Il était une fois, l'art...

Afin que ses étudiantes et étudiants soient bien outillés face aux oeuvres d'art, le Département des lettres et communications de l'Université a apporté quelques modifications à son certificat d'arts visuels et a instauré un microprogramme d'histoire des arts visuels.

Chacun des cours offerts au certificat a été révisé de façon à ce qu'il y ait un ajout de la dimension fonctionnelle de l'image et de l'objet à celle de l'expression créatrice. Ce qui veut dire qu'en plus de créer, les étudiantes et étudiants seront dorénavant amenés à réfléchir sur les fonctions que pourraient avoir leurs oeuvres dans un contexte communicationnel (affiches, publicités, etc.). En établissant un lien avec la dimension fonctionnelle, ce certificat s'intègre davantage au Département des lettres et communications et pourra y jouer un rôle plus important.

Un microprogramme de quatre cours théoriques a également été instauré. On y retrouve les cours L'art : préhistoire au Moyen Âge, L'art : Renaissance au post-impressionnisme, L'art : début du XXe siècle jusqu'à nos jours, Lecture et analyse de l'oeuvre d'art.

Les étudiantes et étudiants du certificat pourront eux aussi bénéficier de ces cours. Selon leur préférence, ils auront la possibilité de diriger leur formation soit vers le bloc théorie ou le bloc pratique. Ils seront également invités à combiner ces deux derniers s'ils le désirent. <<Cet ajout théorique peut amener une nouvelle clientèle, qui n'est pas nécessairement intéressée à la pratique elle-même, mais plutôt à la sensibilisation au niveau des images de l'art>>, constate Diane Boudreault, responsable du certificat d'arts visuels à la Faculté des lettres et sciences humaines. Ces changements contribueront à établir un équilibre plus marqué entre la pratique, la théorie et la critique.

En plus de tout cela, le certificat d'arts visuels a su établir une étroite collaboration avec le milieu de diffusion de l'art. Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke et la Galerie Horace tenteront d'orienter leur programmation, de façon à ce que plus d'événements rejoignent les goûts des étudiantes et étudiants.

L'impact

<<À travers la théorie, les gens sont surpris de l'impact sur leur propre pratique>>, explique Diane Boudreault. <<L'aspect théorique introduit une multitude de nouvelles notions qui sont très intéressantes, ajoute Pierrette Jutras, chargée de cours. Ce sont des notions que l'on retrouve en communication, en littérature, en philosophie, en psychologie...>>

Le cours Lecture et analyse de l'oeuvre d'art a été ajouté, entre autres, pour les gens qui aimeraient approcher les oeuvres d'art, mais qui ne se sentent pas assez outillés pour s'aventurer dans un musée. Dans un tel cours, les étudiantes et étudiants apprendront comment s'abandonner à l'art. <<Même si on ne peut pas tout analyser d'une oeuvre d'art, tout ce qu'on peut découvrir rend la démarche intéressante>>, raconte Pierrette Jutras.

Les amateurs d'art seront amenés à se poser les bonnes questions, en tenant compte du contexte dans lequel le discours se place, en faisant des interventions liées à d'autres domaines, en étudiant les influences des artistes, en observant la localisation de l'oeuvre, en établissant le rapport spatial et esthétique qu'ils ont avec l'objet... Selon Pierrette Jutras, l'art est quelque chose que l'on construit différemment, selon la culture à laquelle on appartient.

La chargée de cours n'entend pas donner de recette magique à ses étudiantes et étudiants, pas plus qu'une grille d'analyse infaillible, puisqu'il n'en existe pas selon elle. Elle veut plutôt les faire jouer avec les concepts et leur faire prendre conscience des points de vue qui sont présupposés par plusieurs manières de voir l'oeuvre. <<En leur fournissant de bons moyens de repérage, nous voulons que les étudiantes et étudiants puissent s'engager devant n'importe quelle oeuvre sans panique>>, commente-t-elle.

Riopelle

Piroche, une oeuvre de Riopelle datant de 1976, compte parmi la collection de l'Université et habite la salle du Conseil. En jetant un oeil sur une photo de l'oeuvre, Pierrette Jutras a décelé une suggestion de paysage. <<À l'arrière-plan, des traces suggèrent un langage, alors que ce qui est au milieu suggère de la spontanéité, c'est désorganisé. La spontanéité se fait sur un ton de langage>>, décrit l'experte.

Parce que le rapport avec une oeuvre est différent en personne, Pierrette Jutras s'est ensuite dirigée vers la salle du Conseil. Sur place, elle a remarqué que les traces de langage étaient moins évidentes : <<D'un point de vue sociologique, le fait que le tableau soit accroché dans la salle du Conseil nous prédispose à associer un sens compatible avec le lieu et les gens qui s'y réunissent.>>

Même si on réussit à lire et à analyser une oeuvre, il semblerait qu'il subsiste toujours un côté mythique. Diane Boudreault et Pierrette Jutras sont d'avis que cela contribue, entre autres choses, à la beauté de l'art.

Virginie Duval

Vignette

Diane Boudreault, responsable du certificat d'arts visuels à la Faculté des lettres et sciences humaines, et Pierrette Jutras, chargée de cours, examinent Piroche, une oeuvre de Riopelle datant de 1976, qui compte parmi la collection de l'Université.