10 septembre 1998

Écologie sans frontière au Mali
Un terrain formateur

Le 4 juin, Colette Ansseau, professeure d'écologie végétale au Département de biologie, et François Drouin, responsable des stages au Carrefour solidarité internationale (CSI), annonçaient en conférence de presse le départ pour le Mali des membres du groupe Écologie sans frontière. Trois mois plus tard, les huit bacheliers et les deux étudiantes à la maîtrise résident toujours dans deux petits villages maliens et travaillent à évaluer les impacts écologiques et sociaux des projets d'aide internationale. Le moral des troupes est excellent, malgré certains problèmes d'adaptation.
Colette Ansseau explique que leur venue dans le pays a été minutieusement planifiée par les deux organisatrices du projet, en l'occurrence elle-même et Lise Lafrance, conseillère pédagogique à la Faculté des lettres et sciences humaines, de façon à faciliter l'adaptation progressive des jeunes écologistes. La première semaine a été consacrée à la découverte de la capitale, Bamako, et de la région forestière environnante, le temps de prendre le pouls du pays. Une fois les contacts bien établis avec l'ONG locale, KILABO, le partenaire malien, le groupe a quitté la capitale pour effectuer une tournée de reconnaissance des villages où ils allaient travailler et habiter jusqu'en octobre.
Après cette prise de contact, le groupe a entrepris une tournée écologique qui les a menés du sud du pays, où l'agriculture malienne est concentrée, jusqu'à Gao, aux portes du désert, au nord.
mali.jpg (47310 octets)
Depuis juin, huit bacheliers et deux étudiantes à la maîtrise en environnement résident dans deux petits villages maliens et travaillent à évaluer les impacts écologiques et sociaux des projets d'aide internationale. Sept d'entre eux figurent sur la photo. Il s'agit de Clément Robidoux, Stéphanie Bessner, Valérie Guérette, Geneviève Beauchesne, Geneviève Vallières, Julie Cyr et Sébastien Duchesnes. On les voit ici déguster des zabans, sur la route reliant Boyan et Dioïla, en compagnie de leur chauffeur, à gauche, d'Halidou Maïga, un agronome, Adama Koné, un agropastoraliste de l'ONG KILABO, et de Colette Ansseau, professeure d'écologie végétale au Département de biologie de l'Université et coordonnatrice du groupe. Sont absents de la photo, Mélanie Bédard, Véronique Brondex, Franck Sirieix et Lise Lafrance, conseillère pédagogique à la Faculté des lettres et sciences humaines, également coordonnatrice du groupe.
Cette traversée du pays aura permis aux voyageuses et voyageurs de se familiariser avec la végétation naturelle et ses variations en fonction de celles du climat, ainsi que les différentes ethnies qui peuplent le territoire du Mali et leurs divers modes de vie et d'exploitation du territoire. On passe ainsi progressivement d'un mode de vie sédentaire avec une agriculture dépendante des pluies, à un pastoralisme de plus en plus nomade, à mesure qu'on traverse le Sahel en direction du désert.

Ce n'est qu'après ce tour d'horizon que les étudiantes et étudiants se sont installés dans leurs villages respectifs, Boyan pour six d'entre eux, Fassamana pour les autres.

Un "suivi écologique"
C'est précisément à ce moment que leur travail a débuté, un travail dont ils ont dû revoir les objectifs en fonction des difficultés rencontrées. Les dix étudiantes et étudiants se sont donné pour mission d'évaluer les retombées locales des programmes d'aide internationale financés par le CSI en tenant compte des liens étroits qui existent entre les aspects écologiques, sociaux et économiques. L'ensemble du stage est financé par une subvention de 135 000 $ de l'Agence canadienne pour le développement international (ACDI), ainsi que par des campagnes de financement organisées par les stagiaires eux-mêmes.

Comme l'expose Colette Ansseau, l'activité est le prolongement parfait de la formation universitaire que les étudiantes et étudiants ont reçue lors de leurs études en écologie et notamment par le cours d'écologie internationale qui les a préparés à travailler sur la scène internationale. "C'est une expérience extraordinaire qui les aidera à relever les vastes défis de terrain qui les attendent", ajoute-t-elle. Déjà, assure Lise Lafrance, les futurs chercheurs et consultants en écologie ont dû trimer fort pour atteindre les objectifs qu'ils s'étaient fixés, les conditions matérielles difficiles les forçant à les revoir sans cesse et à faire preuve de débrouillardise et d'imagination.

