Monarques de l'athlétisme universitaire canadien

L'équipe masculine d'athlétisme Vert & Or est devenue, le 8 mars, la première formation québécoise à remporter le championnat universitaire national, en 17 ans d'histoire de cette discipline.

Le Vert & Or et son capitaine Michel Genest-LaHaye ont eu le meilleur sur les Lancers de l'Université de Windsor, en Ontario, sur leur propre piste, par le pointage de 53,5 à 46. Quant aux vainqueurs des trois derniers championnats de l'Union sportive interuniversitaire canadienne (USIC), les Bisons de l'Université du Manitoba, nos porte-couleurs les ont devancés par 23 points.

Une récolte de neuf médailles et de nombreuses participations lors des finales des épreuves de sprint, 300 et 600 mètres ont conduit le Vert & Or jusqu'à la plus haute marche du podium. Alexandre Marchand et Michel Genest-LaHaye, qui sont tous deux revenus de Windsor avec trois médailles au cou, ont été des artisans de premier plan dans cette conquête historique.

Outre Genest-LaHaye et Marchand, les membres de l'équipe championne sont Rova Rabemananjara, John Etienne, Jean-Charles Côté, Stéphane Belfort, Rudolph Jean, Andrew Lissade, Harry Sylvestre et Pierric Grelaud.

Identifiés dès les premières compétitions de l'année comme la grosse machine à battre, les hommes de Richard Crevier ont relevé le défi, non sans avoir eu à rencontrer l'adversité et la vive déception de quelques échecs. Parlez-en à Michel Genest-LaHaye, qui a vu l'équipe du relais 4 fois 200 mètres, dont il faisait partie, être disqualifiée en ronde préliminaire et la victoire lui échapper in extremis au 60 mètres haies, alors qu'il menait largement la finale de la course avant d'accrocher la dernière haie.

<<C'est la pire journée de ma vie. Ce qui m'arrive ne se peut tout simplement pas>>, nous avait confié le vétéran de cinq saisons, après la première journée.

Retour en force

La dizaine d'athlètes qui luttaient contre des adversaires deux fois plus nombreux ont imposé le rythme dès les premières épreuves de la deuxième journée. Quatre médailles d'argent et 15 précieux points au classement sont venus de Rudolph Jean (60 mètres), Alexandre Marchand (600 mètres) et Michel Genest-LaHaye (saut à la perche) et ont pavé la voie au Vert & Or vers la victoire. Ce dernier a terminé sa carrière universitaire de brillante façon à la perche, en franchissant cinq mètres pour la première fois, abaissant du même coup le record de la Fédération québécoise du sport étudiant (FQSE).

À l'image de ses coéquipiers, le Malgache Rova Rabemananjara a assuré le championnat au Vert & Or avec courage, lors du relais 4 fois 400 mètres, dernière épreuve de l'événement. Il a réuni tout ce qui lui restait d'énergie afin de courir les derniers mètres, pour ensuite s'écrouler après avoir franchi le fil d'arrivée. Il venait de procurer un premier titre canadien à l'Université de Sherbrooke. Un titre acquis avec le talent, mais surtout avec coeur et abnégation.

Autres faits saillants

Harry Sylvestre a gagné l'or dans l'épreuve de saut en longueur et établi une nouvelle marque universitaire canadienne, avec un incroyable saut de 7,50 mètres. Rova Rabemananjara est l'autre médaillé d'or de ce championnat pour le Vert & Or, au 300 mètres. Le Vert & Or a d'ailleurs réalisé un véritable balayage dans cette épreuve, en mettant la main sur les quatre premières positions : Alexandre Marchand, Jean-Charles Côté et Stéphane Belfort ont, dans l'ordre, suivi le meneur.

Le chef d'orchestre de cette belle victoire, Richard Crevier, a également reçu les honneurs qui lui reviennent. Il a été élu par ses pairs entraîneur de l'année au Canada, du côté de l'athlétisme universitaire masculin.

René Roy

Vignette

L'équipe masculine d'athlétisme Vert & Or est la première formation québécoise à remporter le championnat universitaire national, en 17 ans d'histoire de cette discipline.

Un message à grande portée

Dans les heures qui ont précédé l'amorce de ce championnat, l'entraîneur Richard Crevier avait réuni toute l'équipe pour livrer ses commentaires. Il ne s'était pas défilé devant les membres de l'équipe et leur a fait clairement voir que l'histoire leur avait donné rendez-vous. <<Dans le sport, nous devons vivre avec la pression. Nous sommes les meilleurs et nous allons tous leur démontrer>>, avait-il d'abord tenu à dire.

Puis il a poursuivi : <<Il y a 12 ans, quand je suis arrivé à l'Université de Sherbrooke, je me suis dit qu'un jour nous serions champions canadiens, même si on ne figurait pas du tout dans le portrait à ce moment-là. Un jour, il y a très longtemps, j'ai aussi rêvé de participer aux Jeux olympiques. À l'époque, je m'occupais des jeunes sur les terrains de jeu, à Sainte-Thérèse. J'ai cru à ce rêve, monté les marches une par une et un jour je me suis retrouvé dans un immense stade à Barcelone...>> L'entraîneur du Vert & Or a ensuite ajouté, avec un trémolo dans la voix : <<Nous nous fixons nos propres limites. Alors faites-vous confiance, donnez le meilleur de vous-mêmes et nous allons gagner.>>

J'ai eu la chance d'être dans cette salle ce jour-là et d'écouter ce plaidoyer au dépassement de soi. J'en avais les larmes aux yeux et j'ai encore des frissons en écrivant ces quelques lignes. Plusieurs athlètes m'ont confié avoir été marqués par ces paroles de leur entraîneur, de même que celles prononcées dans l'autobus au retour à l'hôtel, après une première journée difficile. Le métier d'entraîneur ne se résume pas à la préparation et la réalisation de plans d'entraînement. Les athlètes ne sont pas des machines à produire. Ce sont des êtres humains qui ont besoin de rêver, de repousser les barrières du possible, de se sentir en possession de leurs moyens. Pour devenir le meilleur, il faut travailler très fort, mais il faut surtout y croire. Y croire résolument.

R.R.