Un mathématicien qui s'intéresse aux affaires du monde

Jean-Pierre Kahane, nouveau docteur d'honneur en sciences de l'Université de Sherbrooke, représente un modèle en tant que personne, chercheur et enseignant profondément engagé dans sa carrière de mathématicien.

Professeur au Centre d'Orsay de l'Université de Paris-Sud, Jean-Pierre Kahane est l'auteur de travaux mathématiques de première importance en analyse harmonique et en probabilités. <<Jean-Pierre Kahane manie la langue avec un extrême bonheur, a souligné Pierre Yves Leduc, doyen de la Faculté des sciences. C'est aussi un amant de la nature et il sait être poète. Bien sûr, il est familier avec cette alternance d'angoisses et d'émerveillements que ressent si souvent le mathématicien : vous percevez un jour un pan complet des mathématiques comme un univers impénétrable, puis la lumière se fait et vous ne voyez plus là qu'une construction logique, parfaitement intelligible.>>

Grand vulgarisateur scientifique, Jean-Pierre Kahane est, comme il le dit si bien, un mathématicien qui s'intéresse aux affaires du monde. Adressant quelques mots aux nombreuses personnes présentes lors de cette cérémonie de collation des grades, le professeur Kahane a relevé le rapport des mathématiques à la médecine et à la santé. Démontrant, exemples à l'appui, la vitalité et la longévité de mathématiciens célèbres, Jean-Pierre Kahane a lancé quelques clins d'oeil à son auditoire.

<<Il n'est ni nécessaire ni suffisant d'être mathématicien pour vivre centenaire, a-t-il dit. Mais il y a d'autres indices d'un lien fort entre l'activité mathématique et le maintien ou le rétablissement de la santé. Mon ami Miguel de Guzman écrit un nouveau livre à chacun de ses séjours dans un hôpital...

<<Le métier de mathématicien est, malgré les apparences, un métier dur, éprouvant, où l'on passe par une série de hauts et de bas : c'est justement cela, à la manière des douches norvégiennes, alternant le chaud et le froid, qui doit stimuler les fonctions intellectuelles et toutes les fonctions vitales. Y a-t-il quelque chose à tirer de là pour ceux dont les mathématiques ne sont pas le métier?>>

Hélène Goudreau