Changer de pays, changer de vie

Quelles sont les stratégies de reconstruction identitaire qu'utilisent les femmes immigrantes en région dans le domaine du travail, de la famille et de la santé?

C'est à cette grande question que tentera de répondre le Collectif de recherche sur les femmes et le changement (CRFEC) au cours des prochains mois. Bénéficiaire d'une subvention du Conseil québécois en recherche sociale, le CRFEC a commencé sa recherche en mai dans la région de l'Estrie.

<<Notre équipe de terrain est elle-même composée de femmes immigrantes qui nous ont ouvert leur propre réseau, explique Michèle Laaroussi, professeure à la Faculté des lettres et sciences humaines et responsable du dossier. C'est ainsi que nous avons des contacts avec les quatre plus importantes communautés de la région : le groupe latino, le groupe asiatique, les gens d'Europe de l'Est et le groupe arabo-musulman.>>

L'équipe de recherche a d'abord constitué un échantillon typique de 30 femmes en tenant compte du statut juridique, de l'âge, de la date d'entrée au pays, du statut familial, de la scolarité, de la langue d'origine, de la langue parlée au Québec, etc. Depuis le mois d'octobre, Maria Élisa Montejocoordonne le projet. Ainsi, Maryse Grondin, Thi Nhu Tran, Touriya El Moutaouakil, Sabina Patriciu et Aida Arasquito ont rencontré chacune cinq femmes avec lesquelles elles ont eu deux entrevues.

<<Au cours de la première rencontre, chaque femme interviewée a été invitée à tenir durant deux jours un journal de bord et à y noter toutes ses activités de la journée, ajoute Michèle Laaroussi. Ceci nous permettra de déterminer le type d'activités auxquelles s'adonne la femme immigrante.>> À partir d'historiettes qui décrivent des situations mettant en cause diverses valeurs, les participantes sont ensuite invitées à prendre position, à concilier leurs valeurs avec celles de la société québécoise. Enfin, le traçage d'une carte du réseau de relations permet aux chercheuses de voir quelles sont les personnes les plus importantes pour les immigrantes.

Une deuxième série de rencontres est prévue avant la fin de mars. En entrevue semi-directive, l'intervenante part du quotidien actuel de la femme immigrante pour ensuite revenir en arrière. Le CRFEC pourra ainsi établir des comparaisons entre la vie de l'immigrante dans son pays d'origine, celle qu'elle a menée dans le pays transitoire avant de s'établir au Québec, et enfin celle qu'elle mène en Estrie.

Le groupe de recherche a déjà commencé à analyser les résultats des entrevues. Il compte aussi établir un parallèle entre la perception que les femmes immigrantes ont des réseaux officiels et celle que les organismes publics ont de cette clientèle. Les résultats de la recherche devraient être connus à l'automne. <<Les femmes immigrantes sont actrices dans leur vie, conclut Michèle Laaroussi. Si on le leur permettait, elles pourraient jouer un rôle important dans la vie de la communauté estrienne, mais le système tend plutôt à les renvoyer dans le non-officiel.>>

Hélène Goudreau

Vignette

L'équipe de recherche est composée de Monica Viana, Maryse Grondin, Michèle Laaroussi, Thi Nhu Tran, Maria Élisa Montejo, Diane Lessard, Touriya El Moutaouakil et Sabina Patriciu. Aida Arasquito était absente au moment de la prise de photo.