Pour éliminer les solvants rejetés dans l'air

Bio-SOV est un procédé biologique unique

Une équipe de recherche multidisciplinaire placée sous la direction scientifique de Michèle Heitz, professeure au Département de génie chimique de la Faculté des sciences appliquées, s'est associée à trois partenaires privés pour exploiter un procédé biologique unique de filtration de l'air baptisé Bio-SOV.

L'équipe a bénéficié d'une subvention de 285 875 $ qui lui a été remise le 27 février par Marie Malavoy, députée de Sherbrooke, au nom du ministère de l'Environnement et de la Faune du Québec.

Les partenaires ont investi 486 464 $ dans la recherche. Il s'agit de Valoraction (une filiale du Groupe Serrener), de Gestech-Art, de Clé-environnement et de l'Université de Sherbrooke. En effet, plus qu'un partenaire scientifique, l'Université est un partenaire à part entière de ce projet. Elle participe au financement et devrait bénéficier aussi des retombées commerciales de Bio-SOV. Comme l'a souligné Yves Van Hoenacker, doyen de la Faculté des sciences appliquées : <<Ce type de partenariat s'inscrit parfaitement dans l'orientation que l'Université s'est donnée en vue de favoriser le transfert et l'exploitation commerciale des technologies développées par nos chercheuses et chercheurs. En plus de faire valoir la qualité de nos recherches, il permet d'encourager une collaboration avec des entreprises dynamiques et de contribuer à la croissance de l'économie québécoise.>>

Bio-SOV a pour objet d'éliminer les solvants organiques volatils (SOV) rejetés dans l'air par des petites entreprises comme les usines de peinture. Grâce à son faible coût d'installation et d'opération, ce procédé à haut rendement présente un grand intérêt pour les petites usines qui disposent de peu d'espace. Ce traitement biologique de l'air fait appel à une nouvelle méthode utilisant un milieu filtrant granulaire qui assure son efficacité aussi bien en hiver qu'en été.

<<L'air rejeté par l'usine circule dans un lit vertical contenant un milieu filtrant ensemencé avec des micro-organismes spécifiques selon les solvants à éliminer, explique Michèle Heitz. Le procédé épure l'air et rejette seulement de l'eau et du CO2. Son efficacité atteint généralement 95 p. 100. C'est simple, efficace et beaucoup moins dispendieux sur le plan énergétique que l'incinération ou la filtration par charbon actif.>> Le filtre se présente sous la forme d'un bac modulaire rempli de milieu filtrant conditionné et stable, si bien que le procédé est mobile et peu coûteux à installer.

L'originalité du procédé Bio-SOV repose sur le type de milieu filtrant utilisé qui a été conçu par un des partenaires, Valoraction. Ce milieu, de type granulaire, peut être disposé en un seul lit vertical, alors que d'autres méthodes utilisées jusqu'à maintenant avaient besoin de plusieurs lits horizontaux. Ceci compliquait considérablement l'installation et l'exploitation de ces filtres biologiques qui, le plus souvent, engendrent des résidus.

Depuis le mois de juin, le procédé Bio-SOV est passé de l'étape d'expériences en laboratoire à celle de filtre pilote installé dans le parc industriel de Sherbrooke, à la plate-forme de démonstration du Groupe Serrener. <<Les résultats sont excellents et la commercialisation pourrait commencer très bientôt>>, affirme Michèle Heitz, dont l'équipe est composée, entre autres, de Richard Brzezinski (biologie), Bernard Marcos (génie chimique) et Louis Racine (éthique).

Gilles Pelloille