Une vie consacrée à l'histoire religieuse

Prenant la parole devant les nouveaux diplômés et diplômées de la Faculté des lettres et sciences humaines et de l'École de musique, Roger Aubert, docteur d'honneur en histoire, a révélé ce qui l'a amené à consacrer sa vie à l'histoire et en particulier à l'histoire religieuse.

Âgé de 82 ans, l'historien Belge est toujours actif, malgré une retraite prise il y a 15 ans. Il publie des articles et des communications et préside les destinées du Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique.

<<À quoi sert l'histoire?, a-t-il lancé d'entrée de jeu. L'histoire, d'une part, nous aide à comprendre le présent par le passé en nous révélant dans le passé les racines du présent. L'histoire, d'autre part, constitue pour l'humanité ce qu'est l'expérience pour un individu. (...) La connaissance des siècles passés peut aider l'humanité à mieux s'orienter, à faire des choix plus éclairés, même si toute situation doit être placée dans son contexte historique et social.

<<Enfin et surtout, a poursuivi Roger Aubert, c'est à mon avis l'essentiel, l'histoire donne le sens du relatif et nous apprend, comme le dit Hamlet, qu'il y a plus de choses dans la terre et le ciel que ne l'imaginent les idéologues. L'histoire nous aide à comprendre que dans la vie des hommes et des sociétés humaines, rien n'est simple et qu'il ne faut jamais l'oublier.>>

Ordonné prêtre en 1938, Roger Aubert s'est très tôt intéressé à l'histoire religieuse. Deux considérations ont orienté ce choix. <<En premier lieu, explique-t-il, pour ce qui concerne les catholiques, leur religion n'est pas une "religion du livre", comme l'est par exemple l'Islam. Il y a une interprétation officielle de la parole de Dieu par ce qu'on appelle le magistère ecclésiastique, lequel prend, suivant les cas, des formes plus ou moins solennelles : définitions conciliaires, encycliques papales, lettres épiscopales.

<<Il y a d'autres raisons qui justifient l'intérêt que l'histoire de l'Église peut avoir pour tout homme, qu'il soit croyant ou non. Il y aurait bien des choses à dire à ce sujet mais, de nouveau, il me faut me limiter à quelques très brèves observations. Quoi qu'il en soit de la sécularisation croissante des mentalités et de la place considérable prise par l'histoire économicosociale sous l'influence notamment du marxisme, il n'est pas possible de nier que le facteur religieux, non seulement au Moyen Âge mais encore au XIXe et au XXe siècles, a tenu effectivement dans l'histoire globale une part qui est loin d'être négligeable.>>

L'intérêt de Roger Aubert a surtout porté, pour l'essentiel de sa carrière d'historien, sur une perspective biographique. Il a consacré une grande part de ses recherches sur le cardinal Mercier et sur l'étude de la personnalité et de l'action du cardinal Cardijn.