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Rester près de maman plus longtemps est bénéfique pour les petits kangourous

Mère kangourou et sa fille, âgée de 13 mois.  Elles ont passé plus de 90% de leur temps ensemble lorsque la jeune avaient entre 10 à 21 mois. Elle a été sevrée à l'age de 18 mois et a survécu au moins jusqu'à l'âge de 7 ans.

Mère kangourou et sa fille, âgée de 13 mois.  Elles ont passé plus de 90% de leur temps ensemble lorsque la jeune avaient entre 10 à 21 mois. Elle a été sevrée à l'age de 18 mois et a survécu au moins jusqu'à l'âge de 7 ans.


Photo : Wendy J. King

Qui n’a jamais souri en admirant une photo d’un jeune kangourou dans la poche de sa mère? Cette relation privilégiée est un symbole maternel qui marque l’imaginaire. Mais, la relation entre la mère kangourou et son petit va beaucoup plus loin que la sécurité de la poche de maman. En effet, selon une large étude comportementale menée sur les kangourous gris par les universités de Sherbrooke, de Melbourne et du Queensland en Australie, les jeunes kangourous qui passent plus de temps avec leur mère ont plus de chances de survivre dans la nature que d’autres kangourous du même âge, même après être sorti de sa poche.

« Notre étude démontre que les jeunes kangourous qui ont définitivement quitté la poche de leur mère après de longs mois de cohabitation survivent plus longtemps s’ils sont en contact avec leur mère, et ce,  même après avoir été sevrés », commente Wendy King, Ph.D., professionnelle de recherche dans l’équipe de Pr Marco Festa-Bianchet et chercheuse principale de cette étude.

Les kangourous sont des animaux grégaires. Ils se nourrissent habituellement en groupe de trois ou quatre, possiblement pour se protéger des prédateurs.  Ces groupes sont très fluides, le même kangourou peut se trouver dans plusieurs petits groupes au cours d'une même journée.  Plutôt que de former des liens entre les femelles, les mères kangourou préfèrent rester proches de leurs petits. Une femelle kangourou peut enfanter un petit par année. Après 10 mois, les jeunes kangourous sortent définitivement de la poche de leur mère, mais continuent de s’allaiter. Le sevrage se fait entre 18 et 23 mois.

Wendy King et ses collègues ont étudié une population de 129 jeunes kangourous de 10 à 21 mois, sur une période de 6 ans. Mères et bébés ont été identifiés et observés méticuleusement, notamment en considérant la distance qui sépare la mère et son petit. On considère qu’un jeune est « avec » sa mère s’il est à moins de 10 mètres d’elle ou d’un groupe dont elle fait partie.

« Nous avons également confirmé, à travers nos mesures, que plus le jeune kangourou passe du temps près de sa mère, plus il sera gros et grand, ajoute King. Je soupçonne que ce qui explique ce phénomène est que les petits qui sont plus près de leur mère subissent moins de dérangements ou d’agressions de la part des autres femelles adultes et peuvent donc consacrer plus de temps à s’alimenter. Ces autres femelles peuvent grogner ou encore griffer les jeunes qui ne sont pas les siens s’ils s’approchent trop. »

Bien qu’il semble plus prudent pour un jeune kangourou de rester près de sa mère, les comportements varient beaucoup d’un individu à l’autre. Alors que certains d’entre eux restent plus proches de leur mère, d’autres la délaissent pour de plus longues périodes de temps, ne la côtoyant que 20 % de leur temps. Les jeunes kangourous mâles en général sont plus aventureux que les jeunes femelles et passent moins de temps avec leur mère.

Pr Marco Festa-Bianchet est d’avis que le fait que les mères kangourou jouent un rôle si important dans la vie et la survie de leurs jeunes est un facteur important dans la conservation et la gestion des populations de kangourous. «  L’apport de la mère dans la santé des jeunes est pertinent dans la conservation de ces espèces, puisque cela présuppose que lorsque les mères sont tuées par accident ou même abattues, la survie des jeunes est affectée ».

Cette étude sur les kangourous a été publiée dans la revue Behavioral Ecology and Sociobiology. Si plusieurs études ont déjà fait la lumière sur les liens mères-petits et la survie et la condition de la progéniture, c’est la première fois qu’une telle étude a été faite sur des marsupiaux.


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