Madagascar grandeur nature!

Trois mois de vie malgache. Ceci représente bien l'expérience que les membres d'Écologie sans frontière ont vécue cet été. Partis en stage de fin d'études en écologie, les neuf étudiantes et l'étudiant en biologie ont eu la chance d'en voir de toutes les couleurs... et les Malgaches aussi! Une des participantes, Catherine Frizzle, partage ses souvenirs...

Quand, en janvier 1996, Colette Ansseau, professeure d'écologie végétale au Département de biologie, nous a proposé un projet de stage à Madagascar, nous ne savions pas trop dans quoi nous nous embarquions. Mais, tous à la recherche d'aventures, nous nous sommes lancés dans ce périple qui nous transportait dans cette grande île africaine toute en couleurs.

Notre stage consistait à évaluer la rentabilité de fours à briques d'argile conçus par des ingénieurs de l'Université de Sherbrooke et l'impact de l'extraction de l'argile sur les rizières. Un volet couvrait également la valorisation de la jacinthe d'eau. C'est grâce à de nombreux commanditaires, dont l'Agence canadienne de développement international, le Centre de recherche en développement international, le Comité Solidarité Trois-Rivières, Québec Fer et Titane et bien sûr, l'Université de Sherbrooke que nous avons effectué ce stage en écologie internationale.

Assez frappant comme contraste...

Le fait de travailler avec des gens d'une culture différente nous a apporté autant de plaisir que de rajustements sur notre façon de raisonner devant un problème. Les Malgaches sont des gens très sympathiques, très courtois, mais ils savent également prendre le temps de... prendre le temps! Mora mora, c'est la traduction malgache de <<lentement>>! Quand on revient dans notre culture avec la vitesse de croisière malgache, on a l'impression de tomber sur une autoroute où les autres roulent à 100 milles à l'heure alors que nous venons à peine de faire démarrer notre moteur! Assez frappant comme contraste. Mais ce que nous retenons de cette expérience, c'est que ni notre société ni la leur n'est meilleure, elles ne sont que différentes. Et si on ne s'adapte pas au mode de vie de l'endroit où l'on se trouve, c'est là qu'on devient dysfonctionnel!

Vous savez, toute la technologie des pays industrialisés peut faire peur quand on n'y est pas habitué. Je dois vous dire qu'après avoir vécu trois mois dans un pays en voie de développement, nous étions aussi surpris que les Malgaches de voir les touristes débarquer avec leurs accessoires jet set! Je me souviens aussi de notre dernière excursion dans le sud de l'île où les guides arrêtaient à tous les points d'intérêt touristique pour qu'on puisse prendre des photos. Personne de notre groupe ne prenait de photos... pas très touristes, les touristes! Nous avons chacun à notre façon pénétré dans la vie malgache selon notre goût de l'aventure et notre ouverture d'esprit, mais certes, nous n'avions pas l'allure de touristes après trois mois.

Et pourtant, de retour chez soi, on apprécie vraiment les petits détails de la vie quotidienne. Un simple geste qui fait toute la différence : faire couler de l'eau du robinet et la boire immédiatement. Quel délice!

Culture distincte

Je suis en mesure d'affirmer que la culture québécoise est distincte, même que les gens, à certains endroits, nous abordaient en anglais. Sans offense aux Français, je crois que les Malgaches ont trouvé qu'on ne leur ressemblait pas trop! Madagascar est un pays dont la deuxième langue officielle est le français. Issus d'une colonisation française, les Malgaches ont gardé l'accent... loin de ressembler à l'accent québécois! On comprend vite qu'il faut adopter un français international et aller à l'essentiel. Négocier avec les chauffeurs de taxi est devenu activité courante pour nous. Au début, on prenait le taxi à n'importe quel prix, mais plus notre séjour avançait, plus on comprenait le principe. <<Mais faites un p'tit effort>>, qu'ils disaient. Ça se voit, nous sommes blancs, nous sommes donc automatiquement plus riches qu'eux. C'est une dure réalité pour des gens qui avaient à peine voyagé auparavant.

Les enfants là-bas sont passés maîtres dans l'art de demander de l'argent aux vazahas (étrangers blancs). Mais quel plaisir de pouvoir donner 100 francs malgaches, à peine trois sous, et de voir le sourire s'installer sur les lèvres du petit garçon qui vous court après depuis trois mois déjà. Le sourire des gens, la beauté particulière des rizières, la terre rouge de cette île, les lémuriens qui viennent vous voler des bananes, sans compter les douches froides, les croquants dans le riz, les poules qui courent partout, les taxis, surtout les taxis-brousse dont on sous-estime à la fois la capacité en nombre de passagers et celle de nous rendre à destination, les prix gonflés pour le vazaha, tous ces éléments, en plus de tous ceux qui nous reviennent tranquillement en mémoire, ne font qu'augmenter notre goût de renouveler l'expérience.

Écologie sans frontière se poursuit cette année, mais s'oriente plutôt vers le Mali. Les étudiantes et étudiants de troisième année de biologie ont entrepris leur recherche de financement et ont certainement besoin de votre aide. Pour connaître leurs activités ou pour plus de renseignements, contactez Frank Sirieix au 346-8595.

Catherine Frizzle

Vignettes

Stéphan Doucet et Christine Frizzle pèsent la quantité de bois qui sera utilisée pour alimenter le four à briques, pendant leur stage en écologie à Madagascar.