Une adaptation compliquée
En effet, dans les villages, les conditions de vie sont précaires. Malgré toutes les précautions prises avant leur départ et à leur arrivée, la plupart des étudiantes et étudiants ont contracté une maladie, crises de malaria pour certains, fièvres et problèmes gastriques pour d'autres. Il faut dire que leur environnement est propice à l'infection. Ils vivent dans des maisons de terre, mangent une nourriture élémentaire et dorment sur des matelas en mousse, enveloppés d'une moustiquaire. Heureusement, leur état de santé s'est normalisé grâce aux bons soins des médecins établis dans les hôpitaux et dispensaires.

Outre la maladie, plusieurs facteurs sont venus compliquer leur adaptation. La barrière de la langue notamment. Dans les villages, rares sont ceux qui parlent français. Même si les étudiantes et étudiants avaient pris soin d'apprendre les rudiments de la langue bambara avant leur départ, le langage gestuel s'est avéré le meilleur moyen de communication. Mais le plus grand obstacle est d'ordre socioculturel, comme le précise Lise Lafrance. Au Mali, les femmes sont des citoyennes de seconde zone. Une situation qui a suscité son lot de frustrations pour les neuf femmes du groupe, parmi lesquelles figurent les deux responsables.

En effet, au Mali, il est courant que les hommes préfèrent discuter entre eux et n'adressent que très rarement la parole aux femmes. Quand l'une d'elles s'immisce dans leur conversation, ils changent de sujet et se font moins bavards. Aussi, il n'est pas rare de voir un homme refuser de serrer la main à une femme. Et qui plus est, de façon générale, le leadership et la responsabilité sont la chasse gardée des hommes. Comme le précise Colette Ansseau, au Mali, un homme semble bien avoir toujours plus de crédibilité qu'une femme. Une injustice qui dérange et qui a fait réfléchir les stagiaires : les femmes, mais aussi les hommes.

Le Mali
Le Mali est l'un des dix plus grands territoires du continent africain. Il n'a aucun accès à la mer et plus de la moitié nord du pays est une zone désertique où l'agriculture est impraticable. La population du Mali est à majorité musulmane (90 p. 100), jeune (55 p. 100 des Maliens ont moins de 15 ans) et rurale. La langue officielle est le français, mais le bambara est la langue nationale, même si une dizaine d'autres langues sont couramment parlées. Le taux d'alphabétisation ne dépasse pas 32 p. 100. La culture malienne doit beaucoup aux griots traditionnels qui transmettent de village en village et de génération en génération la mémoire du peuple. L'artisanat y est séculaire et se concrétise dans les objets rituels, masques et statues utilisés principalement lors des cérémonies traditionnelles.
Charles Vincent

Bamako, vendredi 14 août 1998, 16:31:35

Bonjour Colette,

Il nous a fait très plaisir d'avoir de tes nouvelles et de constater que tu vas bien. Nous sommes contentes que notre proposition de recherche soit OK. Il serait important pour nous que tu nous faxes nos propositions car nous n'avons pas d'autres copies ici et Kilabo voudrait en avoir une.

Pour ce qui est du document écrit qui démontre qu'on a atteint les objectifs de ENV 797, il ne nous sera pas possible de rédiger ce document au Mali car le document est reparti avec Lise et nous n'avons pas le temps ni les facilités pour travailler à l'ordi.

On part sur le terrain demain matin et il reste beaucoup de travail à faire (obj. socio) et au retour (24 sept.), on doit rencontrer d'autres organismes, entre autres l'ICRAF dont tu dois contacter le coordonnateur. Il nous sera possible de recevoir des mails et fax au village, mais nous ne pourrons pas t'en envoyer. On te redonnera des nouvelles à notre retour à Bamako, donc pas de nouvelles, bonnes nouvelles...

La tendance des membres du groupe : ils sont déjà de retour dans les villages depuis une semaine. Ils sont très satisfaits de l'encadrement de Kilabo; la santé est bonne : pas de problèmes majeurs; l'intégration se fait bien, même s'il n'est pas toujours facile d'être une femme au Mali...

À bientôt!

Salue tout le monde pour nous.
Tout le monde ici te dit bonjour.
Profite du maïs et des pommes pour nous...
Julie et Véro xx