Orphelin de la Floride

Ça me fait toujours drôle, à 36 ans, de demander chaque année à ma mère : <<C'est quand Noël, cette année?>> En 1994, Noël était le 22 octobre; en 1993, c'était le 16 octobre; en 1992, le 24 octobre; en 1991, le 19 octobre, et c'est comme ça depuis 1984. Nous ne sommes pas d'une religion exotique ou d'une secte quelconque. C'est tout simple : mes parents vivent six mois par année en Floride, de la fin octobre à la fin avril.

Chaque année, nous fêtons notre Noël en famille au mois d'octobre. Cette fin de semaine-là, je quitte le bureau en souhaitant joyeux Noël aux autres personnes du bureau. Pour certains, j'ai l'air d'un rigolo hors saison. Il y en a d'autres qui entrent dans le jeu, ils me souhaitent un joyeux Noël et me demandent de dire bonjour au Père Noël de leur part.

Pour ma famille, c'est vraiment Noël : nous mettons de la musique de Noël, nous faisons un souper de Noël et il y a la traditionnelle distribution des cadeaux. Rendu là, on se croirait le 25 décembre : la famille, les enfants qui sont énervés en attendant les cadeaux, les parents qui ne sont pas plus tranquilles et ma mère, la grand-mère qui voit à tout, qui soigne son petit monde. Mais quand la soirée se termine, c'est aussi les pleurs de cette grand-mère qui, sous le soleil, s'ennuiera de ses petits et de ses grands enfants. Pour nous, Noël, c'est aussi une longue séparation!

J'entends déjà votre question : <<Et le 25 décembre, qu'est-ce que vous faites?>> La réponse est simple : une chance qu'il y a la belle-famille! L'année dernière, j'ai passé le 25 décembre à l'hôpital : mon beau-père est tombé malade le 25 décembre. Tu parles d'une drôle d'idée!

Joyeux Noël!

Luc Sauvé, Service de psychologie et d'orientation