources humaines

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«Je suis déçu, car je viens de recevoir mon relevé Visa et j'ai payé 235$ pour des pneus d'auto. J'ai été trompé, car à 22 jours de l'an 2000, il me semble que les pneus ne devraient plus être en usage sur les automobiles. Je suis d'autant plus déçu que ce soir j'ai investi 1h30 de mon temps à préparer le repas familial et à nettoyer par la suite. Où donc est mon robot à tout faire? Il est vrai que je vis une période de civilisation de loisirs... On dirait que ce mot a une drôle de résonance à mon oreille. Comme si c'était un mot dans une langue étrangère. Que dire de l'habillement, des fins de semaine sur la Lune ou quelque autre planète et du travail à la maison?»

André Martel, étudiant à la maîtrise en sciences de l'éducation

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«À 10 ans, j'étais absorbé par un monde imaginaire qui me conduisait matin et soir dans une réflexion décrochée de la réalité, lorsque j'allais à l'école ou en revenait. Je m'adressais au béton qui m'entourait, aux arbres, mais n'avais pas encore formulé de questions conscientes sur la vie, et encore moins sur son prochain millénaire. Je n'avais pas encore découvert ma passion pour les oiseaux, même si mon grand-père m'y conduisait lentement sans le savoir, en m'envoyant des ailes d'oiseaux et en signant sarcelle.

André Cyr, professeur
Faculté des sciences

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«À 10 ans, ma vision de l'an 2000 était celle-ci. Je nous voyais tous vêtus d'aluminium et sans besoin de travailler. Une société de loisirs où les ordinateurs feraient le travail à notre place. J'étais loin de me douter que nous chaufferions encore nos maisons au bois.»

Jean-Pierre Roy, technicien
Services des immeubles

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«Le travail de mes parents faisait que nous vivions en Afrique dans les années 50-60, très loin de notre famille. Le courrier prenait des semaines et le téléphone était réservé aux mauvaises nouvelles. Je rêvais d'un monde où les communications seraient instantanées et bon marché, avec des appareils où l'on verrait l'interlocuteur. Ce rêve s'est réalisé au-delà de mes espérances, surtout grâce à Internet. Par contre, j'imaginais en l'an 2000 un monde où mes camarades africains auraient les mêmes avantages que nous dans la vie, mais ce rêve est plutôt devenu un cauchemar, surtout pour eux.»

Gilles Pelloille, responsable des communications
Bureau des communications

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«À 10 ans, lorsque le mot 2000 sonnait à mes oreilles, je voyais alors la terre s'écrouler. Ce ne pouvait être que la fin du monde. L'apocalypse. Des images d'horreur, traversées de cris et de pleurs, envahissaient mon espace mental. La terre s'effondrait. Plus tard, j'ai découvert que ces scènes ressemblaient étrangement aux tableaux de Jérôme Bosch, peints à la Renaissance. Désormais pour moi, l'an 2000, c'est plutôt l'exploration d'univers intergalactiques, de voyages interstellaires racontés par de nombreux auteurs de science-fiction, et vécus au fond de mon lit, au chaud, ou devant un grand écran. L'an 2000, c'est à la fois comme hier avec son lot de petits bonheurs et comme demain avec ses petites morts. L'an 2000, c'est à la fois tout cela et plus encore.»

Suzanne Pouliot, professeure
Faculté d'éducation

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«Plus que quelques jours... avant cet instant qui me semblait si loin il y à peine une décennie! Il faut dire que l'image que je m'en faisais était davantage impressionnante, puisque que j'aurais, au changement de millénaire, basculé dans le monde des adultes. Par contre, consciente de l'ampleur de l'événement, je me trouvais choyée de vivre un tel moment. Seulement une fraction de toute l'humanité a pu vivre un changement de millénaire... Mais, je me souviens aussi de la crainte que j'avais à voir ce passage coïncider avec l'apocalypse compte tenu des prédictions de tous ces charlatans inspirés par l'importance numérique de l'année en question. Par contre, ma mère, devant mes inquiétudes, a tôt fait de me rappeler que les dinosaures, eux, avaient bien vécu 65 000 changements de millénaire contre l'humanité qui, elle, n'en était qu'à son 3000e

