Un robot intelligent

Qui n'a pas rêvé un jour d'avoir à la maison un robot s'acquittant des tâches disons moins passionnantes, comme passer l'aspirateur ou sortir les ordures? Froduald Kabanza, professeur au Département de mathématiques et d'informatique à la Faculté des sciences, croit que l'on pourra s'offrir d'ici dix ans des robots domestiques.

<<En poussant la technologie pour abaisser les coûts de production, on peut imaginer que l'on croisera plus de robots dans la vie quotidienne, dans les entreprises notamment>>, mentionne le chercheur.

D'ici là, plusieurs étapes sont à franchir. S'il prédit un avenir intéressant aux robots, Froduald Kabanza s'applique actuellement à rendre plus intelligent un robot fabriqué en série par une compagnie américaine. Avec deux étudiants informaticiens, Khaled Ben Lamine et Kaddour Boukerch, le professeur effectue des recherches pour créer un programme qui pilote le robot de manière automatique. Les données entre l'ordinateur et le robot sont échangées par radio. Avec ses cinq yeux ultrasons, l'appareil transmet ce qu'il voit à l'ordinateur.

<<On peut donc lui demander de se promener dans les corridors sur une distance de 50 à 100 mètres, d'éviter les obstacles et de revenir au point de départ. Nous pouvons suivre à l'écran le trajet qu'il effectue. Une caméra et un bras articulé pourraient être ajoutés au robot, ce qui lui permettrait de saisir et de rapporter des objets>>, précise Froduald Kabanza.

Un robot autonome

Les étudiants composent les programmes informatiques de guidage du robot. Froduald Kabanza affirme que plusieurs programmes sont nécessaires pour assurer l'autonomie du robot. Il faut au préalable enregistrer les données inhérentes à l'immeuble dans lequel l'appareil circule.

<<Nous étudions actuellement ce type de problème, c'est-à-dire constituer des plans en enregistrant des données retransmises par le robot. Un programme technique de planification est nécessaire pour qu'il puisse effectuer des tâches. Le robot se doit de réagir et de prédire les obstacles. Il s'agit donc pour lui d'assimiler les endroits où se trouvent les obstacles. Le robot doit ajuster les plans s'il se rend compte qu'il y a des objets devant lui. C'est un problème de planification auquel nous sommes confrontés>>, a révélé le professeur.

Outre l'étape de la planification, plusieurs problèmes se posent et les trois chercheurs se concentrent sur certains d'entre eux. Plusieurs processus sont nécessaires pour faire fonctionner le robot, entraînant une multitude de sous-tâches. On trouve entre autres des processus pour éviter les objets, faire avancer ou reculer l'engin.

<<En partie, ces programmes ne sont pas si précis, souligne le professeur. Il est possible que les informations données soient contradictoires. Dans ce cas, le robot reste bloqué. On doit donc ajouter un autre processus et établir un procédé historique pour générer l'action, ce qui n'est pas prévu par les processus de base. Nous devons donc avoir un processus qui va cibler l'action du robot.>>

Trouver des solutions originales

Froduald Kabanza soutient que les problèmes que son équipe tente de résoudre ne se limitent pas à la taille du robot. En trouvant des solutions, les chercheurs amèneront le robot à circuler sans être téléguidé. <<C'est une idée originale que nous développons à l'Université de Sherbrooke. Néanmoins, beaucoup de chercheurs travaillent sur des problèmes analogues en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Nous pouvons donc arriver en bout de ligne avec les mêmes résultats, mais avec des approches différentes. De notre côté, nous voulons d'abord obtenir des solutions originales et voir dans quelle mesure nous pouvons transférer ces connaissances dans le milieu.>>

S'il rêve de voir un jour des robots qui seront utilisés sur une base plus régulière par les humains et ce, dans un avenir rapproché, le chercheur soutient qu'ils seront là pour aider les gens, mais non pour les remplacer. Ces petits engins offriront maintes possibilités pour améliorer la qualité de vie des gens tant en entreprise qu'à la maison. À long terme, les recherches peuvent amener des robots avec une intelligence supérieure qui pourront par exemple effectuer une série de tâches pour les personnes handicapées.

<<Ce qui nous intéresse, c'est l'évolution! Nous pourrions ajouter des commandes vocales et gestuelles qui permettent, par la voix et les gestes, d'indiquer au robot les règles à suivre. On peut donc imaginer des robots qui livrent le courrier dans les entreprises ou encore d'autres qui vont dans des endroits peu sécuritaires dans les industries. Les possibilités d'évolution du robot représentent un avantage certain. Nous prévoyons que nos recherches déboucheront dans quatre ou cinq ans sur une série d'applications pratiques>>, signale-t-il. Les recherches du professeur Kabanza sont subventionnées par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche.

Sylvie Pion

Vignette

Kaddour Boukerch et Khaled Ben Lamine, deux étudiants informaticiens, entourent Froduald Kabanza, professeur au Département de mathématiques et d'informatique à la Faculté des sciences, lors d'une démonstration des talents de leur nouveau robot.