Un contexte de coupures généralisées

L'Université de Sherbrooke n'est pas la seule à se débattre dans un contexte financier de coupures des subventions gouvernementales.

Lors du débat du 16 février, Michel Bureau, doyen de la Faculté de médecine, a dressé le bilan des coupures de 45 millions $ que le secteur régional de la santé doit absorber en quatre ans. <<Comme bien des secteurs, celui de la santé a attendu d'avoir le couteau sur la gorge pour agir. Quand il a été évident qu'il était impossible de maintenir le statu quo, les interlocuteurs ont trouvé un compromis qui aboutira bientôt à la fermeture d'un hôpital à Sherbrooke et à la fusion des ressources. Toutefois, ces mesures ont été prises en gardant à l'esprit deux aspects importants : protéger la mission et centrer la réforme sur la clientèle>>, a déclaré le doyen.

Pour sa part, Maurice Cohen, délégué de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, a dressé un bilan de l'enseignement supérieur au Canada et au Québec, tout en situant l'Université de Sherbrooke dans cet ensemble. Il a souligné que la part de marché de notre Université a atteint 8 p. 100 en 1993-1994 (pour l'Université, cela se traduit par une hausse de clientèle de 47 p. 100 en dix ans), ce qui est largement supérieur aux statistiques des autres universités. De plus, Sherbrooke est l'université québécoise qui consacre le plus important pourcentage de ses dépenses à l'enseignement et à la recherche. Par contre, après avoir été le chef de file dans la résorption de déficit, l'Université de Sherbrooke est actuellement à contre-courant et ajoute à son déficit au moment où les autres le font baisser.

Après que le vice-recteur à l'administration, Daniel Hade, ait présenté un bilan financier de la situation, le recteur a fait part des notes élaborées par le vice-recteur à la recherche, Alain Caillé, en déplacement ce jour-là. Alain Caillé déclare qu'il faut se poser la question suivante : voulons-nous une université régionale, nationale ou internationale? Jusqu'à maintenant, Sherbrooke se classe parmi les grandes universités nationales. Faut-il abandonner certaines disciplines ou même les deux cycles supérieurs et la recherche? Non, répond le vice-recteur, car la renommée de nos chercheuses et chercheurs, notre contribution à la société en brevets et licences, notre collaboration avec le secteur privé dépassent largement notre poids relatif parmi les universités canadiennes et même mondiales dans certains domaines. Alain Caillé favorise plutôt le regroupement facultaire et interuniversitaire comme piste de solution aux problèmes financiers des universités.

Pour sa part, le vice-recteur à l'enseignement, Jean-Pierre Kesteman, constate que les universités sont devenues des entreprises de service soumises aux lois du marché. Certains professeurs sont des dirigeants de PME et certains domaines, comme la formation à distance, sont mis en marché comme des produits de consommation. Il va donc falloir adapter les vieux modèles de transmission de l'enseignement sans perdre de vue que nous produisons des idées, des diplômes et des brevets, tout en résistant aux pressions des associations professionnelles qui voudraient augmenter la durée d'acquisition des connaissances.

Gilles Pelloille