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Diète méditerranéenne : les vertus de l’huile d’olive

Le professeur Abdel Khalil

Le professeur Abdel Khalil


Photo : Michel Caron (archives)

Une équipe du Centre de recherche sur le vieillissement affilié à l’UdeS vient de démontrer l’effet bénéfique d’une diète de type méditerranéenne sur le cholestérol sanguin. Après 12 semaines d’une diète à base d’huile d’olive, les participants ont vu leur «bon» cholestérol (HDL) éliminer mieux et plus vite le mauvais cholestérol (LDL). Les résultats de ces travaux dirigés par le professeur Abdel Khalil, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, sont publiés dans la revue scientifique British Journal of Nutrition.

Le cholestérol est essentiel pour l’organisme : notre corps en a besoin pour transformer des hormones, pour structurer et stabiliser les membranes des cellules. Nous avons tous entendu qu’il existe un «bon» et un «mauvais» cholestérol. Le bon cholestérol, c’est le HDL, parce qu’il transporte les excès de cholestérol vers le foie pour qu’il soit rejeté du corps; le mauvais, c’est le LDL, le cholestérol transporté des intestins vers les différentes cellules du corps, dont les macrophages (ou cellules du système immunitaire).

Quand il y a trop de cholestérol LDL, les cellules macrophages vont se charger de ce cholestérol et vont s’accumuler sur la paroi des artères pour former des plaques. À la longue, ces plaques vont se calcifier et induire un rétrécissement des artères. Ces plaques peuvent aussi se détacher et provoquer un accident vasculaire-cérébral (AVC) ou un infarctus du myocarde. Or plus on avance en âge, plus les risques de connaître un problème cardiovasculaire deviennent élevés.

Les scientifiques soupçonnent depuis longtemps que l’huile d’olive, au cœur de la diète méditerranéenne, a un effet bénéfique sur la santé parce qu’elle réduit le taux de cholestérol dans le sang : les populations autour de la Méditerranée rencontrent en effet moins de problèmes cardiovasculaires qu’ailleurs dans le monde… et ce n’est pas seulement dû au soleil ou au farniente!

L’équipe de recherche sur le stress oxydatif et l’athérosclérose dirigée par le professeur Khalil a cherché à comprendre ce mécanisme du côté de la biologie fondamentale. Quel est l’effet réel de l’huile d’olive sur le taux de cholestérol dans le sang? Et comment cela se manifeste-t-il?

Pour cette recherche, 60 patients âgés entre 25 et 83 ans, tous en bonne santé, ont accepté de prendre 25 millilitres d’huile d’olive extra vierge à l’état cru, chaque jour durant 12 semaines, sans changer leur diète quotidienne. L’apport d’huile d’olive n’a entraîné aucun surpoids chez les participants, mais en revanche, les analyses sanguines prises avant et après l’expérience ont montré un effet au niveau de la composition sanguine.

Plus vite et mieux

En tout premier lieu, l’équipe du professeur Khalil a extrait des HDL du plasma des patients, ainsi que des cellules macrophages. Ils les ont mis en culture pour mesurer l’interaction entre les HDL et ces cellules. Bilan? Après 12 semaines de consommation d’huile d’olive, les HDL ont significativement augmenté leur capacité de transporter le cholestérol excédentaire. «Ce qui est intéressant, note Abdel Khalil, c’est que leur capacité augmente même si leur concentration n’est pas plus importante dans le sang.» Autrement dit, il n’y en a pas plus, mais ils travaillent mieux.

L’équipe de recherche a également montré qu’à la fin des 12 semaines de diète, les cellules elles-mêmes possédaient plus de récepteurs sur leur membrane extérieure pour s’accrocher au HDL, ce qui explique la meilleure interaction HDL-cellules. La différence est importante : cette capacité de faire «clic» pour se laisser entraîner a quintuplé!

«Si l'on compare le HDL à un train, dit Abdel Khalil, c’est comme si nous avions montré que le train (HDL) allait plus vite, mais aussi que le chargement de chaque wagon se faisait plus rapidement (récepteurs).»

De nouvelles recherches

Ce qui rend l’huile d’olive extra vierge aussi intéressante, c’est sa concentration en polyphénols, une substance que l’on trouve également dans plusieurs fruits et légumes. L’équipe du professeur Khalil a mené une autre expérience : elle a concocté, en laboratoire, une soupe scientifique de cellules et de polyphénols extraits directement des huiles d’olive. Résultat? Le nombre de récepteurs membranaires des cellules a augmenté, une preuve sans appel de l’effet direct de l’huile d’olive sur la capacité des cellules à mieux se fixer au HDL.

«Cette étude a été faite sur des gens en bonne santé, dit Abdel Khalil. Pour la suite, nous aimerions la reproduire avec des gens souffrant d’un problème de cholestérol.» Le chercheur voudrait aussi voir si l’effet de l’huile d’olive dans le sang change avec l’âge des patients, y compris pour les personnes âgées.

D’autant qu’il reste d’autres mystères à élucider : les HDL jouent un rôle protecteur contre les maladies cardiovasculaires. Or l’analyse des données de certaines études montre que 44 % des gens qui ont eu un problème cardiaque avaient un niveau normal de HDL. Qu’est-ce qui a empêché leur HDL, le bon cholestérol, de fonctionner adéquatement? Cela a-t-il un lien avec le vieillissement?


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