Le courant passe jusqu'au Népal

Que fait-on quand on a 20 ans, un diplôme en poche, le goût de voyager et très peu de chance de travailler au Québec dans son domaine? On prend l'avion et on pousse une petite pointe vers le Népal, histoire d'aller chercher une expérience de vie et de travail de l'autre côté de la planète.

François Vitez et Janie Bergeron ont pris goût au voyage durant leurs études à l'Université de Sherbrooke. D'un stage aux États-Unis à un autre au Mexique ou en Amérique du Sud, ils se sont aperçus que l'anglais n'était pas si difficile que ça à maîtriser et que, ma foi, l'espagnol ressemblait quand même un peu au français. Depuis quelques semaines, ils se sont mis au népali, langue officielle du Népal où ce jeune couple passera les deux prochaines années.

François vient de terminer un baccalauréat en génie électrique à la Faculté des sciences appliquées. Il identifiera des sites potentiels hydroélectriques dans le district de Lamjung, une agglomération d'une trentaine de villages située au pied de l'Himalaya et au nord-ouest de Katmandou, la capitale. Des petites centrales de 100 kilowatts à 2,8 mégawatts pourront éventuellement y être construites.

Quant à Janie, elle vérifiera l'impact de la déforestation de cette région sur l'économie locale dans le cadre de sa maîtrise en environnement sous la direction de Colette Ansseau, professeure au Département de biologie.

Une histoire de coopération

Le projet de François Vitez concerne une communauté d'agriculteurs d'une trentaine de villages du district de Lamjung. Financé par le Centre canadien d'étude et de coopération internationale, le programme est coordonné à partir de Besi Sahar, un village chef de la région.

<<La majeure partie de Lamjung est toujours exclue du système national de distribution d'électricité, explique le jeune diplômé. En 1994, 50 habitants de la région se sont regroupés pour former une entreprise d'énergie qu'ils ont appelée LEDCO (Lamjung Electricity Development Company). Ils concentrent leurs efforts pour générer leur propre électricité à partir de minicentrales hydroélectriques.

<<Le projet sur lequel je travaille vise à favoriser le développement économique de la région à travers la génération et l'utilisation de l'électricité. En transformant certains produits agricoles à l'aide de l'énergie électrique, les villageois pourront les commercialiser, ce qui permettra d'améliorer les revenus familiaux. Un autre aspect du projet vise à minimiser l'exploitation des ressources forestières par la population, afin de lutter contre le grave problème de la déforestation. Cette partie du projet concerne plus particulièrement Janie.>>

<<À partir d'un secteur spécifique, indique-t-elle, j'étudierai la problématique de la déforestation du point de vue scientifique en considérant l'érosion, les inondations et les glissements de terrain, et du point de vue social en évaluant l'impact de la récolte du bois sur la vie de la communauté. Dans le Lamjung, ce sont les femmes qui amassent le bois pour la cuisson des repas. Elles doivent parcourir chaque jour plusieurs kilomètres pour en trouver; ce faisant, elles discutent entre elles de leurs problèmes, de leur vie au quotidien. L'introduction de l'électricité sera sûrement bénéfique pour la forêt mais aura un impact certain sur la vie communautaire des villages.>>

Jusqu'ici, LEDCO a participé à des études de préfaisabilité et identifié quatre sites potentiels pour la construction de centrales hydroélectriques, des sites qui pourraient recevoir des micro, des minicentrales, et une centrale plus importante de 2,8 mégawatts.

Concevoir et développer

Le projet touche directement plusieurs secteurs d'intervention dont le secteur technique et les secteurs de gestion et de développement communautaire. <<En plus d'identifier des sites potentiels de centrale, mon rôle consistera à aider les membres de LEDCO à s'organiser en compagnie, souligne François. De notre point de vue d'occidental, cela semble facile, mais les modèles de gestion nord-américains sont presqu'inconnus dans ce pays qui est dirigé par une monarchie constitutionnelle.>>

Avant de partir, François Vitez a rencontré des entrepreneurs québécois afin de leur proposer de parrainer son projet. Un concept qu'il a appris à développer durant ses études avec le stage d'Ingénierie sans frontières. <<Les fonds amassés sont investis en totalité dans le projet du coopérant qui s'engage à fournir au parrain un suivi régulier, explique-t-il. De plus, bien qu'il s'agisse de dons désintéressés, il est possible d'introduire certains services que le coopérant peut rendre au parrain de façon informelle.>>

La plus grande difficulté d'adaptation que le jeune couple prévoit se situe au niveau du rythme de vie, des différences culturelles et de la nourriture. Des difficultés qui seront vite aplanies par la proximité de l'Annapurna. Nos deux coopérants sont grands amateurs de randonnée, une passion qui pourrait bien avoir influencé leur décision de partir au Népal.

Hélène Goudreau