Les chercheurs et chercheuses de l'Université ont obtenu beaucoup plus que leur part du gâteau à l'occasion de l'édition 1996 du programme d'établissement de nouveaux chercheurs du Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR). Pour souligner cette réussite, LIAISON vous présente aujourd'hui le portrait d'un des récipiendaires de ces subventions.

L'histoire racontée de l'édition

Un groupe de sept chercheurs, dont cinq du Département des lettres et communications et deux du Collège de Sherbrooke, ont obtenu près d'un demi-million de dollars répartis sur trois ans du Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR) en vue de réaliser leur projet de recherche sur l'histoire de l'édition littéraire au Québec au XXe siècle.

Le Groupe de recherche sur l'édition littéraire au Québec (GRÉLQ) a vu le jour en 1982. Il tente principalement de découvrir dans quelle mesure la littérature québécoise a bénéficié de cette nouvelle médiation qu'est l'édition. Pierre Hébert, Richard Giguère, André Marquis, Suzanne Pouliot, Yvan Cloutier et Manon Poulin travaillent de concert avec Jacques Michon sur ce projet de recherche.

<<L'édition a joué un rôle primordial dans la promotion de la littérature québécoise. Elle nous a fait découvrir bon nombre d'auteurs québécois dont le talent aurait pu facilement être ignoré>>, admet Jacques Michon, professeur au Département des lettres et communications et directeur du GRÉLQ.

Un métier de plus en plus populaire

Le métier d'éditeur professionnel est apparu dans les années 20. À cette époque, on ne retrouvait les éditeurs que dans les domaines de l'imprimerie et de la librairie. Aujourd'hui, cependant, le métier d'éditeur est devenu un métier autonome et de plus en plus présent dans le monde de la littérature.

<<Un nouveau champ d'études : voilà ce qu'est devenu l'édition, souligne Jacques Michon. Bien sûr, on s'intéresse aux oeuvres et aux auteurs, mais un volet s'est toutefois ajouté à ces deux entités : l'étude de l'éditeur et des maisons d'édition, qui sont ceux à qui la littérature doit en grande partie son existence.>>

En effet, l'éditeur fait vivre la littérature. Qui plus est, il concrétise l'oeuvre. Il tient un peu le rôle d'un imprésario, c'est-à-dire qu'il cible un public pour l'auteur et, surtout, rend les oeuvres disponibles au grand public. Mais il a de plus un rôle social : celui de faire connaître la littérature et de faire circuler les idées.

Plus de lecteurs qu'avant

Si l'on compare l'édition en 1920 à celle d'aujourd'hui, beaucoup de changements ont eu cours. D'une part, durant la période de l'entre-deux-guerres, il y avait beaucoup moins de lecteurs de littérature québécoise qu'il y en a maintenant. Un public a été créé grâce à la scolarisation. De fait, ce n'est qu'en 1960 qu'on commença à enseigner la littérature au collège. D'autre part, le nombre de librairies au Québec s'est accentué depuis 1970. <<La librairie est le poumon de l'édition. C'est la place publique où les auteurs ainsi que les éditeurs gagnent leur popularité>>, explique le directeur du GRÉLQ. De plus, l'édition d'aujourd'hui bénéficie d'un appui officiel de la part des deux gouvernements. Autrefois, les maisons d'édition ne survivaient que trois ou quatre années avant de disparaître. Maintenant, il n'est pas surprenant de voir une maison d'édition célébrer ses 25 années d'existence.

Des étudiantes et étudiants engagés

Les travaux des chercheurs du GRÉLQ sont consacrés à l'activité des entreprises québécoises qui oeuvrent dans le domaine de l'édition littéraire et culturelle. Les projets tendent vers les types d'édition suivants : l'édition commerciale, l'édition des communautés religieuses, l'édition de la poésie et les revues littéraires, l'édition littéraire pour la jeunesse, l'édition des entreprises de presse et la régulation sociale du livre (censure, contrôles sociaux et institutionnels de la production et de la diffusion de l'imprimé).

Par ses travaux, le GRÉLQ entend faire travailler les étudiantes et les étudiants à la maîtrise et au doctorat sur le monde de l'édition. <<Ils devront rédiger des mémoires ou des thèses sur une maison d'édition, explique Jacques Michon. Ils porteront attention à l'histoire des maisons d'édition, aux rapports entre les auteurs et les éditeurs, à l'impact que les maisons d'édition ont sur les lecteurs et au type de littérature publiée par les maisons.>>

Une histoire en plusieurs volumes

Le but ultime du GRÉLQ est de rédiger une histoire de l'édition littéraire au Québec au XXe siècle en plusieurs volumes. <<La rédaction du premier volume, qui relate l'histoire de la littérature québécoise de 1880 à 1920, est presque achevée et nous en sommes présentement à la rédaction du deuxième volume, explique le directeur du GRÉLQ. Nous travaillons simultanément à l'histoire de l'édition et à la constitution de la documentation destinée à la rédaction des volumes à venir.>>

Toujours selon Jacques Michon, le GRÉLQ joue un rôle important dans la prise de conscience de la part des éditeurs concernant leur propre engagement dans la société : <<Les éditeurs sont continuellement pris dans le feu de l'action et doivent prendre des décisions au jour le jour. Bien souvent, les éditeurs n'ont pas le temps de réfléchir sur l'histoire de leur profession. On veut les amener à mettre en valeur les archives qui les caractérisent. Les maisons d'édition ont un mandat culturel qui est celui de diffuser la pensée et nous souhaitons contribuer à l'accomplissement de ce mandat.>>

Éric Guay

Vignette

Au terme de la recherche, Jacques Michon compte bien faire publier les volumes sur l'histoire de l'édition littéraire au Québec au XXe siècle.