La Faculté de droit à l'ère du changement

Jean-Guy Bergeron, le nouveau doyen de la Faculté de droit, est entré en poste le 1er juillet pour un mandat de quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à l'an 2000. Une année magique, une année charnière qu'il compte bien faire traverser à une Faculté de droit à la mission renouvelée. Jean-Guy Bergeron présidera au changement et au façonnement des outils qui seront nécessaires pour s'ouvrir sur le prochain millénaire.

Licencié en droit de l'Université Laval et titulaire d'une maîtrise en droit des affaires de l'Université de Montréal, Jean-Guy Bergeron enseigne à la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke depuis 28 ans.

Conscient que futur rime dorénavant avec changement, Jean-Guy Bergeron anticipe cette période de turbulence avec lucidité et confiance. <<Les situations bougent à une vitesse folle, souligne-t-il. Ce qui était inacceptable hier est devenu la vérité d'aujourd'hui, laquelle pourra se transformer en hérésie demain. Il faudra savoir garder la tête froide dans cette tourmente. Ne nous trompons pas, il y a bel et bien tourmente. Si de dire que chacun doit s'atteler à la tâche fut un cliché, je ne pense plus que ce soit le cas.>>

L'absence de droits acquis qui se caractérise par la diminution des enveloppes budgétaires accordées aux universités ainsi que l'impact des nouvelles technologies et le développement nécessaire de nouveaux axes de recherche et d'enseignement, définissent en grande partie ce contexte de mouvance dans lequel évolue désormais la Faculté de droit.

Se percevant, ainsi que les membres de son équipe, comme des agents de changement, le nouveau doyen est conscient que la capacité de développement de la Faculté de droit est tributaire de la place et de la mission du droit dans la société.

<<L'intérêt pour le droit suit son emprise croissante sur les rapports des gens dans nos sociétés, explique Jean-Guy Bergeron. Chaque citoyen libre a des droits et des obligations. Pour qu'il agisse de façon juste et indépendante, il doit les connaître dans une certaine mesure et à un certain degré. Il faut revoir la façon du droit de régir autant d'acteurs et d'objets sociaux. Nous devons prendre conscience de la distanciation de plus en plus grande entre le citoyen et la justice. Le système finit par lui échapper, d'où sa grande méfiance à l'égard du droit, du moins à l'égard des personnes qui le pratiquent. La diminution de la clientèle universitaire et conséquemment celle des facultés de droit nous porte également à réfléchir sur la viabilité de l'existence de toutes les unités d'enseignement du droit au Québec. L'avenir appartient aux facultés qui relèveront le défi de l'accessibilité à la discipline du droit.>>

Une faculté centrée sur ses étudiants...

Comment ressortir gagnant de cette partie dans laquelle les caprices du hasard auront finalement très peu de place? Jean-Guy Bergeron est convaincu que les étudiantes et les étudiants sont parmi les cartes maîtresses avec lesquelles se jouera l'avenir de sa faculté et des programmes qu'elle offre ou offrira à l'avenir. Rappelant le taux de satisfaction de 92 p. 100 des étudiantes et des étudiants de la Faculté de droit au récent classement du journal Les Affaires, Jean-Guy Bergeron attribue ce résultat à la très grande disponibilité des professeures et professeurs de sa faculté et à la qualité de leur enseignement.

Les quelque 33 professeures et professeurs de la Faculté de droit consacrent en effet une part très importante de leur temps à l'enseignement. <<Ils se tiennent continuellement au courant de l'évolution de la théorie et de la pratique du droit, ils agissent à l'occasion comme spécialistes ou comme avocats-conseils, mais ils sont toujours disponibles pour leurs étudiantes et étudiants qui ont encore la chance d'évoluer dans des groupes à taille humaine, ajoute le doyen. Les études de deuxième cycle ayant occupé une place moins grande, les professeures et professeurs ont trouvé leur motivation dans des cours de premier cycle à valeur ajoutée.>>

Si la Faculté exige beaucoup de ses étudiantes et de ses étudiants, appliquant des standards élevés au niveau de leur performance scolaire, il semble que cette pratique génère des résultats positifs. Tout en maintenant cet acquis, la Faculté l'améliorera par l'implantation de mesures favorisant la recherche.

...et performante

Les récents résultats des examens du Barreau du Québec sont des témoins tangibles de cette performance. En 1995-1996, les étudiantes et les étudiants de la Faculté de droit ont obtenu la meilleure moyenne sur l'ensemble des cinq examens de l'École de formation professionnelle du Barreau du Québec ainsi que le meilleur taux de réussite.

<<Cet indicateur seul est évidemment insuffisant, mais néanmoins révélateur, poursuit Jean-Guy Bergeron. Regardons aussi du côté des participations à différents concours provinciaux, interprovinciaux ou autres. Avec des moyens souvent plus modestes, nous arrivons parfois à dominer ou à être dans le peloton de tête et à toujours figurer honorablement.>>

Saine gestion et créativité

Jean-Guy Bergeron est nécessairement un gestionnaire, rôle de doyen oblige! Mais il est aussi le complice <<fiable>> des projets des membres de sa communauté. <<Être en projet est une nécessité vitale pour assurer la santé et le développement de notre faculté, explique-t-il. Chaque membre du personnel aura donc la possibilité de cheminer dans un projet de son choix, compatible avec les intérêts de la Faculté. Pour les uns, ce sera une publication, pour d'autres, une conférence, l'organisation d'un colloque, le développement d'une nouvelle activité, etc. La recherche, même si elle s'est traditionnellement réalisée surtout au premier cycle, est omniprésente chez nous. Je ne connais guère de professeur de ma faculté qui puisse imaginer l'enseignement sans recherche.>>

Atteindre d'autres clientèles pourrait également devenir un excellent moyen de se distinguer des autres facultés de droit de la province. Lors de la journée d'accueil des nouveaux étudiants et de leurs parents, Jean-Guy Bergeron a reçu des demandes de parents avocats qui souhaitaient suivre les cours de droit civil donnés aux étudiantes et étudiants. <<Je soupçonne qu'il peut se trouver là un bassin important de clientèle, souligne le doyen. Nous pouvons aussi identifier des clientèles de non-juristes souhaitant acquérir une certaine formation juridique.>>

Microprogrammes de premier et deuxième cycles, programmes de formation continue et de formation sur mesure pouvant répondre aux besoins de diverses clientèles intéressées par le droit... plusieurs avenues sont actuellement examinées par la direction de la Faculté de droit. <<Tout est sur la table, affirme Jean-Guy Bergeron, inspiré par le message suivant lequel l'éducation fait partie de la vie réelle et non virtuelle. Elle doit d'abord s'adresser aux biens de l'être avant les biens de l'avoir>>, conclut-il.

Hélène Goudreau

Vignette

Jean-Guy Bergeron, doyen de la Faculté de droit, dirigera la destinée de la Faculté de droit pour les quatre prochaines années. Ses atouts : son équipe de direction, ses professeures et professeurs ainsi que... ses étudiantes et étudiants.