Étude sur la restructuration et la gestion universitaire

L'étude de la Fédération étudiante de l'Université de Sherbrooke (FEUS) sur la restructuration et la gestion universitaire qui s'intitule L'avenir de l'Université de Sherbrooke : redéfinir les règles du jeu et jouer la carte de la qualité, a été déposée le 25 novembre. En plus de tracer un portrait de la situation du monde universitaire en 1996, elle dégage des pistes de solutions aux problématiques auxquelles l'Université doit faire face. L'Université y est donc scrutée à la loupe, autant sur le campus qu'à l'échelle de la province.

<<Évidemment, l'université québécoise n'évolue pas en vase clos, souligne le communiqué de la FEUS accompagnant le document. Elle doit faire concurrence à d'autres universités d'un peu partout sur le globe. Dans cette logique, une meilleure complémentarité du réseau universitaire permettrait d'atteindre une plus grande compétitivité internationale.

<<De mémoire d'homme, les étudiants se sont toujours battus pour un plus grand transfert de crédits entre les universités. Les universités se font la compétition entre elles, s'arrachant la clientèle, en diluant le potentiel professoral par une superposition de programmes presque similaires et une non-optimalité des ressources allouées au réseau. Cette mesure, ainsi qu'une plus grande spécialisation des universités, contribueraient à atteindre ce but.>>

L'étude se divise en quatre chapitres étroitement reliés entre eux. On y présente tout d'abord la vision de la FEUS concernant le réseau universitaire québécois. Trois grandes questions ressortent de la toile de fond. Les programmes des universités québécoises sont-ils trop identiques d'un établissement à un autre? La collaboration interuniversitaire est-elle possible? Enfin, l'université d'aujourd'hui doit-elle mettre toutes ses énergies dans la formation professionnelle, refléter plutôt l'image d'un institut de recherche ou opter pour les deux? L'étude tend à démontrer que la collaboration des établissements québécois devra être plus fonctionnelle, afin que tous ensemble ils forment un réseau mondialement plus compétitif.

La Fédération analyse ensuite la structure de financement universitaire, en examinant notamment les incitatifs et les méthodes actuelles. Les différentes formes d'organisation et de financement, de même que les tendances de l'enseignement universitaire sont aussi abordées. On compare par la suite le système québécois à ceux d'autres provinces canadiennes et de différents pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). De plus, la FEUS dénonce certaines faiblesses du système québécois et propose des solutions.

Comme l'explique le communiqué : <<La réalité universitaire s'inscrit aussi autour d'un contexte de coupures. En ce sens, il est déplorable que les instances administratives aient abandonné la lutte aux coupures pour adopter la même façon de faire que les gouvernements : pelleter les déficits dans la cour du voisin. Il serait important de garder en mémoire les éventuelles conséquences, doublement négatives pour une université de région comme la nôtre, avant de s'engager dans la voie facile du dégel des frais de scolarité.>>

La qualité de l'enseignement et la tâche professorale

Le chapitre deux traite de la qualité de l'enseignement donné à l'Université de Sherbrooke. Une évaluation de l'enseignement, des méthodes d'enseignement privilégiées sur le campus et de la possibilité de collaboration entre les facultés est effectuée. <<Il apparaît aujourd'hui que l'université québécoise ne remplit pas totalement les objectifs primordiaux qu'elle s'est donnée, peut-on lire dans le communiqué. Il faudra absolument qu'elle se réforme pour développer l'esprit d'analyse et de critique des étudiants.

<<Pour ce faire, elle devra cesser de prodiguer un enseignement uniforme (ou chloroforme!) qui prend davantage l'étudiant pour un automate apte à appliquer des notions que pour des gens aptes à un raisonnement et à une recherche pour solutionner des problématiques actuelles. Dans cette optique, l'APP (l'apprentissage par problème) s'avère une initiative fort constructive. D'autres facultés que celle de médecine ne peuvent toutefois pas se targuer d'un tel processus d'apprentissage. Les méthodes d'enseignement existantes ne se limitent pas seulement à l'exposé magistral.>>

Vient ensuite l'observation de la tâche professorale. On y aborde successivement la formation des professeures et professeurs, le rôle et la pertinence des chargées et chargés de cours, ainsi que l'impact d'une équipe pluridisciplinaire dans l'interaction entre le professeur et l'étudiant. Des propositions visant l'amélioration de la tâche des professeurs et des chargés de cours sont présentées. La FEUS dépeint en outre le lien existant entre la recherche et l'enseignement. Elle insiste particulièrement sur la recherche et les études de premier cycle, sur la recherche effectuée dans d'autres universités du monde et sur son financement.

La formation à distance, les nouvelles technologies et la documentation disponible à la bibliothèque

Le chapitre trois démythifie la formation à distance. Il est ainsi question de la télé-université et de la vidéoconférence. Le domaine des nouvelles technologies est aussi abordé. On y présente les pratiques déjà existantes, les craintes et avantages que celles-ci occasionnent, de même que leur pertinence dans la formation. Enfin, un bref aperçu de l'intégration de ces technologies aux États-Unis est exposé. Cette partie porte de plus sur la documentation offerte à la bibliothèque et sur le budget de cette dernière. Une esquisse de la vision à long terme de la bibliothèque clôt ce chapitre.

L'administration des structures, l'admission et le contingentement, les différents campus de l'Université et la réingénierie

Dans le chapitre quatre, la Fédération analyse l'administration des structures de l'Université. Elle démontre la possibilité d'effectuer des changements en mesure d'améliorer la qualité de l'institution. Les sujets de l'admission et du contingentement sont par la suite étudiés. Plus loin, se pose un questionnement sur la nécessité de maintenir les activités de l'Université dans la région de la Montérégie. On s'attarde également au changement que la direction doit gérer, si elle veut que l'institution survive, et à l'optique dans laquelle elle devrait le faire. Finalement, on aborde la question de la réingénierie et ses principes directeurs.

La FEUS suggère une université d'équilibre. <<Équilibre entre ce qu'hier demandait et ce que demain exigera. Sans cesse et depuis fort longtemps, elle est sur une voie de changement qu'elle-même a nourri. Il est toutefois temps qu'elle s'y adapte, qu'elle le provoque, non pas en faisant table rase sur tous ses acquis, mais bien en les intégrant à une réalité nouvelle.>>

Mélanie Turcotte

Hélène Goudreau