Voici la copie d'une lettre envoyée par Yves Van Hoenacker, doyen de la Faculté des sciences appliquées, à la rédaction du journal Les Affaires au sujet du classement des universités au Québec.

Monsieur,

C'est avec surprise que j'ai pris connaissance de la tentative du journal Les Affaires de classer les universités du Québec. Autant je reconnais que les chiffres concernant les universités ne sont pas facilement disponibles, autant je suis surpris des indicateurs que vous avez retenus pour déterminer ce qu'est la meilleure université. L'exercice de classer les universités est un sport à la mode et même certains se spécialisent. Je suis surpris, par exemple, que vous n'ayez pas retenu une source publique comme le Citation Index, une revue américaine qui a classé pour la qualité de ses articles scientifiques l'Université de Sherbrooke comme troisième université au Canada.

Il me semble également que vous auriez dû situer votre question : la meilleure université, pour qui ou en quoi! Quel est le meilleur manufacturier automobile en Amérique du Nord? Difficile à répondre en l'absence d'autres indications ou d'un modèle de référence, à moins que ce soit d'une dimension unique comme le rendement en bourse dont vous vous préoccupez.

Dans le classement des universités en sciences appliquées, je suis surpris que vous n'ayez pas été inquiété par la discordance existant, par exemple, entre les classements produits par le critère Dépenses d'enseignement par étudiant et par le % d'étudiants satisfaits. Pour ma part, en tant que responsable des finances de ma faculté, je préfère être dans une situation où les étudiants sont les plus satisfaits (ou presque 77 % par rapport à 77,2 %) et où les dépenses par étudiant se situent en dessous de la moyenne.

Il me semble enfin qu'une précaution élémentaire aurait été de vérifier si le résultat produit par le modèle apparaissait raisonnable. Je formule l'hypothèse que si vous aviez eu à classer des entreprises plus en mesure de mesurer les impacts d'une telle analyse sur leurs affaires, vous auriez procédé avec plus de précautions.

L'émulation et la concurrence entre institutions d'enseignement est saine et j'appuierai toute démarche visant à fournir à vos lecteurs des données factuelles sur la performance des universités tant en enseignement qu'en recherche. Il me fera plaisir, si vous le souhaitez, de vous indiquer comment le régime coopératif d'études fournit un plus à la formation de nos étudiants, comment nos programmes se distinguent et finalement comment la communauté scientifique et le milieu industriel apprécient notre performance en recherche.