Femmes immigrantes

Reconstruire un ailleurs

Le Collectif de recherche sur les femmes et le changement (CRFEC) de la Faculté des lettres et sciences humaines vient de déposer son rapport sur les Femmes immigrantes à Sherbrooke : modes de vie et reconstruction identitaire.

Bénéficiaire d'une subvention du Conseil québécois en recherche sociale et porté, comme le dit Michèle Vatz Laaroussi, par quatre femmes dont trois immigrantes, le CRFEC a commencé sa recherche en mai 1995 dans la région de l'Estrie. Outre Michèle Laaroussi, professeure au Département de service social, le groupe de recherche était composé de Diane Lessard, Maria Elisa Montejo et Monica Viana.

<<Nous avons sélectionné un échantillon de 27 femmes de 18 pays d'origine de cinq religions et de divers statuts socioprofessionnels et familiaux. Notre but était de comprendre les modalités de leur reconstruction identitaire en lien avec leur vie quotidienne à Sherbrooke. Par le biais d'entrevues auprès de 24 organismes privés et publics de Sherbrooke oeuvrant dans le domaine de la santé, du travail, de la famille et des enfants, nous avons tenté de cerner le contexte perceptuel dans lequel évoluent ces femmes.>>

Les outils de cueillette de données du Collectif comprenaient également un journal du quotidien, une carte des réseaux significatifs pour ces femmes et des historiettes du genre mises en situation.

La recherche a permis d'identifier trois types de stratégies de reconstruction identitaire. <<La stratégie du métissage est celle de la combinaison entre l'avant et le maintenant, entre culture d'origine et culture québécoise, entre travail et famille, explique Michèle Laaroussi. Les femmes qui la mettent en oeuvre valorisent les savoirs de tous ordres. Elles entretiennent des rapports d'intériorité avec leur région et ne veulent pas la quitter.

<<La stratégie du fil conducteur est celle des femmes qui, tout au long de leurs migrations, parfois répétitives, ont un référent essentiel : la religion, le métier ou encore leurs enfants. C'est la notion de devoir qui guide leurs actes et leurs représentations. Elles sont dans un rapport d'extériorité avec la région. Enfin la stratégie séquentielle est celle des femmes qui multiplient leurs facettes d'adaptation au gré des conjonctures. Très actives et parfois activistes dans leur quotidien, leur mot-clé est le vouloir. En ce sens, elles entretiennent un rapport de compétition avec la région.>>

La recherche sur les femmes immigrantes a permis au CRFEC de découvrir trois référents à leur reconstruction identitaire en région : le travail, la religion et la famille. <<Notre premier résultat de recherche est, sans aucun doute, l'identification de la diversité des femmes immigrantes, de la multiplicité de leurs trajectoires de migration et de leurs stratégies de reconstruction identitaire dans notre région, conclut Michèle Laaroussi. Il faut prendre en compte l'énergie, la volonté et l'expérience de ces femmes. À toutes et tous, nous recommandons d'éviter le folklorisme ou le culturalisme réducteur, et de vous situer, comme nous l'avons fait, dans une position d'écoute et de découverte des femmes immigrantes.>>

Hélène Goudreau

Vignette

Les conclusions du rapport Femmes immigrantes à Sherbrooke : modes de vie et reconstruction identitaire déposé par Michèle Laaroussi, professeure au Département de service social, et son équipe, démontrent la diversité et la richesse des femmes immigrantes de l'Estrie.