Socrate à la Faculté de théologie,

d'éthique et de philosophie

À l'occasion d'un dîner offert en leur honneur, Jean-François Malherbe, doyen de la nouvelle Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie (FaTEP), a remis aux philosophes Maurice Gagnon, Laurent Giroux et Laurent-Paul Luc une toile représentant Socrate, oeuvre de Réal Tétreault, doctorant à la FaTEP. Le doyen a prononcé à cette occasion une brève allocution dont voici l'essentiel.

Cette nuit, nous tournons une page de l'histoire de notre faculté. Après 35 ans d'existence, elle fait peau neuve et se trouve rajeunie par de nouvelles amours.

La reconfiguration à laquelle vous avez collaboré de façon décisive revêt une signification particulière. Après les longues années de séparation qui ont suivi la rupture d'avec le temps de l'esclavage clérical, opérée par la révolution tranquille, la philosophie et la théologie, en même temps que les études interculturelles et l'éthique appliquée, se trouvent réunies dans une même faculté. Et cette alliance neuve a pour visée explicite, tout en voulant consolider ses partenaires, de développer l'éthique dans le contexte d'une culture qui s'est mise résolument en quête de sens.

Pour saluer cet événement, et vous souhaiter la bienvenue, j'ai pensé vous offrir un cadeau. C'est un symbole de la philosophie, de son questionnement ironique et bienveillant, de sa quête de vérité jamais achevée, de son affirmation de non-savoir. C'est un symbole de l'origine grecque de la philosophie, un symbole voilé par les commentaires historiques que nous ont laissés Aristophane, Xénophon et Platon. Et en même temps, c'est un symbole dépouillé dans son intention critique car les commentaires n'ont jamais réussi à éliminer le taon d'Athènes que ses concitoyens avaient pourtant condamné à boire la ciguë.

Je vous invite à accrocher ce tableau aux murs de notre salon facultaire, près d'Aristote qui s'y trouve déjà en arrière-plan de Jésus lors de son ensevelissement, et près d'Antigone qui connaissait <<les lois non écrites>> légitimant sa désobéissance à la loi du tyran.

Ce symbole rappellera à tous cette soirée magnifique. Aux philosophes, il redira aussi qu'on ne baptise pas la philosophie et que le doute hyperbolique est de mise même en théologie. Et, s'il est vrai que la théologie est née de la rencontre de la foi biblique avec la raison grecque, il rappellera également aux théologiens qu'il n'est pas de bonne théologie sans philosophie, sans souci du fondement, de la cohérence et de l'argument.

Merci à toutes et à tous de bâtir ensemble cette nouvelle faculté à laquelle je souhaite un franc succès et un bel avenir.

Jean-François Malherbe

Doyen de la Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie