LIAISON, 17 décembre 1998

Le témoignage bouleversant d'un martyr tibétain

On l'a battu jusqu'au sang. On lui a fracturé les membres. On l'a aspergé d'eau bouillante. On l'a suspendu au-dessus d'un feu, enduit de pétrole. Le moine tibétain Palden Gyatso a enduré pendant 33 ans les pires atrocités. Malgré toutes ces souffrances, il a toujours refusé de se soumettre aux autorités chinoises qui massacrent les Tibétains depuis une quarantaine d'années. Plus d'une centaine de personnes étaient présentes, lors de son passage à l'Université de Sherbrooke, pour entendre le témoignage poignant de ce martyr tibétain.

Invité par l'Association tibétaine des étudiants de l'Université de Sherbrooke (ATÉUS), Palden Gyatso a tracé les grandes lignes de l'histoire politique récente du Tibet avant de raconter, par l'intermédiaire d'une traductrice, l'histoire sordide de sa propre vie de prisonnier politique.

Il a été emprisonné, condamné aux travaux forcés et torturé pour avoir participé au soulèvement de 1959 des Tibétains contre l'occupation chinoise. Il a survécu à 33 ans de tortures, de violence et d'humiliation, parce qu'il voulait faire savoir au monde entier ce qu'il vivait.

Il a réussi à faire passer clandestinement des lettres décrivant les conditions atroces des résistants tibétains : des dizaines de prisonniers vivant dans une seule salle, menottés, gisant dans leurs excréments, affamés, torturés et condamnés aux travaux forcés dans les champs. Durant toutes ces années, Palden Gyatso a trouvé le courage de demeurer fidèle à sa culture et à son peuple, même si ses gestes de résistance lui ont valu des sévices corporels et une prolongation de peine.

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Dans sa biographie Le feu sous la neige publiée chez Actes Sud, le moine tibétain Palden Gyatso raconte comment il a été torturé pendant 33 ans au Tibet, dans des prisons et des camps de travaux forcés chinois. Sur la photo, il autographie l'exemplaire du président de l'Association tibétaine des étudiants de l'Université de Sherbrooke (ATÉUS), Benoît des Ligneris.
Photo SSE - Jacques Beauchesne
Défenseur de la liberté

Grâce aux pressions exercées par Amnistie internationale, Gyatso a été libéré de la prison de Drapchi au Tibet en 1992. Il s'est enfui en Inde en apportant des instruments de torture utilisés par ses geôliers. Depuis sa libération, il oeuvre bénévolement dans un camp de réfugiés tibétains en Inde et tente d'attirer l'attention de l'Occident sur les violation des droits de la personne au Tibet et en Chine. <<En Europe, cela prend une bonne raison pour tuer un animal. Au Tibet, on massacre les hommes pour aucune raison>>, a-t-il proclamé.

Gyatso est venu au Québec pour recevoir le prix John-Humphrey pour la liberté remis dans le cadre du colloque marquant le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Sa visite à Sherbrooke marquait le début d'une tournée de conférences canadiennes sur le sort réservé aux prisonniers tibétains.

Selon lui, les conditions des prisonniers au Tibet sont actuellement pires que jamais. Maintenant libre, Palden Gyatso soigne ses souffrances physiques et psychologiques et continue de dénoncer l'occupation chinoise sur toutes les tribunes, dans l'espoir que son peuple retrouve un jour la paix et l'harmonie.

Mouvement de sympathie pour la cause tibétaine

Le passage du moine Palden Gyatso a été orchestré par l'Association tibétaine des étudiants de l'Université de Sherbrooke (ATÉUS). Cette jeune association est née cet automne dans un mouvement de sympathie pour la cause tibétaine.

Avant la visite de Palden Gyatso, l'Association comptait environ 70 membres. La grande popularité qu'a connue cette conférence porte à croire qu'elle pourrait voir le nombre de ses membres s'accroître considérablement au cours des prochaines semaines.

Dans la foulée du mouvement international Students for a Free Tibet, l'ATÉUS vise à sensibiliser la population à la libération du peuple tibétain. Les membres de cette association désirent promouvoir la culture tibétaine et agir selon la tradition de compassion et de non-violence telle que pratiquée par les Tibétains.

L'ATÉUS produit un bulletin d'information périodique nommé Dharma et tient également un site Internet que l'on peut consulter à l'adresse suivante : http//www.mygale.org/07/atleus.

On y présente l'histoire du Tibet et le calendrier des activités de l'ATÉUS.

Sophie Vincent