Clinique Pierre-H.-Ruel
Pour contrer le décrochage scolaire et les troubles d'apprentissage

Le Secteur adaptation scolaire et sociale de la Faculté d'éducation a fait d'une pierre trois coups avec la mise sur pied de la Clinique Pierre-H.-Ruel. Le centre, qui poursuit des objectifs de formation, d'intervention et de recherche, vise à aider les enfants ayant des difficultés d'apprentissage ou d'adaptation affective et sociale en contexte scolaire.

Au Québec, 8 p. 100 des enfants d'âge scolaire présentent des difficultés d'apprentissage allant de légères à graves. Lorsqu'un enfant présente des difficultés, c'est souvent le symptôme d'autres dysfonctionnements, estime Philippe Jonnaert, responsable de la clinique et professeur au Département d'éducation spécialisée. <<Ces enfants vivent des situations de stress épouvantable et il y a la pression et l'angoisse des parents. De plus, ils savent qu'ils sont différents des autres enfants et, à l'école, on épingle malheureusement ces différences de façon négative>>, affirme le professeur.

Au centre, il n'y a pas de course à la performance. On y travaille avec des jeunes du primaire et du secondaire qui ont des difficultés dans les apprentissages de base en français et en mathématiques. Tout comme Philippe Jonnaert, Renée Latulippe, coordonnatrice de la clinique, croit que les enfants vivent déjà assez de pression. L'objectif à atteindre, selon elle, c'est de remettre l'enfant en route et ce, en toute confiance et de façon constructive. <<Il faut faire vivre une réussite à l'élève pour que graduellement la confiance s'installe>>, conseille-t-elle.

Construire à partir des éléments positifs de l'enfant

Ouverte depuis le 1er octobre, la Clinique Pierre-H.-Ruel, qui accueille les élèves gratuitement, a déjà reçu près de 40 demandes. Actuellement, l'équipe de recherche a commencé les sessions d'aide auprès d'une vingtaine de jeunes et campe son plan d'intervention sur les forces de l'enfant plutôt que sur son dysfonctionnement. Pour Philippe Jonnaert, essayer d'intervenir à partir des éléments négatifs ne sert à rien. <<Je ne peux pas construire un mur sur une fissure, mais je peux repérer tout ce qui tient autour de la fissure pour ensuite la réparer>>, estime le responsable du centre.

La clinique regroupe toutes les équipes de recherche traitant des problèmes d'adaptation scolaire et sociale et crée un centre d'excellence se rapportant aux difficultés d'apprentissage et d'adaptation affective et sociale en contexte scolaire. Ce faisant, les enseignantes et enseignants du Secteur adaptation scolaire et sociale ont créé un lieu de recherche et de formation pour les étudiantes et étudiants ainsi que d'action auprès des enfants en difficultés. Pour l'équipe de recherche, la clinique est une mine extraordinaire de données et représente une banque concrète de situations pour offrir un enseignement pratique aux étudiantes et étudiants fréquentant les programmes de premier, deuxième et troisième cycles offerts par le Département d'éducation spécialisée.

Des efforts de financement

L'équipe de recherche, qui travaille bénévolement, prépare une demande de subvention pour la recherche. Si la clinique n'est pas en moyens pour l'instant, elle a toutefois reçu l'aide de l'Université pour les locaux. La Faculté d'éducation, quant à elle, a débloqué un budget qui permettra à l'équipe d'acheter du matériel vidéo pour observer les comportements des enfants et retravailler les interventions avec les étudiantes et étudiants du Secteur adaptation scolaire et sociale.

Selon Philippe Jonnaert, c'est entre autres grâce aux efforts et au dévouement exceptionnel de Renée Latulippe, la coordonnatrice, et de Martine Gélinas, responsable pédagogique de la clinique, si le centre peut actuellement fonctionner. <<Renée est allée frapper aux portes de l'Université pour obtenir ce dont on a besoin pour fonctionner>>, indique le professeur. C'est également elle qui a recueilli le matériel didactique auprès de professeurs et de maisons d'édition afin d'intervenir adéquatement auprès des enfants en difficulté. Martine a d'emblée assuré avec une douzaine d'étudiantes et d'étudiants l'accueil des enfants.>>

La Clinique Pierre-H.-Ruel demande beaucoup d'énergie à ses membres, mais les motivations de chacune et chacun ont su rassembler les professeures et professeurs autour d'un projet pour aider les enfants à surmonter leurs problèmes d'apprentissage.

France Gaignard

Vignettes

Philippe Jonnaert, responsable de la Clinique Pierre-H.-Ruel, explique le fonctionnement du matériel qui est utilisé avec les enfants ayant des difficultés dans l'apprentissage du français.

Georgette Ruel a coupé le traditionnel ruban, ouvrant ainsi officiellement la Clinique Pierre-H.-Ruel sous les regards ravis de Philippe Jonnaert, professeur à la Faculté d'éducation, Martine Gélinas, responsable pédagogique de la clinique, et Renée Latulippe, coordonnatrice.