Christine Dufour,
étudiante en génie mécanique

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«Je me disais qu'en l'an 2000 j'aurais 25 ans et que je serais vraiment vieille... J'aurais un bon emploi, un mari, une maison, je serais rendue à mon deuxième enfant, on s'habillerait de couleur argent, on pourrait se téléporter, on n'aurait plus à se faire à manger, on n'aurait qu'à prendre une pilule pour chaque repas, le peuple pourrait voyager régulièrement dans l'espace, et plein d'autres loufoqueries de la sorte. En regardant cela, je me rends compte que la seule vérité est le fait que j'ai réellement 25 ans, mais je ne me sens pas si vieille que je l'ai imaginé. D'ailleurs, c'est la seule chose que je pouvais prédire en ayant la certitude de ne pas me tromper... Je n'ai pas vraiment un bon emploi, j'ai un chum, un appartement, je n'ai pas encore d'enfants, je ne m'habille jamais dans les tons argent, je dois encore me taper les heures de voiture avec ma minoune, je dois me faire trois repas par jour et je ne voyage que très très rarement dans l'espace...»

Julie Tremblay, diplômée (1999)
Maîtrise en psychologie des relations humaines

Des bambins du Centre de la petite enfance tout petit toute petite. Julien Hudon (fils de la professeure Christine Hudon), Dominique Fizel, Andrée-Anne Fabi (fille de Lyne Fortin du BLEU), Xavier Beaudette, Zacharie Béliveau-Lefebvre et Florence Morasse (fille de Stéphane Morasse, étudiant au doctorat en chimie).

Photo SSE : Roger Lafontaine

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«Quand j'avais 10 ans et que je m'imaginais 47 ans plus tard, je me voyais très très vieille. Et je me rends bien compte aujourd'hui que je suis encore jeune, que je peux pratiquer beaucoup de sports: vélo, golf, ski de fond, randonnée, etc. Loin de m'imaginer que je travaillerais à l'extérieur de la maison, loin de m'imaginer que je serais une femme divorcée... et je pourrais en citer davantage.

Vivons pleinement journée par journée et n'essayons pas de voir dans 10 ans.»

Ginette Lamontagne, secrétaire
Faculté d'administration

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«Je me souviens d'avoir feuilleté un document écrit par le ministère de l'Environnement qui prévoyait que nous aurions à payer l'eau. Je crois que c'est ce qui m'avait le plus surprise, car, pour moi, l'eau est naturelle. Dans ma tête d'enfant, nous n'avions pas à payer l'eau, car cette dernière est un besoin essentiel pour tout être humain.»

Jocelyne Thuot, commis aux résidences
Services auxiliaires

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«Quand j'avais 10 ans, l'an 2000, c'était très loin. Je me voyais très vieux et je me disais que ça prendrait bien du temps pour s'y rendre. J'envisageais un monde de technologie très avancée où les voyages dans l'espace auraient été monnaie courante, dans le genre de 2001 Odyssée de l'espace. La société moderne aurait évolué en une société de loisirs où l'être humain aurait eu sa place et aurait été respecté. Tout aurait été possible en poussant un bouton du bout des doigts. Enfin, je croyais vraiment que la guerre serait chose du passé et que les sociétés seraient capables de régler leurs différends de façon civilisée.»

René Alarie, directeur
Service des immeubles

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«Si je m'étais arrêtée à penser où j'en serais en l'an 2000, j'aurais sûrement espéré être encore de ce monde. Pour moi, l'an 2000 n'est pas plus important que l'an 1944, l'année où je venais au monde. Tous les jours de ma vie sont importants et j'essaie de les vivre tous aussi intensément que si c'était le dernier. Malheureusement, plus nous nous modernisons, plus nous devenons matérialistes et nous oublions la raison pour laquelle nous sommes sur cette terre.»

