Des mathématiques... pas de problème!

Les mathématiques ne sont désormais plus un casse-tête abstrait pour les étudiantes et étudiants en première année du baccalauréat en adaptation scolaire et sociale (BAS). Il y a deux ans, Philippe Jonnaert, professeur au Secteur adaptation scolaire du Département d'éducation spécialisée, a mis sur pied un cours pour réconcilier les étudiantes et étudiants avec les mathématiques.

Selon le professeur, plusieurs étudiantes et étudiants arrivent très mal préparés pour le programme qui comprend 17 crédits de mathématiques. "Parfois, certains n'ont plus fait de mathématiques depuis le secondaire IV", note-t-il.

Philippe Jonnaert, qui développe des recherches autour des apprentissages de base en mathématiques, en a profité pour analyser comment les étudiantes et étudiants conçoivent les mathématiques. Résultat : pour eux, les mathématiques se réduisent aux opérations arithmétiques, alors que lui y voit un outil souple, ouvert et efficace pour comprendre son environnement et ce qui se retrouve autour de soi. Ce cours permet donc aux étudiantes et étudiants de première année de redécouvrir toute une série de concepts de base selon un processus de compréhension des mathématiques.

Un cours pratique qui donne des résultats

Avant la mise en marche de ce cours, au moins un étudiant sur deux éprouvait des difficultés, estime le professeur. Maintenant, le taux de réussite est de 90 à 95 p. 100 et les étudiantes et étudiants maîtrisent bien les concepts de base.

Le contenu du cours se présente sous forme de problèmes à résoudre et plutôt que de fonctionner en cours magistral, les étudiantes et étudiants travaillent avec des tutrices et des tuteurs. Ainsi, un groupe de huit étudiantes et étudiants est jumelé avec un condisciple de 3e année du baccalauréat qui a d'excellents résultats dans ses cours de mathématiques. Pendant deux heures, deux fois par semaine, le groupe bûche sur des problèmes concernant un concept mathématique précis. Ensuite, le professeur reprend le grand groupe pour faire une synthèse théorique du concept du jour.

Ah! Les mathématiques!

"Le problème avec les mathématiques, c'est qu'on arrive dans un langage abstrait et on a vite perdu ce que représente ce langage", soutient Philippe Jonnaert, qui croit qu'on ne doit pas décontextualiser le langage mathématique. "C'est comme si on nous apprenait à faire des gammes de musique sans jamais jouer de la musique", explique-t-il.

Afin que les élèves ne confondent pas l'objet et sa représentation, le professeur prépare des problèmes où les concepts sont contextualisés. De cette façon, les étudiantes et étudiants sont à même de comprendre ce que signifie, par exemple, le chiffre cinq et à quoi servent les mathématiques. Pour le professeur, travailler par résolution de problèmes, c'est a priori aborder les concepts mathématiques en situation.

Les étudiants, qui deviendront orthopédagogues, devront intervenir auprès de jeunes en difficulté d'apprentissage, et c'est pourquoi ils doivent parfaitement maîtriser les disciplines. En effet, le professeur de mathématiques s'imagine mal comment on peut enseigner des matières qu'on ne comprend pas soi-même et encore moins comment aider un enfant en difficulté d'apprentissage. "Le plus incroyable, c'est que les erreurs que l'on retrouve chez les étudiantes et étudiants du BAS sont souvent du même ordre que celles qu'ils devront traiter avec les enfants", conclut Philippe Jonnaert.

France Gaignard

Vignette

Philippe Jonnaert, professeur au Secteur adaptation scolaire du Département d'éducation spécialisée, cherche à comprendre la conception des mathématiques qu'ont les étudiants afin de combler leurs lacunes.