Homme de courage et de compassion

Le major général Roméo A. Dallaire, commandant du secteur du Québec de la Force terrestre de l'armée canadienne, a reçu un doctorat d'honneur de l'Université pour sa contribution exceptionnelle au maintien de la paix dans le monde, notamment à titre de commandant de la Mission des Nations-Unies au Rwanda.

Militaire de carrière, Roméo Dallaire s'est réjoui de la fin de la guerre froide et de la mise en place d'un nouvel ordre mondial. Comme plusieurs, il a espéré que découle de ces changements un monde sans guerre, porteur de promesses de paix et de prospérité. <<Ces changements constituaient pour moi de beaux défis, déclare-t-il. En quelques années seulement, depuis ces jours d'exaltation, j'ai, comme beaucoup d'entre vous, perdu bien de mon excitation et de mon optimisme, à cause du nombre sans cesse croissant de conflits et de catastrophes qui frappent notre monde d'incertitudes.>>

Durant son séjour au Rwanda, d'août 1993 à août 1994, le général Dallaire a été le témoin de la souffrance et de la destruction de ce pays. <<J'ai vu trop de larmes, trop de souffrances, trop de cadavres et beaucoup trop de destruction dans un petit pays qui était le paradis sur terre, le Rwanda. De plus, j'ai retourné au pays un trop grand nombre de jeunes et valeureux Bérets bleus, dans des housses ou sur des civières, pour accepter que nous, la communauté internationale, continuions ainsi, sans changer notre façon de faire.>>

Le major général Dallaire s'explique mal en effet l'apathie de la communauté internationale dans la gestion de ce conflit, une des nombreuses conséquences des changements que subit l'ordre international depuis la fin de la guerre froide. <<Les membres du Conseil de sécurité, sans compter bon nombre de citoyens du monde, étaient conscients que la question de la sécurité allait s'élargissant et que, plus précisément, la sécurité était tout aussi menacée aujourd'hui par la possibilité d'un effondrement du système économique, par le terrorisme international, par le trafic de drogues ou par les malaises ethniques et l'agitation sociale, que par un conflit armé inter-étatique, explique-t-il.

<<Il m'est parfois arrivé au Rwanda de me demander sérieusement si la communauté internationale ne serait pas intervenue avec plus de vigueur si les gorilles de montagne du pays, une espèce animale en voie de disparition, avaient fait l'objet d'un carnage visant à les éliminer de la surface du globe.>>

Roméo Dallaire croit fermement que la communauté internationale doit modifier le mandat de l'Organisation des Nations Unies afin qu'elle puisse intervenir de façon proactive en tant de crise, avant que la situation dégénère.

Hélène Goudreau