S'exiler d'Afrique pour étudier,

s'exiler d'Afrique pour découvrir

Étudier dans une université occidentale : voilà le grand rêve que chérissent bon nombre de jeunes Africaines et Africains. Pour la réputation, pour la culture personnelle et surtout, pour apprendre et toujours apprendre, à l'aide de moyens et technologies innombrables.

Chaque année, des milliers d'Africaines et d'Africains déménagent pour cinq, dix, quinze ans même, dans un pays occidental. Ils se plongent dans cette culture inconnue, loin de leurs racines, afin d'en ressortir enrichis. Pénible, cet exil? <<Évidemment, c'est difficile, vous répondra un étudiant sénégalais de l'Université de Sherbrooke, mais on en sort tellement grandi!>>

Mis à part le terrible froid, c'est la mentalité des Québécoises et des Québécois qui déboussole le plus les nouveaux arrivants. <<En Afrique, on retrouve une chaleur humaine intense, tout est basé sur la vie en collectivité, poursuit-il. S'il y a un problème, on tente de le résoudre de manière collective. Si quelqu'un a un pépin, ses voisins lui viennent en aide. Si un jeune a une décision importante à prendre, comme un mariage, il consultera sa famille auparavant.>>

<<Au Québec, c'est tout à fait différent. Les gens sont indépendants et la liberté de la personne est très importante. Ici, c'est l'individu d'abord, le groupe ensuite, alors que chez nous, c'est le contraire. Je ne crois pas qu'il y ait une façon de vivre meilleure que l'autre, c'est plutôt une question d'adaptation.>>

Avec des frais de scolarité tournant autour de 4000 $ la session, sauf pour les titulaires d'une bourse d'exemption permettant de payer le même montant qu'un étudiant québécois, les Africaines et Africains ne peuvent se permettre de visiter leur famille très souvent. Aussi, pour se rappeler leur chez-soi, et pour partager leurs habitudes de vie avec leurs nouveaux condisciples, ils mettent sur pied des activités ouvertes aux étudiantes et étudiants de toutes nationalités.

Soirée culturelle

C'est ainsi qu'on a retrouvé, lors de la soirée culturelle annuelle organisée par l'Association sénégalaise, des Africains, des Québécois, des Asiatiques, des Latino-Américains... qui étaient présents pour échanger des idées, fraterniser et apprendre des autres. L'ambiance y était fantastique.

Les Sénégalais ont pu initier les profanes au jus de gingembre, au yassa (plat de poulet piquant) et au mbafé (mets à base de sauce aux arachides). Les invités ont ensuite assisté à un théâtre-forum, à un défilé de mode, puis à un sketch sénégalais sur la polygamie. Ce dernier a permis aux gens de s'exprimer sur le sujet et d'échanger divers points de vue.

La soirée s'est terminée par les traditionnels tam-tams, fort appréciés des spectateurs et spectatrices, et par des danses effrénées. Les organisateurs affirment avoir reçu environ 600 personnes à la cafétéria du Pavillon multifonctionnel. L'animateur, Amadou Magaye Gaye, avait toujours le mot juste, sur un ton humoristique, pour se tirer d'embarras lors d'imprévus. <<Pas de panique, on sait tout faire : on est en pays de connaissance!>>, a-t-il lancé pour apaiser les gens lors d'un bris d'éclairage.

La soirée a permis de démontrer une fois de plus que les frontières ne sont pas synonymes de barrières culturelles, et que la fraternité est possible au sein de jeunes remplis de promesses pour l'avenir.

Sandra Duchesne

bas de vignette :

Le groupe de tam-tams de Ibou et compagnie s'en est donné à coeur joie devant une foule gagnée d'avance, à l'occasion de la soirée culturelle de l'Association sénégalaise.

Photo : Roger Lemyre