Transferts 1991-1997

Marcel Saint-Pierre

La recherche picturale de Marcel Saint-Pierre est unique. Depuis plusieurs années déjà, l'artiste remet en question le tableau, l'histoire, le métier et le dispositif même de la peinture.

Cette exposition réunit des toiles exécutées durant les cinq dernières années à partir du travail de l'empreinte ou ce que Saint-Pierre nomme le <<transfert>>. Or de tableau en tableau, de transfert en transfert, il s'accomplit une métamorphose qui trahit la surface portée disparue tout en conservant l'image du travail pictural préalablement fait.

Mais le transfert doit se faire entendre dans un autre sens encore, celui indiquant l'émergence d'images, évocatrices peut-être d'un passé. L'approche de Marcel Saint-Pierre est sensible aux interprétations psychanalytiques et profite des métaphores, des associations, des jeux de mots. Dans le même souffle, l'interprétation ou la signification apparente des tableaux de Saint-Pierre est liée à l'investissement subjectif de l'artiste que l'observateur, par la suite, cherche à réactiver.

Emblématique de la complicité la plus étroite entre la matière et le support, le travail de l'empreinte affiche également un contact certain entre l'artiste, voire son corps, et son matériau. Dans un lieu difficile à désigner, quelque part entre la profondeur et la surface ou entre l'enfoui et l'épidermique, nous nous retrouvons, comme spectateur, entre les couches du pigment tout autant qu'entre les traces laissées par le sujet.

Dans sa relation si intime à l'empreinte, l'image ne peut se dissocier des origines de l'art obsédé par l'idée de faire trace, tout comme elle ne peut non plus se dessaisir du corps qui cherche à l'imprégner. À la croisée de l'histoire du sujet et de celle de la peinture, l'oeuvre de Saint-Pierre traduit ce désir toujours renouvelé de faire corps avec la peinture.

Les oeuvres de Marcel Saint-Pierre seront exposées dans le Hall du Pavillon central jusqu'au 29 juin.

Thérèse Saint-Gelais