Pour le Pavillon central

Ce pauvre Pavillon central se fait décidément malmener! Objet de dispute entre la Vieille Garde nostalgique de Son Éminence et les Québécois issus de la Révolution tranquille, il révolutionne le tissu universitaire. Aussi est-ce à mon sens une entreprise bien puérile et à tous égards indigne des vieux boys-scouts que nous sommes devenus que celle qui consiste obsessionnellement à baptiser le moindre tas de pierres. Pourquoi, l'expression Pavillon central étant ratifiée par un usage vénérable et consacrée par l'usage, ne pas la laisser filer son petit bonhomme de chemin ad vitam aeternam? Qui donc s'en plaindrait? Quel besoin avions-nous, par exemple, de baptiser du nom d'O'Bready cette salle que tout Sherbrooke se plaisait à nommer affectueusement la Grande salle?

Va-t-on se mettre en tête de baptiser officiellement notre Agora? Si oui, et afin d'éviter le pire, permettez-moi de vous suggérer Le Bénitier. À côté de Mgr Cabana, est-ce que ce ne serait pas du meilleur effet? Terrible!

Et puis, quant à y être, je vais me fendre d'une petite suggestion, dans l'intérêt général. Elle concerne LIAISON. Cette feuille ne manque pas d'intérêt, cela va de soi. Toutefois, il me paraît qu'une rubrique y brille par son absence : celle de L'Opinion des lecteurs. La <<Liaison>> qu'on y pratique est à sens unique. N'aurions-nous pas tous intérêt à lire de mois en mois les réactions des lecteurs les plus déliés parmi nous?

Bref il m'a semblé qu'un dialogue, si mince soit-il, ne pouvait que surpasser en termes de popularité le plus brillant des monologues, toujours menacé de virer au soliloque. À preuve.

Très cordialement, il va sans dire, cher LIAISON.

Jean Forest

Lettres et communications