La course à la minceur

Le Service de psychologie et d'orientation (SPO) lance une activité s'adressant uniquement aux filles. Il s'agit d'un atelier préventif visant à sensibiliser les participantes aux soi-disant problèmes de poids.

Ces rencontres ont lieu tous les mercredis du mois de février entre 16 h 30 et 18 h 30 au SPO. Le coût d'inscription est de 15 $ et le tout est animé par Louise Saint-Amand, interne en psychologie.

Avis à toutes celles assurées de trouver dans cet atelier la motivation pour perdre du poids... elles seront déçues. Il s'agira plutôt d'apprendre à se voir telle que l'on est et enfin de vivre en harmonie avec son corps. <<Au cours des différentes activités, les candidates seront éveillées aux pressions sociales qui les amènent à toujours faire attention à ce qu'elles mangent>>, soutient Louise Saint-Amand.

Ces ateliers répondront à plusieurs objectifs qui sont souvent traduits comme des problèmes auprès des jeunes femmes. Faire la promotion d'une image de beauté réelle et non biaisée par la publicité. Fournir des outils afin d'accroître son pouvoir de décision dans la vie quotidienne. Dédramatiser les rapports que les femmes entretiennent à l'égard de leur corps et de la nourriture.

Le tout aura comme conséquence d'augmenter sa confiance en soi, de découvrir le droit au plaisir et de développer sa capacité au changement personnel. Selon Louise Saint-Amand : <<Des objectifs spécifiques et réalisables sont possibles, il suffit d'en prendre conscience. Ce n'est pas uniquement le fait d'être mince qui nous apportera la réussite dans notre vie amoureuse, professionnelle et personnelle.>>

L'atelier veut rejoindre les <<obsédées ordinaires>> des régimes amaigrissants. En d'autres mots, celles qui font attention à tous les desserts! Cette démarche est d'ordre préventif, afin de sensibiliser les candidates aux extrêmes dans l'alimentation (l'anorexie et la boulimie).

Par le biais de discussions, l'atelier favorisera la communication de certains comportements que manifestent plusieurs personnes. Par exemple, le fait de <<manger ses émotions>>, d'avoir recours à des produits amaigrissants ou aux groupes de motivation de perte de poids. Quelques exercices porteront entre autres sur des analyses comparatives de messages publicitaires adressés aux hommes et aux femmes. On découvrira, par exemple, que les messages portant sur l'exercice physique sont perçus pour les hommes comme étant un moyen de devenir plus fort et musclé, mais qu'ils se présentent pour les femmes comme un moyen de contrôler leur poids et d'être mince.

Les femmes n'ont-elles pas droit à un peu de gras autour des cuisses, des hanches et du ventre? Le corps d'une femme est différent de celui d'un homme par ses courbes et ses rondeurs. Une femme ne peut être filiforme. Si ces informations vous collent... au gras, l'atelier sera peut-être très enrichissant pour vous.

La guerre éternelle aux bourrelets...

Croyez-vous que, depuis toujours, les femmes se préoccupent davantage de l'apparence de leur corps que les hommes?

Quelques exemples de l'évolution des mentalités : les belles femmes du siècle dernier auraient toutes 40 livres en trop de nos jours. La mode des années 1920 : le corset pour aplatir les seins afin de donner l'illusion d'une femme-homme sans aucune courbe. Le retour des rondeurs au milieu du siècle, avec Marilyn Monroe, 5 pi 6 po et 128 lb : une image du corps parfait de la femme moderne. La venue de Twiggy en 1967, avec ses 5 pi 7 po et 92 lb, a donné naissance à la popularité des corps squelettiques.

Pour des raisons sociales, l'obsession de la minceur est omniprésente dans la tête de la majorité des femmes. Les moyens utilisés afin d'arriver à des objectifs de perte de poids sont parfois raisonnables, souvent douteux ou carrément dangereux. Sur le marché nord-américain, il existe quantité d'entreprises, de magazines, de marchands, de cliniques médicales, voire d'hypnotiseurs pour répondre à l'afflux des demandes. Année après année, l'industrie du svelte fait vivre les promoteurs de la minceur et hante les pensées des femmes accablées par la simple venue de l'été et de ses maillots de bain. Les hommes sont-ils aussi tracassés par leur corps que ces femmes tourmentées à la recherche de la perfection physique? Notre société de consommation n'épargne personne; à partir de la petite enfance jusqu'à l'âge d'or, les gens entendront parler de régimes amaigrissants.

Pourquoi les gens font-ils appel aux régimes et techniques miracles? <<Naturellement, ces recettes prodiges offrent certains avantages, sinon elles ne se vendraient pas aussi bien : une facilité d'utilisation, l'absence de décision à prendre lors du choix des repas et la perte de poids rapide>>, affirme Guylaine Mailhot, diététiste au Service de santé. Faire des régimes alimentaires sévères suscite parfois des inconvénients très néfastes pour la santé et le portefeuille.

L'aspect éducatif face à une alimentation saine est totalement négligé dans toutes ces cures suggérées. Tout ceci entraîne un déséquilibre nutritionnel, d'où la prise de poids rapide après un régime basé sur la privation. <<Je crois qu'il est important de travailler sur les comportements alimentaires, changer les bonnes vieilles habitudes. Ne jamais faire une grosse restriction énergétique, y aller graduellement et selon nos activités>>, confirme la diététiste.

Laetitia Tremblay

Les aliments dits <<à teneur réduite en calories>> font-ils maigrir?

Faux! Aucun aliment ne possède de propriétés amaigrissantes. Les changements de poids sont toujours le résultat d'un déséquilibre entre la quantité d'énergie que notre corps utilise pour fonctionner et celle que lui fournit notre alimentation. Bien que les aliments <<à teneur réduite en calories>> doivent, selon la loi, fournir 50 p. 100 ou moins des calories qu'ils fourniraient normalement, ils s'avèrent souvent très secondaires dans le contrôle du poids.

Il y a une quinzaine d'années, 80 p. 100 des Américaines découvraient le monde des régimes amaigrissants dès l'âge de 14 ans; en 1987, une étude californienne révélait que 80 p. 100 des fillettes de 9 ans en avaient déjà suivi un.

Danielle Bourque, À 10 kilos du bonheur

En cette époque où l'inflation a pris des proportions alarmantes, où la menace d'une guerre nucléaire apparaît comme un danger sérieux, où la criminalité est à la hausse et où le chômage constitue un phénomène persistant, on a demandé à 500 personnes, lors d'un sondage, ce qu'elles craignaient le plus au monde, et 190 ont répondu que leur plus grande peur était de grossir.

Kim Chernin, The Obsession - Reflections on the Tyranny of Slenderness

Vignette

Même si les ateliers pour La course à la minceur sont déjà commencés, il sera peut-être possible de constituer un second groupe selon la demande, souligne Louise Saint-Amand, interne en psychologie.