Il a écrit l'histoire sur fond de pellicule...

Il a su cristalliser les regards, éterniser les soupirs, fracasser les rythmes, étreindre les moindres gestes. Il a paralysé les émotions, pris les secondes en otage. André Le Coz, un des plus importants photographes de l'histoire du théâtre québécois, a récemment fait don à l'Université d'un fragment de son oeuvre s'échelonnant de 1957 à 1995.

Le Fonds André-Le Coz, conservé par le Bureau des archives, constitue une partie importante de l'oeuvre de l'artiste; la donation faite à l'Université porte sur le théâtre au Québec. Le Fonds rassemble environ 140 000 négatifs noir et blanc, 2000 planches contacts, 150 programmes de théâtre et une vingtaine d'épreuves photographiques.

L'unité de ce fonds d'archives rend celui-ci susceptible de devenir une source incontournable d'information sur le théâtre québécois de la seconde moitié du XXe siècle. Mises en scènes, costumes, personnages en action, sont autant d'angles sous lesquels André Le Coz a exploité son art.

<<La collection d'oeuvres d'art de l'Université a de plus acquis des photographies tirées et signées par l'artiste>>, souligne Julie Fecteau, archiviste. Ces dernières seront éventuellement exposées à la Salle Maurice-O'Bready, soit dans les aires de circulation ou dans les loges. On compte également préparer une exposition itinérante qui pourrait être diffusée dans les différentes salles de spectacle du Québec. L'ensemble du Fonds est à la disposition de quiconque désire le consulter.>>

L'homme et sa carrière

André Le Coz est né à Paris en 1929. Arrivé au Canada en 1952, il a notamment oeuvré pour la Société Radio-Canada. Vers la fin des années cinquante, sa carrière a pris un tournant décisif. André Le Coz s'est alors abandonné à sa passion pour la photographie dite de <<manifestation artistique>>, principalement les arts d'interprétation tels le théâtre, le concert, l'opéra et la danse.

Ce <<chasseur d'éternité>>, comme l'a si bien dit Gilles Vigneault, a côtoyé plusieurs organismes artistiques, dont le Théâtre du Nouveau Monde, le Conservatoire d'art dramatique de Montréal, les Grands Ballets canadiens et l'Opéra de Montréal. Il a en outre participé à plus d'une trentaine de films produits par l'Office national du film ou la Société Radio-Canada. Sans compter sa participation à l'exposition Les cent ans de théâtre à Montréal, puis sa propre exposition, inaugurée à la Place des Arts de Montréal, qui a fait le tour du Québec, André Le Coz a aussi publié, en 1988, un album de 220 photographies noir et blanc, La Mémoire de l'Oeil.

En jouant de son objectif, André Le Coz, dans les méandres de ses 38 années de carrière assidue, a accusé l'ultime réalité de la scène culturelle québécoise. Armé de son appareil-photo, il a ressuscité espace et souvenirs. Ses images, attrapées au lasso, repassent l'histoire de cette province qu'est la nôtre.

Mélanie Turcotte