La chanson est le vibromasseur de notre société urbaine, et les vibrations sont parfois si fortes qu'elles se répercutent, à travers les médias omniprésents, dans les coins les plus reculés de la terre. Certains s'en réjouissent, les plus jeunes surtout, d'autres s'en plaignent comme les victimes d'une prise d'assaut, d'une invasion.

Un grand nombre jubile d'être au diapason du big beat anglo-américain de l'heure, le baladeur aux oreilles ou pas; un aussi grand nombre d'auditeurs et d'auditrices souffrent au contraire de se voir imposer des rythmes, une langue ou des valeurs qui leur sont totalement étrangers. Comme on le voit, la chanson a le don de provoquer des controverses, entre générations d'une même culture, entre cultures de pays trop grands (aux frontières artificielles) ou de pays trop à l'étroit (aux frontières poreuses), entre civilisations différentes, etc. Instrument de ralliement pour les uns, cheval de Troie pour les autres, la musique populaire existe, agit, remplit des fonctions diverses de divertissement, d'identification, de propagande, de provocation. Nous avons donc toutes les raisons du monde de nous intéresser à elle, de la surveiller, de la bien connaître, d'en suivre l'évolution et les usages qu'on en fait.

Robert Giroux, professeur au Département des lettres et communications de la Faculté des lettres et sciences humaines, propose dans La chanson prend ses airs, une refonte de deux ouvrages parus en 1984 et 1985, aujourd'hui épuisés : Les aires de la chanson québécoise et La chanson en question(s). Les textes ont été sélectionnés, revus et corrigés. L'ensemble constitue certainement une somme de réflexions très nourries sur la pratique culturelle populaire qu'est la chanson, depuis ses dimensions idéologiques jusqu'à ses enjeux industriels.

La chanson prend ses airs, Robert Giroux, Éditions Triptyque, Montréal, 1993, 234 pages.