Les chercheuses et chercheurs de l'Université de Sherbrooke ont obtenu beaucoup plus que leur part du gâteau à l'occasion de l'édition 1996 du Programme d'établissement de nouveaux chercheurs du Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR). Pour souligner cette réussite, LIAISON vous présente aujourd'hui le portrait d'un des neuf récipiendaires de ces subventions.

Dans l'intimité des glucos

Pour les avoir côtoyés depuis plusieurs années au cours de ses recherches, Patricia Provencher a développé une sorte d'intimité avec les glucocorticoïdes qu'elle appelle familièrement les glucos.

Mais pour la néophyte que je suis, à part l'exercice de diction qu'ils représentent (allez, essayez de le dire rapidement sans trébucher sur un des trois <<o>>), les glucocorticoïdes relèvent du mystère le plus pur et de ce monde de l'extrêmement petit qui ne cesse de nous étonner.

Étudier les mécanismes d'action ainsi que l'implication pour le système cardiovasculaire de la modulation de l'action des peptides vasoactifs par les glucocorticoïdes. Voici en quelques mots, obscurs pour la plupart d'entre nous, l'essentiel de la recherche de Patricia Provencher, professeure au Service d'endocrinologie du Département de médecine.

Le Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR) a accordé 42 000 $ pour trois ans à la jeune chercheuse. Un montant de 12 000 $ pour l'achat d'équipement s'ajoute à la subvention. Depuis trois ans, Patricia Provencher poursuit des recherches sur l'hypertension artérielle. En 1995, elle a d'ailleurs reçu une subvention de 7500 $ de la Fondation de l'Université de Sherbrooke. Plus récemment, la Fondation des maladies du coeur lui a accordé une subvention.

Où il est question d'hypertension

Elle explique ainsi sa démarche : <<Les hormones stéroïdiennes de la surrénale jouent un rôle important dans la régulation de la pression sanguine. Je m'intéresse plus particulièrement à une de ces hormones, les glucocorticoïdes. D'après certaines études, il semble qu'un excès de glucos soit associé à l'hypertension.>>

D'autre part, les travaux de Patricia Provencher démontrent que les glucocorticoïdes modulent l'action de l'endothéline. <<Ce peptide joue un rôle important dans la régulation de la pression sanguine. En plus de réguler le tonus vasculaire, il est impliqué dans la croissance normale et anormale des cellules vasculaires. Ainsi, l'action de l'endothéline peut expliquer, en partie du moins, le développement de pathologies cardiovasculaires.>>

Ce que Patricia Provencher veut découvrir, c'est de quelle façon les hormones glucocorticoïdes s'y prennent pour faire varier l'action des peptides vasoactifs dans les vaisseaux sanguins et dans le coeur. <<Les résultats de la recherche nous fourniront des informations importantes quant au rôle de ces hormones comme modulateur de l'action de trois peptides vasoactifs importants dans la physiologie et la pathophysiologie vasculaires, explique-t-elle. Ces trois peptides sont l'angiotensine, la vasopressine et l'endothéline. En comprenant mieux les mécanismes qui régulent la pression sanguine, nous serons en mesure de guérir ou de prévenir les maladies cardiovasculaires.>>

In vivo, in vitro

Les travaux de laboratoire menés jusqu'à maintenant par Patricia Provencher et Catherine Morin, étudiante à la maîtrise en biochimie, ont démontré que les glucocorticoïdes modulent effectivement les récepteurs de l'angiotensine, de la vasopressine et de l'endothéline.

Deux modèles expérimentaux sont utilisés. <<Nous injectons des glucocorticoïdes à des rats pour ensuite vérifier s'ils font de l'hypertension, poursuit la chercheuse. C'est le cas, dès le lendemain de l'injection. Dans notre deuxième modèle expérimental in vitro celui-là, nous traitons, toujours avec des glucos, des cellules du muscle vasculaire lisse isolées de l'aorte thoracique du rat. Dans ces cellules, les effets des glucocorticoïdes ont été rapportés à plusieurs niveaux sur les agents vasoactifs, les récepteurs des agents vasoactifs et les mécanismes de transduction.>>

Ces observations suggèrent que les glucocorticoïdes sont impliqués dans la régulation des fonctions des cellules des vaisseaux sanguins et du coeur. L'importance physiologique de ces effets dans la modulation de la réactivité vasculaire et de la pression sanguine par les glucocorticoïdes n'est toutefois pas encore clairement établie. C'est ce que Patricia Provencher tentera de cerner au cours des prochains mois.

Hélène Goudreau

Vignette

Patricia Provencher, professeure au Service d'endocrinologie du Département de médecine, a reçu une subvention du Fonds FCAR pour poursuivre ses recherches sur l'hypertension artérielle.