Fragments d'Europe et quelques inédits

Rêveur provocateur, Normand Achim a toujours voulu cadrer l'image, cerner le propos. Son parti pris est toujours évident, il veut nous faire voir ce qui est là, entre les lignes, sous le regard. Il nous force à prendre position devant le vertige, à nous confronter avec la violence de l'existence, à nous laisser séduire par elle.

Une étonnante pudeur caractérise ces images parfois troubles. On y discerne un respect profond du sujet, un recul discret qui permet au spectateur ou à la spectatrice de s'y introduire, de s'approprier des émotions évoquées. La mise en scène domine, l'installation virtuelle demeurant le noeud de la recherche de l'artiste. Le malaise y est évident, le plaisir de voir aussi. Normand Achim orchestre le non-dit.

Fragments d'Europe et quelques inédits regroupe plusieurs étapes de sa recherche photographique, allant de sa période des portraits théâtraux dominés par le costume et les artefacts aux images européennes où il laisse libre cours à son intuition, s'abandonnant au vertige et à l'étonnement. Nous y retrouvons aussi les Inédits, un ensemble de 18 images réalisées en deux étapes à 13 ans d'intervalle. Chaque groupement porte un regard politique sur la condition féminine à travers l'objectif au masculin de son auteur.

Il faut aussi s'attarder longuement à ses babillards, sortes d'improvisations photographiques de souvenirs de voyages, de mémoire culturelle, de clins d'oeil au passant et de secrets intimes. L'exposition est présentée jusqu'au 20 janvier dans le Hall du Pavillon central. Jusqu'au 20 janvier également, le Centre culturel présente Oeuvres récentes de Claude Lafleur, à la Galerie d'art, et Tempus Fugit, de Guy Tremblay, dans le Foyer de la Salle Maurice-O'Bready.

Ann Bilodeau