Conte de Noël

Aussi loin que remontent mes souvenirs d'enfance, je me rappelle mon frère, dont l'esprit était continuellement en alerte pour inventer des taquineries. Alors, quand arrivait la période de Noël, notre aîné devenait plus déchaîné que jamais. Il mangeait les trous de beignes quand ce n'était pas son tour, s'amusait à nous faire douter du Père Noël ou prétendait que son cadeau serait le plus beau, tandis que d'un sourire maman nous rassurait.

Un soir de Noël où mon frère et moi marchions vers l'église, pour une fois sans se chamailler, nous rêvions sans le dire que ce Noël soit le plus beau et que la campagne encore triste et grise reçoive enfin sa première neige.

À la patinoire, derrière l'école du village, quelqu'un avait mis de la musique et un vieux cantique plein de nostalgie s'élevait dans la nuit. Le temps était doux et la lune n'éclairait que nous. Il ne manquait que la magie des flocons pour ultime décoration.

Puis, au moment où les cloches commencèrent à sonner pour la messe de minuit, tout doucement la neige se mit à tomber et mon frère et moi nous nous sommes regardés, émerveillés. Des millions de gros flocons recouvrirent rapidement notre village et en cette nuit de paix est née une complicité toute nouvelle qui fut mon plus beau cadeau et mon plus beau souvenir de Noël.

Sous des dehors espiègles et diaboliques, mon frère cachait bien son côté tendre et romantique, mais je le soupçonne encore cette année de préparer quelques taquineries pour ses neveux et nièces puisque c'est encore lui, le plus turbulent parmi les enfants.

Ch. Gauvin-Ducharme

Faculté de médecine