Michelle Couture
Service de l'audiovisuel,
Faculté de médecine

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«Je pensais qu'en l'an 2000 je serais pas mal vieille, que j'aurais sûrement des enfants et que j'aurais eu le temps de faire le tour du monde. Je croyais qu'il n'y aurait plus de voitures et que les gens se déplaceraient en petits avions. À quelques jours du nouveau millénaire, je peux confirmer qu'aucune de mes prédictions ne s'est réalisée. Comme si on était vieux à 23 ans!»

Julie Mathieu,
étudiante au baccalauréat en psychologie

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«Ghislain, le jardinier de mes parents, a été mon vrai grand-père. C'était un ancien mineur de fond. Sa salopette grise et son foulard rose délavé avaient ce parfum mélangé de tabac et de terre fraîche qui me permettait de le reconnaître les yeux fermés. Il me montrait comment poussaient les poires sur les espaliers du verger et je l'aidais à monter au grenier les pommes qui se friperaient au cours de l'automne et que nous pourrions manger en compote à Noël, pour adoucir l'aigreur des airelles (qu'on appelle canneberges ou atocas ici au Québec). Parfois, je jouais à lui voler sa casquette. Alors il m'attrapait et me disait en riant : "Rends-la-moi vite sinon mes pauvres idées vont prendre froid." Un jour, je lui demandai quelles étaient ces idées qui risquaient le rhume. Songeur, il fit un signe vers un parterre couvert d'hortensias de différentes couleurs pastel et me dit : "Regarde comme c'est beau... et dire qu'en l'an 2000 tout cela sera en plastique...»

Jean-François Malherbe, professeur
Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie

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«Quand j'avais 10 ans, c'était en 1956, on ne pensait pas à l'an 2000. À cet âge, on regardait Flash Gordon à la TV pour les chanceux qui en avait une, car seulement 10 % de la population pouvait se le permettre alors. Mais l'émission que l'on aimait beaucoup ne nous amenait pas à rêver outre mesure au futur, car on se rendait bien compte que le tout était bien loin de la réalité. La science-fiction n'avait pas encore obtenu ses lettres de noblesse, car on était encore loin des livres et des émissions de radio ou de TV sur La guerre des mondes ou La machine à voyager dans le temps d'Orson Wells, 2001 Odyssée de l'espace, etc., sujets qui nous feraient rêver dans les années 60-65. Pour un enfant de 10ans d'alors, l'an2000 représentait un horizon trop lointain. Nos préoccupations étaient beaucoup plus terre à terre, comme jouer aux cow-boys et aux Indiens, surtout avec les filles, pour les "connaître un peu mieux". Non, l'an 2000 n'était pas dans nos pensées.»

Jean-Marie Bergeron, directeur
Maîtrise en environnement

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«À 10 ans, je croyais qu'en l'an 2000, la Terre serait beaucoup plus propre; plus personne ne serait affamé, ni violenté, ni abandonné. Tout le monde serait beau (les hommes surtout, parce qu'en ce qui concernait les femmes, c'était déjà fait). On l'aura compris, à 10ans, j'étais bien naïve. Puis, j'ai commencé à lire de la science-fiction, ce qui a tout changé. L'an 2000 d'Isaac Asimov, de Philip K. Dick ou d'Ursula LeGuin n'avait rien d'utopique. On continuait de se battre, de se quereller, de se mentir. Puis, j'ai vieilli et je me suis dit que, bon, il fallait bien que le lecteur moderne se retrouve dans la fiction, même futuriste. Je n'aime pas m'en vanter, mais l'an 2000, je l'ai déjà exploré. Le champagne, je l'ai sabré avec quelques badauds irradiés, quelques mutants équipés pour mieux survivre aux tempêtes interstellaires. Bref, cette année, je me contenterai d'une petite troupe de terriens humanoïdes et d'une soirée raisonnablement animée. Quant à ma soucoupe volante, eh bien, nouveau millénaire ou pas, elle est encore au garage et, je vous jure, il n'y a pas de quoi rigoler.»

Christiane Lahaie, professeure
Département des lettres et communications

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